Les petites entreprises connaissent des difficultés de financement. Pour assurer leur compétitivité et la création d’emplois qui en découle, les Fondsstructurels européens mettent des moyens à leur disposition mais désirent limiter leur aide sous forme de subsides et adopter d’autres moyens de financement, tels les avancesremboursables, les participations en capital à risque, les systèmes de garantie, etc. Première étape du processus de création d’un tel instrument financier :l’analyse du paysage actuel du financement et du conseil des PME, l’offre, la demande et les manques.
En Belgique, on a déjà mis plusieurs fois le doigt sur la plaie. En Flandre, p. ex., 37 % des PME connaissent de plus en plus de problèmes de crédit et 88 % sont d’avisque les banques exigent trop de garanties. Il n’est donc pas sans intérêt dans un tel contexte d’aller jeter un coup d’œil sur ce qui se pratique chez nos voisinsd’outre-Manche…
Une étude anglaise
En mai dernier, Deloitte & Touche1 a réalisé une étude relative à l’amélioration de l’accès au financement pour les petites et moyennes entreprises dansune région du Royaume-Uni2ü L’étude, publiée récemment, porte non seulement sur l’analyse des possibilités actuelles et des difficultés desPME mais présente aussi une stratégie pour combler les lacunes du système. Commandée par la «Regional Development Agency» de la région des WestMidlands, l’étude ne perd cependant pas de vue le contexte national.
Les parallèles avec la situation belge sont évidents : les problèmes rencontrés dans la recherche des premiers financements sont les mêmes (microcrédits), etle manque de capital risque est tout aussi criant.
Très sommairement, les points névralgiques traités côté offre et demande3 sont :
Côté offre
> L’étude a constaté que 44 % des PME éprouvent un manque de disponibilité de crédits. Aux fins de fonds de roulement, de démarrage d’activité etde diversification, ce manque commence à £ 1.000 (+/- 1.580 euros, soit un montant très bas). Les organisations à but non lucratif éprouvent également desproblèmes pour obtenir un prêt jusqu’à £ 40.000 (63.200 euros). Bientôt, un «Regional Community Loan Fund» sera ouvert. Ce fonds s’adressera uniquement auxorganisations à but non lucratif.
> Les entrepreneurs faisant partie de minorités ethniques, tout comme les autres PME, connaissent des difficultés à recevoir des (micro) prêts de l’ordre de £40.000 (+/-63.200 euros). Entre les différents groupes, des différences sont certes perceptibles, mais aucune preuve de discrimination n’a pu être constatée ducôté des financiers. Ces entrepreneurs semblent cependant vivre la situation comme si de telles discriminations avaient cours et sont très mécontents du manque deperception des différences culturelles de la part des banquiers.
> L’information au sujet des possibilités de financement est extrêmement fragmentée. Les PME et les conseillers éprouvent beaucoup de difficultés àidentifier les possibilités de financement qui leur sont accessibles, les meilleures options, la façon d’introduire une demande, etc. Une base de données bien ordonnées’avérerait très utile à cet égard, elle est d’ailleurs en cours de réalisation actuellement, à l’initiative de l’agence de développementrégional.
> Un marketing insuffisant, une faible image de marque et des critères restrictifs absurdes tels que l’exclusion du commerce de détail, font que le recours au «!mall Firm LoanGuarantee Schema» (SFLGS) se situe à un niveau un peu plus bas que celui des autres régions.
> Du fait, entre autres, de la fermeture récente de deux fonds de capital à risque sectoriels (de la technologie et de la créativité), la demande non satisfaite decapital à risque a augmenté pour les montants inférieurs à £ ý50.000 (+/- 395.000 euros). Ce montant passe à £ 300.000 (+/- 474.000 euros) enmoyenne pour tous les secteurs. Pour diverses raisons, les investissements supérieurs à ce montant jouissent d’une plus grande popularité. Peu de capitaux à risque ontété prévus pour les PME qui représentent un «risque moyen et un rendement moyen».
Côté demande
> Les PME ont une faible connaissance générale de leur environnement et ne sont pas très conscientes des possibilités de financement disponibles dans larégion.
>Le manque de «disposition à investir» des PME constituerait le point névralgique le plus important pour l’accès au financement dans la région. Elle setraduit entre autres par une attitude lucide sur les besoins de financement, sur la qualité des documents commerciaux et sur la «capacité d’investissement» d’un projet. End’autres termes, est-ce que le projet répond aux exigences d’investisseurs externes ? Ce point est important pour plusieurs formes de financement, en particulier pour le capital risque.Même les entreprises sociales et à but non lucratif doivent lutter contre ce problème.
> Les entrepreneurs issus de minorités ethniques font moins souvent appel aux services de soutien, mais il existe bel et bien une variation entre les divers groupes ethniques et entre lesdifférents stades auxquels se situe leur entreprise. Ces entrepreneurs sont plutôt mécontents de l’offre de services d’aide pour, entre autres, les raisons suivantes : lesprestataires de services ne montrent pas assez de compréhension pour une différente approche culturelle des affaires, ainsi que pour les marchés spécifiques dans lesquelsils opèrent le plus souvent; leurs services se concentrent sur des entreprises trop grandes (de 5 à 10 employés), etc.
> Les entreprises perçoivent que, dans la région, la structure des conseils dispensés, aussi bien publics que privés, est fragmentée et inadaptée auxdifférents stades de développement des entreprises. Dès que l’investissement a été réalisé, aucun conseil supplémentaire n’estgénéralement fourni, alors qu’une surveillance continue est désirée pour assurer que le bon développement de l’entreprise se poursuit.
> Une méconnaissance générale du capital risque, explique que les Business Angels4 et leur manière de fonctionner sont très peu connus.
Enfin, bien que les divers organismes concernés considèrent qu’il est important d’avoir de bonnes relations avec le secteur bancaire pour renforcer structurellement l’accès aufinancement dans la région, il existe des visions opposées quant à la puissance que devrait avoir cette relation d’affaires entre les banques et les autres prestataires deservices, tels que les Business Links (liens commerciaux), les Ethnic Minority Business forums (forums des affaires des minorités ethniques) et les Community Development Finance Initiatives(initiatives de développement financier communautaire).
1
Deloitte & Touche est une entreprise internationale de consultance en matières financière, juridique et fiscale, ainsi que dans les domaines du management et des nouvellestechnologies.
2 Deloitte & Touche, mai 2002, « Improving Access to Finance for Small and Medium Sized Enterprises », site Web : http://www.advantagewm.co.uk/media/publications.asp. Il s’agit de la région des West Midlands (région du centre-ouest duR.-U.)
3 Les manques et les points névralgiques du financement des PME repris ici sont aussi peu spécifiques à la région que possible.
4 Le Business Angel est une personne privée, généralement un dirigeant ou un chef d’entreprise, qui investit du capital dans des sociétés (à fort potentielde croissance). Au-delà de ses capitaux, il apporte son expérience, son réseau professionnel, son énergie et sa disponibilité.
Archives
"Problèmes des PME en création : un coup d'oeil outre-Manche"
ira32
09-09-2002
Alter Échos n° 126
ira32
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