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Préparer le prochain Plan hiver

Ce 22 juin, la Cocom organisait un colloque intitulé « l’urgence de l’urgence sociale ». Objectif : évaluer le Plan hiver à Bruxelles et en tirer lesconclusions pour l’année prochaine.

03-07-2010 Alter Échos n° 298

Ce 22 juin, la Cocom organisait un colloque intitulé « l’urgence de l’urgence sociale ». Objectif : évaluer le Plan hiver à Bruxelles et en tirer les conclusionspour l’année prochaine.

Directeurs de maison d’accueil, assistants sociaux de première, deuxième ou troisième ligne, chercheurs et politiques étaient nombreux dans l’hémicycle duparlement bruxellois pour discuter de l’urgence sociale. Ils étaient invités par les ministres chargées de la politique d’Aide aux personnes à la Cocom –Brigitte Grouwels (CD&V)1 et Évelyne Huytebroeck (Écolo)2 – à évaluer le dispositif hivernal bruxellois. Un sujet polémique.

Depuis 2006, la gestion du Plan hiver est confiée au Samu social. Cette année, durant la saison froide, quelque cinq cents personnes ont été hébergéeschaque jour. Pour les travailleurs du Samu social, il est humainement inacceptable qu’une personne à la rue se voie refuser un lit. « Le Samu social prend en charge les plus exclus, ceuxqui sont trop désocialisés pour trouver place dans d’autres dispositifs », fait valoir la directrice, Pascale Pereita. À l’opposé, les autres acteurs dusecteur affirment que l’on peut ouvrir autant de lits que l’on veut, il y aura toujours quelqu’un pour les occuper tant que l’on ne renforce pas les dispositifs permettant aux personnes de sortir deleur situation durablement. Sans parler de « l’effet d’appel d’air » et des villes qui se renvoient les sans-abri à coup de tickets de train offerts.

Deux visions divergentes et une enveloppe budgétaire limitée, les ingrédients étaient réunis pour un débat pimenté !

Lionel Thelen, chercheur à l’European research council agency, a démontré que le sans-abrisme peut être conçu comme le résultat d’un processus dont lesracines remontent à des problèmes affectifs vécus dans l’enfance. « Le SDF vit dans un rapport de défiance au monde et regagner sa confiance prend du temps »,souligne-t-il. Celle-ci, de toute évidence, ne se construit pas en distribuant de la soupe avec des bénévoles qui changent chaque saison. Mais tous les sans-abri ne se retrouventpas dans cette description psychologisante. Les participants s’accordaient à dire que le sans-abrisme est un phénomène de plus en plus multiforme : jeunes en décrochage,femmes, sans-papiers… Il importe de leur garantir un accueil en adéquation avec leur situation. Des femmes battues préfèrent souvent retourner dans leur foyer plutôt quede devoir dormir dans une caserne avec des SDF.

Bâtir la confiance et tenir compte de la diversité du public sont deux principes dont le Plan hiver ne peut faire l’économie, même pour palier au pluspressé, ont jugé les participants.

La crise de l’accueil à Fédasil a eu un impact considérable sur le Plan hiver 2009. Les demandeurs d’asile ont été nombreux àfrapper aux portes des dispositifs pour sans-abri. Brigitte Grouwels n’apprécie pas de payer la facture du Fédéral : « Je suis contre l’anonymat, il faut savoir quifrappe à la porte. Est-ce que le dispositif doit être ouvert à tous ? » Personne ne nie que le Fédéral doit prendre ses responsabilités. En revanche,faire le tri des personnes en situation de détresse semble difficilement tenable aux yeux des acteurs de terrain.

Exemples flamands et wallons

Christine Maegh a présenté le Plan hiver coordonné par le CPAS d’Anvers. Puis, ce fut au tour de Suzanne Huygens du Relais social de Charleroi de présenter ledispositif wallon coordonné par les relais sociaux. Cette dernière a habilement démontré comment la collaboration entre service public et associatif avait permis de faireface aux imprévus.

Wallons comme Flamands ont parlé comités de pilotage, rapports, évaluation, communication… Les Bruxellois se sont étonnés de n’avoir rien vu de telsur leur territoire. Les questions ont fusé au cours des ateliers de l’après-midi : existe-t-il des statistiques précises pour évaluer le Plan hiver bruxellois,pourquoi les autres acteurs du secteur n’ont-ils pas été consultés, quel est l’objectif exact de ce plan et qui en a décidé ?

Puisque c’était quand même l’objectif de la journée, des propositions constructives ont été mises sur la table : mettre en place un processusd’évaluation basé sur une connaissance statistique, organiser une coordination souple pour s’adapter aux impondérables, renforcer l’accueil de jour parallèlementà l’hébergement de nuit, etc. Et comme l’urgence sociale n’est pas quelque chose que l’on peut goupiller dans l’urgence, préparer le prochain Planhiver dès à présent.

Ce dernier message a été entendu par les politiques qui ont fixé rendez-vous au secteur pour une nouvelle rencontre à la rentrée.

1. Cabinet de Brigitte Grouwels :
– adresse : bd. Saint-Lazare, 13 à 1210 Bruxelles
– tél. : 02 517 13 33
– courriel : info@grouwels.irisnet.be
– site : www.brigittegrouwels.com
2. Cabinet d’Évelyne Huytebroeck :
– adresse : rue du Marais, 49-53 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 517 12 00
– courriel : info@huytebroeck.irisnet.be
– site : www.evelyne.huytebroeck.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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