Huit adolescents autistes sur dix sèchent régulièrement les cours à cause du stress et mettent leur scolarité en péril. Pourtant, selon unespécialiste, il ne serait pas difficile de résoudre le problème.
Se déplacer jusqu’à l’école, faire des devoirs (sans parler de devoir passer des examens) : pour un adolescent autiste, beaucoup de rendez-vous récurrents avecl’école sont source de stress. Trop de stimuli, trop d’imprévus. « J’avais l’impression que l’absentéisme des jeunes autistes augmentait », souligne Hilde Meganck,spécialiste de l’autisme du réseau d’enseignement de la Communauté flamande.
Elle sait de quoi elle parle : son fils est atteint d’autisme et a connu une soudaine phase de décrochage scolaire à l’âge de quatorze ans. Normalement doué pour lesétudes, il était passé de l’enseignement spécial en primaire à l’enseignement général en secondaire. Mais en deuxième année, la chargede travail est d’un coup devenue trop lourde pour lui. Un matin, il n’a plus voulu aller à l’école et a commencé à fortement régresser, n’arrivant même plusà s’exprimer par phrases entières. Le réapprentissage a été long et laborieux et il n’a jamais pu réintégrer son ancienne école. Il estaujourd’hui retourné dans l’enseignement spécial, où les classes beaucoup moins peuplées lui conviennent mieux mais où « intellectuellement, il reste un peusur sa faim ».
Enquête
Forte de cette expérience, Hilde Meganck a collecté des informations (www.hildemeganck.be) sur 375élèves autistes parmi les 6 000 jeunes concernés que compte la Flandre. Elle a communiqué les résultats de cette enquête au cabinet de Pascal Smet (SP.a), leministre flamand de l’Enseignement, dans l’espoir que celui-ci se penche sur la question.
L’enquête montre que 219 élèves se sont déjà absentés un ou plusieurs jours pour cause de stress. Pour certains, la situation est grave : 38 ontété absents pendant plusieurs mois, 20 ne vont plus à l’école que pour des demi-journées et 30 ne la fréquentent plus du tout bien qu’ils soient toujourssoumis à l’obligation scolaire. L’âge critique tourne autour de 16-17 ans. 80 % des adolescents autistes de cette tranche d’âge sont régulièrement absents. « Lacombinaison de la puberté, de la plus grande pression scolaire et de la plus grande autonomie qui est exigée d’eux est lourde à gérer pour eux », constate HildeMeganck.
Ce qui est frappant, c’est que plus le QI de ces jeunes est élevé, plus ils sont susceptibles de s’absenter pour cause de stress. Les symptômes : maux de tête, maux deventre, nausées, fatigue et tendances dépressives.
Ce que les parents constatent, c’est que si l’offre est relativement suffisante dans l’enseignement spécial, les structures d’accueil spécialisées pour enfants autistesnormalement doués ou même surdoués font quant à elles défaut. Les budgets manquent pour ce type d’enseignement intégré et par conséquent, ce quepréconise pour l’instant Hilde Meganck, c’est de mieux tenir compte dans les écoles ordinaires des besoins spécifiques des élèves autistes.
Pour ce type d’élève, il est très stressant par exemple de devoir se déplacer d’une classe à l’autre au milieu de la bousculade de l’intercours. Pourquoi ne pasleur permettre de le faire quelques minutes après les autres ? Manger au réfectoire avec les autres peut être aussi une source de stress. Un local calme pourrait êtreprévu pour que ces élèves puissent se retirer quelques minutes, y compris au milieu d’un cours si nécessaire. Les enseignants devraient aussi mieux connaître lesspécificités et donc les dossiers de ces élèves et être formés pour comprendre à quel point ces adolescents peuvent facilement êtresubmergés par leurs émotions.
D’après De Morgen et De Standaard