Alter Échos n°477
Prostitution: jeux de dames, jeux de dupes?
Depuis la nuit des temps, le corps de la femme se vend, s’échange, se monnaie. La prostitution serait-elle vraiment le plus vieux métier du monde? Ou plutôt la manifestation abusive d’une domination patriarcale millénaire? Le débat, dont se sont emparées les féministes il y a plus d’un siècle, n’est pas clos.
Entre une femme (ou un homme) qui revendique son occupation sans bénéficier des droits sociaux habituellement assortis à toute activité professionnelle (lire «Travailleuses du sexe: une voix qui dérange»), une jeune Nigériane sans papiers victime d’un proxénète menaçant (lire «Traite: une lutte à double tranchant») et une mère de famille qui boucle ses fins de mois à coups de passes occasionnelles, les situations de prostitution sont pourtant multiples et les zones grises nombreuses.
Mais presque toutes interrogent par leur vulnérabilité. Finalement, «croire que s’attaquer à la question prostitutionnelle est la solution, c’est soit naïf, soit volontairement stupide», conclut Renaud Maes, chercheur aux Facultés universitaires Saint-Louis et à l’ULB. Politiques sociales, migratoires, d’égalité hommes-femmes, d’accès aux études supérieures ou à l’emploi, c’est en fait tout le champ des politiques publiques qui devrait être interrogé (lire «Les dessous du débat»). Des politiques publiques qui se contentent aujourd’hui grosso modo, en ville et encore plus à la campagne (lire «Une partie de campagne»), de jeter un voile pudique sur un phénomène qui dérange.
L'image
Le centre pénitentiaire de Mons fait partie intégrante du centre de la ville hennuyère. Dans le cadre du projet « L’art habite la ville » organisé par la Fondation Mons 2025 (biennale 18-19 de Mons, capitale culturelle), sept détenus [...]
Social
Le face-à-face n’est pas neuf et suscite des prises de position enflammées: il oppose les partisans d’une prostitution réglementée, avec la création d’un statut professionnel, à ceux qui militent pour l’abolition de la prostitution, au motif que les personnes prostituées sont les victimes d’un système de dominations de genre et économiques. Si, au lieu de tenter de prendre position, on reconnaissait que la solution unique n’existait pas? Et que c’est l’ensemble des politiques publiques qui doit être interrogé? Interview de Renaud Maes, sociologue (ULB, Université Saint-Louis).
Social
Personne n’est «pour» la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle. Pourtant, la notion de «traite», appliquée à la prostitution, est traversée des grands clivages entre abolitionnistes et réglementaristes. Évoquer la traite pousse à se poser de multiples questions: qu’est-ce que «choisir» la prostitution? Où s’arrête le proxénétisme? Où commence la traite?
Emploi/formation
La prostitution est-elle un travail comme un autre ou, nécessairement, une oppression? Cette question, vieille comme un métier qu’on dit être le plus vieux du monde, n’est pas près de trouver une réponse définitive. Le mouvement abolitionniste, dans le sillage de la vague #metoo, a le vent en poupe. Face à lui émerge une autre parole, celle des travailleurs du sexe (TDS), qui revendiquent une voix propre. En Belgique, l’association UTSOPI bouscule le débat public.
Social
Bien que moins visible qu’en ville, la prostitution à la campagne ne connaît pas la crise. Dans les provinces de Namur et de Luxembourg, le Net a considérablement changé la donne avec de plus en plus de travailleuses indépendantes qui reçoivent à domicile.
Santé
Les maisons de repos vont-elles sortir de leur torpeur? Leur organisation héritée des années 60, leurs dérives marchandes sont remises en cause. Place aux modèles qui sortent les personnes âgées de leur chambre.
