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"Premiers résultats du "Plan de printemps"… ou de l'activation du minimex en général ?"

23-04-2001 Alter Échos n° 96

Le 22 mars 2000, le gouvernement fédéral lançait sous la responsabilité du ministre Vande Lanotte le « Plan de printemps ». Ce 19 avril, le ministre Vande Lanotte tenaitune conférence de presse pour en annoncer les premiers résultats1.
Le plan annonçait ses objectifs : diminuer de 33% en cinq ans le nombre de bénéficiaires du minimex et de l’aide sociale. Le volet 3, intitulé « L’État socialactif », doit permettre de doubler dans le même terme le nombre de mises au travail par les CPAS au moyen de l’activation du minimex ou de l’aide sociale.
Aujourd’hui, il apparaît que de janvier 1999 à janvier 2001 (soit de 15 mois avant l’annonce du plan à 9 mois après),
n le nombre de bénéficiaires du minimex a baissé de 12,5% (soit 72.910, soit – 10,3%)2,
n le nombre d’allocataires des CPAS au travail3 a augmenté de 59,2% (soit 7.751 personnes, soit +31,7%),
n le nombre de minimexés « activés » serait donc passé de un sur cinq à un peu moins d’un sur dix4.
Quelques points particuliers sont aussi à souligner.
> Les étrangers bénéficiaires de l’aide sociale, « un groupe cible pour le futur », affirme le ministre, sont en légère croissance : de 6.075 à 6.339.
> Le ministre ne donne pas de chiffres quant à leur accès aux mesures de mise au travail.
> Pour ce qui est de l’intérim d’insertion, les huit premières sociétés à avoir signé une convention avec l’État fédéral avaient au30 mars engagé 293 bénéficiaires du minimex ou de l’aide sociale.
> On ne dit pas quelle proportion des mises au travail sont à plein temps ou à temps partiel, ni quelle proportion des allocataires bénéficient d’allocationscomplètes ou de compléments.
> Les contrats art. 60§7 au bénéfice d’entreprises d’économie sociale d’insertion ne rencontrent encore que peu de succès.
Le ministre attribue une partie de la baisse du nombre de minimexés à l’augmentation des allocations d’attente des jeunes demandeurs d’emploi, et à l’augmentation du revenuminimum des personnes âgées. « On peut y ajouter toutes les mesures qui encouragent la mise au travail », conclut-il.
Dans l’attente des données administratives, il n’est cependant pas évident qu’il s’agisse déjà de « résultats » du Plan de printemps, ont fait remarquer plusieursobservateurs. De fait, les calculs portent sur une période dont les 5/6 de la longueur se sont écoulés avant que les textes nécessaires ne sortent au Moniteur (enaoût 2000). Yvan Mayeur, président du CPAS de Bruxelles, voit plutôt dans ces chiffres l’effet de mesures adoptées sous la législature précédente. « Le’Printemps’ du ministre n’est pas encore entré en vigueur dans nos CPAS », déclarait-il sur les antennes de la Première (RTBF) le 20 avril. Il fait en particulierréférence aux primes régionales instituées en Wallonie par le ministre Taminiaux5… système que les CPAS bruxellois verraient bien repris par leurRégion.
Le minisre Vande Lanotte rétorquait aussitôt : 3/4 des mises au travail annoncées sont l’effet direct du Plan de printemps. Et d’annoncer son prochain chantier : uneréforme complète de la loi sur le minimex.
1 Cab. : rue Royale 180 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 210 19 11, fax : 02 217 33 28.
2 Les chiffres de 2001 sont une extrapolation à partir d’un comptage effectué sur 61 CPAS. De plus – attention! –, la plupart des médias ont relayé àtort ces chiffres comme des variations sur la seule année 2000…
3 Toutes mesures d’activation confondues : contrat art. 60§7, contrat art. 61, intérim d’insertion, Emploi service, PTP et plan d’embauche.
4 Attention : le cabinet précise par ailleurs que le statistiques sur la mise au travail ne permettent pas de faire la différence entre bénéficiaires du minimex et del’aide sociale…
5 Il est vrai que le nombre de contrats art. 60§7 augmente nettement plus en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre (+44,7% et +78,8% en deux ans, contre +14,8%).

Thomas Lemaigre

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