En avril 2008, le Conseil des ministres décidait d’accroître la capacité carcérale via la construction de sept nouvelles prisons (Masterplan) parmi lesquelles un projet de mégaprison à Haren (18 hectares, 116.137 m2 hors sol) pouvant accueillir 1.200 détenus, soit le plus grand complexe carcéral belge. Demain matin, le projet de cahier des charges pour la construction de cette prison sera soumis à la Commission de concertation de la Ville de Bruxelles. Dans un communiqué de presse, Inter-Environnement Bruxelles (IEB) dresse la liste de ses doléances. En voici quelques-unes :
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Une mauvaise réponse à la surpopulation carcérale
Pour IEB, les prisons belges explosent et figurent parmi les plus surpeuplées d’Europe. « Or, pour l’augmentation de la population carcérale n’est pas la conséquence mécanique d’une augmentation de la criminalité mais le fait de l’allongement de la durée des détentions préventives, de l’allongement des peines ainsi que de la survenance plus tardive des libérations. C’est donc sur la politique criminelle qu’il faut directement agir via une réforme du système pénal plutôt que par la construction de nouvelles prisons pour résoudre le problème de la sous-capacité pénitentiaire », explique le communiqué.
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Un éloignement désorganisant la justice et excluant deux fois les détenus
« Les nouvelles prisons s’installent en zonings industriels ou agricoles, loin de la ville », détaille IEB. « Cet éloignement pose nombre de questions ne fût-ce qu’en termes de bonne organisation de la justice et d’exercice optimal des droits de la défense. Il isole encore davantage les détenus, pour la plupart précaires, dont les familles se déplacent fréquemment en transport en commun. Cela rend également plus difficiles les visites d’avocats, des services d’aide aux détenus et autres associations spécialisées, du personnel des différentes convictions, visiteurs de prison, etc. »
Pour IEB, « il est moins une pour penser l’alternative ». Inter-Environnement Bruxelles estime que le cahier des charges est l’occasion de demander l’étude d’alternatives à ce projet. « Or, note le communiqué, le cahier des charges écarte à ce stade toute véritable alternative. (…) Non seulement le projet met à mal les droits des justiciables mais sa procédure d’adoption révèle un net déficit démocratique On relèvera ainsi que la seule alternative proposée concerne des variantes relatives à l’accès du site. »
Avant de conclure : « Pourquoi ne pas rénover nos prisons bien situées au cœur de la ville et à proximité du Palais de Justice, expérimenter le remplacement des établissements pénitentiaires que nous connaissons par des maisons de détention à petite échelle et investir l’économie ainsi faite dans des politiques alternatives à la prison dès lors qu’on sait que cette dernière fabrique essentiellement de l’exclusion? Tout le monde y trouverait son compte : les détenus les premiers mais aussi tous les travailleurs qui gravitent autour (les avocats, les magistrats, les travailleurs sociaux, …), leurs familles et autres visiteurs, les Harenois qui préserveraient un espace précieux, tout citoyen qui souhaite que les deniers publics financent autre chose qu’une fabrique d’exclusion et de façon générale la justice sociale ! »
Voir aussi le dossier spécial à paraître dans le numéro 386 d’Alter Échos : Masterplan : de nouvelles prisons plutôt qu’une nouvelle politique carcérale.