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«Ber» signifie le berceau qui supporte les navires durant leur construction et qui les accompagne jusqu’à la flottaison complète. C’est le symbole choisi par l’asblNouveau Saint-Servais et les CPAS partenaires du projet pour qualifier un module de redynamisation des personnes bénéficiaires du minimex ou de l’aide sociale1. Françoise Henri,assistante sociale au CPAS de Profondeville, explique : «Nous avons constaté que les personnes engagées dans le cadre des contrats article 60 (CDD permettant de recouvrer le droitaux allocations de chômage) couraient à l’échec. Les contrats n’étaient pas menés jusqu’à leur terme, elles tombaient malades, ou n’avaient aucun rendement.Il était nécessaire de les y préparer et qu’elles puissent réacquérir certaines capacités de base.»
ý’est ainsi qu’un partenariat s’est mis en place entre une coordination de cinq CPAS (Profondeville, Sombreffe, Jemeppe-sur-Sambre, Fosses-la-Ville, Mettet) et l’asbl Nouveau Saint-Servaisqui, reconnue comme organisme d’insertion socioprofessionnelle, üvait déjà une expérience dans la formation d’un public défavorisé (dans les métiers dubâtiment, l’électricité et la bureautique). Se sont ajoutés par la suite les CPAS d’Yvoir, Hamois et Assesse (tandis que le CPAS de Mettet s’est retiré duprojet).
Trois axes
üne sorte de «présélection» est organisée en amont. Eric Grava, directeur de l’asbl : «L’apprenant doit suivre le module sur une base volontaire. Lasélection permet de rejeter les personnes qui peuvent se passer du module et évalue la capacité de communication de la personne. Celles ayant des diplômesélevés ne sont pas acceptées de même que celles qui sont sous influence de médicaments ou de drogues. Rejetées également celles qui ont desproblèmes d’ordre psychiatrique ou une incapacité physique à communiquer.»
ýa formation étalée sur six semaines de 32 heures (renouvelable) est organisée en trois axes, soit une préparation à l’article 60 plus longue que ce qui sefait le plus souvent : réacquérir des aptitudes de base pour la vie en groupe, un savoir théorique et des aptitudes psycho-sociales. La formation en elle-même comporte unapprentissage aux habiletés sociales : être à l’heure, rentrer en contact avec les autres, écrire une lettre, s’exprimer, pouvoir dire non, soigner son apparence, etc. Laformation, c’est aussi apprendre à maîtriser les documents administratifs, à utiliser le matériel électro-ménager, à gérer un budget. Ce sontaussi des activités d’expression et d’éveil et une remise à niveau en français et calcul.
Entre santé mentale et emploi
«La dynamique du groupe provoque un mouvement d’entraînement et un encouragement mutuel. Nous allons jusqu’à chercher chez eux les absents. Le rythme des personnes fonctionneà un niveau très ralenti au départ. Les activités d’habiletés sociales et la formation dans son ensemble permettent d’accroître ce rythme. Un certain aspectludique permet aussi de retrouver du plaisir. Se crée une sorte d’alchimie qui insuffle un niveau d’énergie et une dynamique. L’arrêt de la formation suscite une sorte demanqu6», explique Eric Montfort, psychologue et formateur.
«Le projet ‘Ber’ est à l’interface entre la santé mentale et l’emploi. La politique du tout-à-l’emploi nécessite une énergie proportionnelle à ladistance qui sépare de l’emploi une frange de la population. Le dilemme, c’est d’accroître l’autonomie des personnes qui deviennent prêtes à travailler mais qui ne trouventpas d’emploi. L’objectif, c’est qu’elles puissent trouver autre chose que du travail car il y a une énorme distance entre la volonté européenne et le terrain local»,souligne le directeur de l’asbl.
Trois modules se sont déroulés en 2001 et les résultats se sont avérés positifs pour les sept apprenants. À titre d’exemple, une personne désiranttravailler avec des personnes âgées a mené à terme un contrat article 60 dans une maison de repos. Après avoir réalisé du travail de nettoyage, elles’est occupée de la cuisine et a suivi par la suite une formation dans ce domaine.
Les apprenants reçoivent un défraiement de 1 euro/heure de formation ainsi que les frais de déplacement. Le ministre wallon des Affaires sociales a reconnu «Ber»comme projet pilote. Un subside de 30.000 euros lui a été octroyé pour les trois modules de l’année 2001 et le projet a été renouvelé pourl’année 2002.
Les CPAS partenaires suivent de près l’évolution de la formation et des stagiaires au rythme de quatre réunions par module sur les lieux mêmes de la formation.
1 Asbl Nouveau Saint-Servais, département formation, route de Gembloux 500 à 5002 Saint-Servais; tél. : 081 71 73 84, fax : 081 746 301.