Le parcours d’accueil des primo-arrivants a été adopté en commission du Parlement wallon. Comme prévu, ce parcours sera divisé en deux phases, dont une obligatoire. Les centres régionaux d’intégration seront au cœur du dispositif.
Après son adoption par le gouvernement wallon, le parcours d’accueil des primo-arrivants a été voté en commission du Parlement, à Namur, le 11 mars 2014. Selon Éliane Tillieux, ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances, ce parcours devrait concerner « 7 000 personnes par an ».
On connaît aujourd’hui les contours définitifs du dispositif. Il concernera tous les étrangers qui s’installeront en Wallonie… à l’exception des Européens, mais aussi des chefs d’entreprise ou des sportifs de haut niveau. Quant aux demandeurs d’asile, « ils pourront suivre le parcours, mais sur base facultative », nous informe Edwine Bodart, attachée de presse d’Éliane Tillieux.
La première phase du parcours sera obligatoire. Elle consistera principalement en un « bilan social » ou « premier accueil ». Le primo-arrivant sera convié dans les trois mois qui suivent son inscription à la commune, dans un centre régional d’intégration (CRI) pour faire le point sur sa situation. Une première information – très courte – sur ses droits et devoirs lui sera prodiguée. Petit bilan linguistique, identification des besoins – en matière de formation, d’emploi –, aide administrative et orientation seront au programme. S’il se soustrait à l’obligation de suivre cette première phase, il encourra une amende de 50 à 2 500 euros.
Vient ensuite la seconde phase, facultative, du parcours. Une formation à la langue française est proposée aux primo-arrivants ainsi qu’un module de formation à la citoyenneté et une orientation socio-professionnelle. On sait qu’une attestation de suivi devrait être distribuée à tous les participants qui auront au moins assisté à 80 % du programme. Un sésame qui pourrait s’avérer utile. « Ce type d’attestation pourra aider à accéder à la nationalité belge », explique Françoise Rondeau, présidente du dispositif de concertation et d’appui aux centres régionaux d’intégration. En effet, la récente loi sur la nationalité évoque comme critère d’obtention de la nationalité le fait d’avoir suivi des « cours d’intégration ».
Les CRI en première ligne
Au cœur de ce dispositif : les centres régionaux d’intégration. Ces derniers se sont préparés, via des dispositifs pilotes, à l’évolution de leurs missions. D’acteurs de seconde ligne, les CRI vont se muer en acteurs de première ligne, en contact direct avec des bénéficiaires. Ces centres se verront octroyer des moyens supplémentaires pour s’acquitter de leurs nouvelles missions. La ministre Tillieux affirme qu’un budget de 2,5 millions d’euros a été dégagé pour la mise en place des guichets d’accueil.
Que pensent les CRI de ce parcours ? Plutôt du bien, si l’on en croit Françoise Rondeau : « Dans l’ensemble, notre avis est favorable à ce texte, pour lequel nous avions donné notre avis au cabinet. » Bien sûr, tout n’est pas parfait. La présidente du Discri aurait préféré que la notion de primo-arrivant concerne tous les migrants… y compris les Européens. « Mais ils peuvent participer sur base volontaire », ajoute-t-elle. Même les points qui jadis pouvaient crisper les CRI, comme l’obligation du parcours, semblent désormais trouver grâce aux yeux de ces acteurs de terrain. « Certes, l’obligation n’a jamais fait de bons citoyens, développe Françoise Rondeau. Mais lors de nos expériences pilotes, nous avons réalisé combien ce parcours était important pour les primo-arrivants, qui se sentaient reconnus. Dans ce contexte, l’obligation peut être positive. » La présidente du Discri va même plus loin : « À mon avis, le volet apprentissage de la langue devrait être obligatoire. Mais les moyens ne sont pas là. »
Selon l’attachée de presse d’Éliane Tillieux, le parcours devrait être opérationnel avant la fin de l’année 2014.
En savoir plus
Alter Échos n° 367 du 14.10.2014 : Parcours d’accueil et nationalité : la collision
Alter Échos n° 374 du 20.01.2014 : L’intégration dernier CRI
Alter Échos n° 354 du 18.02.2013 : L’intégration, avec ou sans contrainte ?