Santé
Infirmier pour la Centrale de coordination de soins et services à domicile (CSD), Thierry Guillaume sillonne les rues de Bruxelles à vélo, de patient en patient. Touché par le manque de valorisation qui frappe le secteur des soins de santé depuis de nombreuses années, l’infirmier reste néanmoins passionné par son métier. Tournée aux côtés d’un homme aux petits soins.
Santé
La consommation de drogues dures monte en flèche dans le centre-ville de Tournai. Signe d’une précarité croissante qui inquiète les associations. Source d’incompréhension, voire de répulsion, chez la population. À l’instar de grandes villes du pays – Liège, la «Tox City», Bruxelles ou Charleroi –, la petite ville frontalière de 70.000 habitants doit trouver ses propres solutions à un problème toujours tabou.
Justice
À Malines, une maison de transition accueillera prochainement une quinzaine de détenus pour les réinsérer en vue de leur libération. Pour les encadrer, ils seront suivis 7j/7 par la société privée G4S. Un choix qui suscite le malaise auprès des associations et des criminologues.
Logement
En juillet dernier, le gouvernement Vervoort III publiait ses déclarations politiques pour les cinq années à venir. L’axe prioritaire? Le logement. Le point est clair, il y a urgence à agir au niveau de la politique sociale de ce côté-là. Mais les ministres ont du vocabulaire: le melting-pot des termes «embrouille» et «enfume».
Social
BPS, l’organe régional de la sécurité et de la prévention, va désormais «cogérer» les PCS, ces projets auxquels il incombe de développer la cohésion sociale dans une trentaine d’ensembles de logements sociaux à Bruxelles. Évolution des institutions, jeu d’écriture budgétaire ou dévoiement d’une démarche émancipatrice vers des impératifs sécuritaires? Les visions divergent, révélant une crise plus profonde dans le secteur.
Petite enfance / Jeunesse
Avec le soutien de la Ville et du CPAS de Liège, la fondation Ihsane Jarfi a ouvert en juin dernier un dispositif d’accueil d’urgence pour les jeunes rejetés par leur famille en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur genre. Une première en Wallonie.
Environnement/territoire
Des propriétaires abusifs tentent de privatiser des chemins et sentiers publics, suscitant le désarroi de citoyens qui revendiquent le droit d’y passer. Une lutte parfois acharnée qui se déroule sur un terrain juridique complexe.
Vie associative
Plateforme nationale dédiée au volontariat, Give a Day met en lien des associations et des bénévoles, pour un coup de main ponctuel et plus si affinités. Un «Tinder du volontariat» qui se démarque des codes classiques du secteur et séduit les entreprises, les communes et l’université.
Rond-point Schuman
À l’heure de la mondialisation, des Gilets jaunes et de la montée des populismes, l’Union européenne affiche de plus en plus clairement son ambition sociale, comme une réponse indispensable lancée à ceux qui doutent de son utilité. Mais des progrès restent à faire, et la prochaine présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en a bien conscience.
Social Décalé
Avez-vous déjà entendu parler du phénomène des files interminables de chômeurs devant les antennes des différents syndicats? L’avez-vous vécu? Il faut parfois attendre trois à quatre heures avant d’être servi et conseillé. La situation est affligeante. Alter Échos s’est rendu sur place.
Panpan Culture
«By the name of Tania» aborde le thème de l’exploitation sexuelle des mineures au Pérou. Un film entre le documentaire et la fiction qu’on éprouve dans sa chair.
Migrations
Les migrants en transit vers le Royaume-Uni tentent leur chance depuis des aires d’autoroute de Wallonie. Des collectifs citoyens s’organisent autour pour leur venir en aide ; le plus souvent avec le soutien des autorités locales. Reportage à Gembloux.
Edito
En évoquant dans son accord gouvernemental la mise en place d’un service communautaire, la Flandre n’a fait que recycler une idée déjà mise sur la table par le sénateur Rik Daems (CD&V) en 2013, puis par le gouvernement fédéral en 2014. Une idée vraiment interpellante, pour ne pas dire plus…