Comme prévu, les premiers titres, délivrés dans le cadre du dispositif de validation des compétences, ont été remis à leurs seize premierstitulaires le 17 octobre dernier à Bruxelles en présence de Françoise Dupuis, et cinq autres titres ont été envoyés par la poste. L’occasion d’un coup desonde sur ce qu’en disent les premiers concernés : des bénéficiaires de la validation des compétences…
C’est un « cap symbolique » qui vient d’être franchi par le « consortium » d’institutions publiques (Forem, Bruxelles-formation, Promotion sociale etIfapme-SFPME)1 en charge de mettre en œuvre la validation des compétences. Pour la première fois, 21 personnes ont reçu des « titres de compétences» dans les métiers de maçon, d’aide-comptable ou de mécanicien d’entretien. Notons que ces titres ne portaient que sur une partie du métier, chacun étantdivisé en, plus ou moins, trois grandes macrocompétences, qui nécessitent chacune de passer une épreuve, à l’issue de laquelle un titre estdélivré.
Compétences latentes
Pour marquer le coup, ces premiers titulaires ont reçu leur titre des mains de la ministre bruxelloise Françoise Dupuis2. Pour cette dernière, « faireémerger des compétences latentes, et donc le potentiel d’insertion ou de progression professionnelle, est particulièrement important pour les personnes les moinsqualifiées ». Au travers de son accès et du choix d’un métier dans lequel on peut valider des compétences, le système de validation donne en effet lapriorité aux personnes dépourvues de diplôme officiel, aux demandeurs d’emploi et/ou porteurs d’une compétence non reconnue.
Mais il est prévu que la validation soit accessible à tout citoyen de plus de 18 ans. La ministre en charge de la Formation professionnelle francophone bruxelloise a d’ailleursajouté que « le dispositif devra bien sûr s’ouvrir à d’autres publics, notamment aux travailleurs âgés, particulièrement mis en avant parl’actualité ».
Deux témoignages
Parmi les seize « pionniers » du dispositif, Zheyna Dinolova explique qu’elle a passé (et réussi) l’examen d’aide-comptable sur la macrocompétence «relations avec les fournisseurs ». D’origine bulgare, elle n’a pas pu faire reconnaître le diplôme en économie acquis dans son pays mais elle a suivi une formation decomptable au Forem à Mons. « Sans cette validation, je n’aurais rien qui prouve que je maîtrise les différents aspects de ce métier. »
Pour elle, l’avantage est qu’on « ne doit pas suivre de cours au préalable » : « seul un examen suffit » et les démarches administratives qui l’accompagnentsont « très simples et très claires ». Zheyna Dinolova estime que l’examen « correspond aux réalités de terrain : ni trop simple ni trop compliqué». Ce que semble démontrer le taux de réussite actuel de 70 %.
L’expérience professionnelle, l’acquis de terrain semble bien au coeur des épreuves de validation, et même nécessaires à leur réussite. Ainsi, pourexécuter les tâches demandées à l’examen de mécanicien, « il fallait connaître quelques ficelles très particulières du métier», précise un autre lauréat, Mario Turco. Diplômé en mécanique, il a travaillé pendant dix ans dans le bâtiment avant d’être engagéà la SNCB où les compétences doivent être reconnues pour « progresser dans le métier ».
Point de comparaison
En France, le système de validation des acquis de l’expérience mis en place depuis 1992, avec des moyens bien plus importants mais un succès longtemps mitigé, a permis, en2004, à 17.000 personnes d’obtenir une reconnaissance de leurs compétences, un nombre qui a doublé par rapport à 2003.
Premiers agréments
Les personnes qui se sont vu remettre le titre ont été recrutées dans les trois centres de formation qui ont été reconnus comme centres de validation descompétences3. C’est également Françoise Dupuis qui leur a remis leur agrément (obtenu suite à un audit très strict).
Un quatrième centre est en cours d’agrément4 et onze autres centres sont candidats pour fin 2005. Parmi ces derniers, c’est essentiellement le Forem qui estreprésenté. Les compétences relatives à onze métiers devraient pouvoir être validées fin 2005, date à laquelle le dispositif devrait sortir desa période de « rodage ». Prochain bilan en 2006, quand une trentaine de métiers seront concernés.
1 Consortium : rue de Stalle, 67 à 1180 Bruxelles – tél. : 02 371 74 40 – site duConsortium
2 Cabinet : boulevard du Régent, 21-23 à 1000 Bruxelles – tél. :02 506 33 11 – site de la ministre
3 Forem Formation à Mons (aide-comptable), le Centre de formation professionnelle aux métiers de la construction de Bruxelles-formation (maçon), le Centre de validation descompétences de l’Enseignement de Promotion Sociale de Liège
(mécanicien d’entretien).
4 Epicuris à Villers-le-Bouillet (Découpeur-désosseur), le Centre de compétences « des métiers de bouche ».