A la fin des années 80, l’ASBL «Gestion-logement-Namur» essuyait les plâtres d’une idée simple : fournir un logement décent pour un loyer correct àdes personnes éprouvant des difficultés à accéder au marché locatif privé traditionnel (soit faute de garanties financières suffisantes, soit parnécessité d’un accompagnement pour gérer la prise en charge effective d’un logement).
Cette expérience-pilote s’avérant rapidement réussie, la Région wallonne se déclarait prête à agréer plusieurs agences immobilièressociales (AIS) du même type sur l’ensemble du territoire de la Province. Se présentait alors une divergence de vues entre les concepteurs de ces projets, issus généralementdu tissu associatif, et les décideurs politiques. Pour la Région, il convenait que le ministre ayant le logement social dans ses attributions, délègue sesresponsabilités organisationnelles en la matière sur les institutions provinciales. A charge pour celles-ci de découper leurs territoires respectifs en«sous-régions», puis d’y installer des mandataires issus des administrations communales et de leurs CPAS. D’où le risque, évident selon les milieux associatifs,d’assister à une distribution «à la carte» (de parti) des logements disponibles, de la même manière qu’on avait assisté à la distribution decertains emplois via des permanences (dites) politiques.
Il fallait donc que l’associatif organise la résistance, pour que les projets ne se trouvent pas détournés ou dénaturés. C’est ainsi qu’une coordination s’estformée, représentative de 49 associations de terrain, sous le label de «Plate-forme logement». Le nouvel organe s’est construit autour d’une double nécessité :il faut, d’une part, donner aux gens qui siègent dans les conseils d’administration des AIS les moyens de comprendre les besoins réels des gens («puisque certains administrateurssont téléguidés par leurs responsables politiques») et, d’autre part, offrir aux candidats-locataires une référence reconnue par tous.
Autant dire que la sauce n’a pas pris partout : si le milieu associatif est parvenu à une représentation de 40% dans les conseils des AIS de Dinant-Philippeville ou de Fosses-Gembloux,les contacts sont beaucoup plus difficiles à Andenne et à Ciney (où les représentants des associations ont préféré démissionner plutôtque de servir de paravent aux mandataires politiques locaux).
Pour éviter que la situation dégénère davantage, la Plate-forme Logement tente de mettre tous les intervenants autour d’une même table, pour ensuite les amenerà objectiver au maximum la démarche : parce que «le droit au logement demande avant tout de définir un cadre clair et équitable». Un des initiateurs de lacoordination, Philippe Culot1, mise sur une articulation en trois étapes : dans un premier temps, chacun est invité à définir les critères d’attribution deslogements (ce qui lui apparaît comme le moyen le plus sûr de lutter contre un éventuel clientélisme politicien). Il faudra ensuite s’entendre sur la notion mêmed’accompagnement social; dans un troisième (et dernier ?) stade, la réflexion commune portera sur la place de l’associatif (où on veillera à retrouver un réflexeidentitaire au sens large).
1 Philippe Culot, Plate-forme logement, c/o GABS, rue Haute 8 à 5190 Spy, tél. : 071/78 42 71, fax : 071/78 77 30.
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