Les locataires en première ligne
Les locataires sont les plus vulnérables en matière de précarité énergétique. Une situation confirmée par plusieurs études. D’après EU-SILC (European Union Statistics on Income and Living Condition), 62% des Bruxellois sont locataires. Toujours selon cette enquête, la part de la population vivant dans un logement “inadéquat”, c’est-à-dire ayant soit des fuites dans la toiture, soit de la pourriture dans les châssis de fenêtre ou le sol, s’élève à 26% à Bruxelles contre 12% en Flandre et 19% en Wallonie. En outre, 6% des Bruxellois ne parviennent pas à chauffer convenablement leur logement.
"A Bruxelles, le marché locatif est très tendu, reprend Sandrine Meyer. Les locataires n’osent pas 'déranger' les propriétaires de peur de mal se faire voir". Paradoxalement, ce ne sont pas les logements en mauvais état qui sont toujours les moins chers. "Le prix des logements de piètre qualité, souvent des passoires énergétiques, est souvent très onéreux, lance Marilène De Mol, coordinatrice du Réseau Habitat, qui rassemble neuf associations bruxelloises de rénovation urbaine. Car il existe une grande concurrence pour ces logements qui acceptent des étrangers, des populations précaires".
A côté du marché locatif privé, les locataires de logements sociaux sont particulièrement touchés selon le baromètre de la Fondation Roi Baudouin. La précarité énergétique touche en effet 41% des ménages locataires d’un logement social, contre 31,6% pour les locataires du parc privé. A Bruxelles, l’offre de logements sociaux d’ailleurs reste trop faible (40.000 logements) avec 7% du nombre total de logements dans la région par rapport à la demande (48.000 ménages) et par rapport aux besoins (environ 280.000 ménages dans les conditions pour prétendre à un logement social).
Témoignage d’une locataire en difficulté
Des femmes surreprésentées
Autre constat : la surreprésentation des femmes dans ces ménages vulnérables à la précarité énergétique. La compilation des moyennes belges permet d’observer que 16,4% des femmes vivent dans une précarité énergétique, contre 13,7% des hommes.
Car, à côté de la précarité, une des grandes constantes dans le mal-logement est un parc immobilier inadapté aux réalités sociales et financières des ménages, à l’instar des familles monoparentales qui, entre 1991 et 2014, ont vu leur nombre augmenter de 51%. "83% des chefs de familles monoparentales sont des femmes", indiquait Julie Gillet en 2017 dans une étude consacrée au mal-logement féminin. "Les femmes monoparentales sont rarement propriétaires de leur logement", poursuit-elle. "Louer un bien ne leur est pas facile non plus, surtout à Bruxelles. Les femmes monoparentales occupent plus souvent des logements moins confortables, plus petits, de moins bonne qualité et proportionnellement plus chers que la moyenne. D’une manière générale, les familles monoparentales sont celles qui rencontrent le plus de difficultés de logement, qui se déclarent le plus insatisfaites de leur logement et qui manifestent le plus leur envie de déménager".