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Regard critique · Justice sociale

Migrations

Primo-arrivants bruxellois: un parcours d'accueil obligatoire pour les parents d'enfants scolarisés ?

À Bruxelles, le parcours d’intégration reste facultatif.

 La CGSLB plaide pour le rendre «obligatoire» auprès des primo-arrivants dont les enfants sont en âge de scolarité. Une fausse bonne idée?

05-09-2014
© Flickr

Les déclinaisons du parcours d’intégration existent dans de nombreux États européens. Chez nous, la Flandre a son «inburgering». La Wallonie, son «parcours d’accueil». Et la Région de Bruxelles-Capitale n’est pas en reste, puisqu’en juillet 2013, la Cocof a adopté un décret mettant en place son propre parcours d’accueil. Il est accessible, gratuitement, aux étrangers légaux qui séjournent dans la capitale depuis moins de 3 ans. Soit environ 100.000 étrangers non-européens.

Pour l’instant, il n’y a pas de caractère obligatoire du parcours bruxellois, ni pour le module d’accueil (information sur les droits et devoirs, bilan social), ni pour l’apprentissage des langues nationales. Seule une ordonnance de la Cocom peut instaurer une quelconque obligation aux primo-arrivants à Bruxelles. Toutefois, le Collège de la Commission communautaire française prévoit la possibilité de définir des catégories de public prioritaire.

Une possibilité que vient titiller la Régionale Bruxelloise du Syndicat libéral CGSLB. Sa proposition? Rendre le parcours d’accueil obligatoire, et non-facultatif, aux parents – primo arrivants – qui ont des enfants en âge scolaire. Avec une priorité aux parents dont les enfants sont en troisième maternelle ou en première primaire.

«La situation des enfants de primo-arrivant est très particulière : leurs parents méconnaissent souvent le système scolaire, la langue d’enseignement, les règles de fonctionnement, explique Philippe Vandenabeele, secrétaire régional bruxellois de la CGSLB. Ces parents sont, de ce fait, confrontés à des freins dans leur rôle d’encadrement. Or, la scolarité de leurs enfants en dépend. Et à travers ça, leur intégration sociale, ainsi qu’à terme, leur intégration professionnelle.»

Parcours forcés ou choisis ?

Pour justifier ce choix, la CGSLB-Bruxelles se fonde sur le droit de l’enfant. «Si l’enfant a droit à l’enseignement, il a aussi droit à la qualité de l’enseignement. Et dans ce contexte, les parents doivent être conscients du rôle qu’ils ont à jouer», soutient Philippe Vandenabeele. Mais le caractère obligatoire, proposé par la CGSLB, n’entre-t-il pas en opposition avec l’idée même de citoyenneté ? «Nous avons conscience que l’idée est à contre-courant. Mais les écoles sont désarmées. Elles n’ont pas les moyens pour aller vers les parents qui ne connaissent pas la langue», affirme le secrétaire régional bruxellois. Et d’insister: «Dans son programme, la Fédération-Wallonie Bruxelles met l’accent sur le rôle des parents. Elle doit rester cohérente avec ses intentions. On ne négocie pas le droit de l’enfant!»

Du côté des opérateurs de l’intégration, on s’étonne d’une telle analyse. «S’appuyer sur les droits de l’enfant, c’est un raisonnement boiteux, estime Patrick Charlier, directeur-adjoint du Centre pour l’égalité des chances. Peu importe les catégories sociales, mais faire peser la responsabilité de la réussite scolaire sur les parents, c’est une forme de démission du rôle d’inclusion de l’école.» Enfin, l’enjeu de l’obligation du parcours continue à faire débat. «Les dernières études montrent qu’en Flandre, le coût du contrôle du caractère obligatoire s’avère disproportionné par rapport aux résultats, observe Patrick Charlier, directeur-adjoint du Centre pour l’égalité des chances. Par ailleurs, il y a surtout une obligation dans le chef des pouvoirs publics de financer en suffisance les parcours d’intégration, ce qui est loin d’être le cas à Bruxelles.»

Le parcours bruxellois francophone prévoit, en effet, l’agrégation de plusieurs bureaux d’accueil (BAPAs) devant s’occuper de l’accueil, de l’orientation et de l’accompagnement des primo-arrivants. Peu d’entre eux ont réellement été activés. Rappelons enfin qu’avant les élections, le gouvernement bruxellois s’était engagé à injecter progressivement 30 millions d’euros. De l’argent bien nécessaire, alors que 12.000 nouveaux primo-arrivants s’installent chaque année à Bruxelles.

Rafal Naczyk

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