Après 18 mois d’audit et de travail, Randstad Belgique vient d’obtenir sa certification SA 8000 – SA pour « social accountability » – des mains du groupe SGS(Société générale de surveillance, auditeur international)1. Que signifie une telle certification pour une entreprise belge, un des leaders du marché del’intérim en Belgique?
Garantir les normes de base des conditions de travail
À ce jour, la norme SA 8000 a surtout joué les garanties contre le travail des enfants pour des multinationales sous-traitant leur production industrielle dans les pays du Sud.Aujourd’hui, la certification de Randstad innove par sa primeur sur le marché belge. Mais, au-delà, quel but poursuit l’entreprise? « La “Social accountability” est laseule norme internationale reconnue pour l’éthique, explique Eddy Annys, directeur marketing de Randstad. L’objectif est de reconnaître au mieux les conditions de travail pour lesparties concernées. » Soit, est-ce suffisant? D’autant que la norme SA 8200 se préoccupe principalement de normes basiques: travail des enfants, travail forcé, lareprésentation syndicale, la santé et sécurité des travailleurs, la discrimination, la rémunération… Des notions cruciales, mais peu remises en causedans les entreprises belges, a fortiori de grande envergure. « Mais on ne sait jamais », ajoute le porte-parole de Randstad, soucieux d’offrir un profil impeccable. « C’est pourquoinotre charte éthique exige, par exemple, de vérifier l’âge de tous les candidats intérimaires et notre système informatique est configuré pour interdire laréalisation d’un contrat en dessous de l’âge légal. »
SA 8000 et l’intérim
Pour autant, la norme SA 8000 porte-t-elle sur les enjeux du contexte socioéconomique spécifiquement occidental? Remise en contexteý Le dernier rapport annuel de laFédération des entreprises d’interim, Federgon, confirme la pénétration croissante de ce secteur sur le marché du travail. Dans les faits, l’intérim palliela recherche de main-d’œuvre par les entreprises, la sélection, les tâches de gestion de ressources humaines, parfois d’une frange de travailleurs peu qualifiés. Autrementdit, l’intérim permet d’externaliser la gestion sociale. Dans les faits, l’intérim contribue à augmenter la flexibilité de l’emploi. Autant d’éléments quiréorganisent les relations de travail. Tous ces éléments ne semblent pas relever des audits SA 8000.
Discrimination et sécurité
D’après SGS, l’audit a permis d’identifier deux « points noirs » chez Randstad: la discrimination, qui est décodée comme provenant d’une pression commerciale desclients (entreprises), et la sécurité des intérimaires sur les lieux du travail, vu le taux de fréquence relativement élevé d’accidents du travail. Cesrésultats ressortent, entre autres, d’un audit auprès de sept agences (sur près de 170) et de la consultation de quelques acteurs concernés (« takeholders »),principalement flamands, tels que le VEV (fédération patronale), Vitamine W (un gros opérateur d’insertion associatif anversois), ACV (syndicat CSC). « À ladifférence d’ISO 9000, l’audit SA 8000 autorise des entretiens confidentiels », explique Geert D’Haese, directeur de SGS Belgique, le certificateur présent aux côtésde la direction de Randstad, soucieux de répondre à une critique sur la durée de l’audit, soit 12 jours pour une entreprise comptant plus de 900 collaborateurs fixes sans compterles 19000 intérimaires.
« Un audit est une photo de l’entreprise à un moment donné », rappelle Geert D’Haese sans s’étendre sur la pertinence des indicateurs de la SA 8000 pour lesentreprises belges. « L’éthique reste une question d’appropriation par chaque personne, ajoute Eddy Annys de Randstad. Le management donne le ton, mais c’est le staff qui l’applique dansle quotidien. » Reste à poursuivre le travail d’audit avec les 250 fournisseurs.
1 Randstad Belgium, site Web: http://www.randstad.be, tél.: 02 474 63 59. SGS, site Web: http://www.sgs.com,tél.: 03 545 48 48. Sur la norme SA 8000 : http://www.sa-intl.org
Archives
"Première belge : Randstad obtient un certificat SA 8000. A quelle fin ?"
serge
24-06-2002
Alter Échos n° 123
serge
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