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Regard critique · Justice sociale

Quand l’habitat social devient vert

Pour la première fois, une association et une EFT s’associent pour mener à bien un projet de rénovation à basse énergie vers les publicsdéfavorisés.

14-02-2010 Alter Échos n° 289

Pour la première fois, une association et une EFT s’associent pour mener à bien un projet de rénovation à basse énergie vers les publicsdéfavorisés.

Rénover des bâtiments insalubres améliorables est le « core business » de Relogeas1 pour les mettre en location à des personnes endifficultés sociales. En partenariat avec l’EFT Quelque chose à faire (QCAF) 2, l’association se lance dans un projet liant rénovation et environnement.« Ce qu’on a constaté, c’est l’explosion des charges de l’énergie qui, parfois, dépassent désormais le coût du loyer pour noslocataires », explique Anne-Catherine Rizzo, coordinatrice de Relogeas.

Un opérateur immobilier social a l’obligation de fournir un logement décent mais n’a aucune contrainte concernant son isolation thermique. « La question de laconsommation énergétique devient cruciale pour les gens défavorisés. Nos partenaires de l’EFT Quelque chose à faire étaient déjàintéressés à l’éco-construction, mais pas dans un projet aussi vaste. Nous avons l’habitude de travailler avec le secteur de l’économie sociale,mais c’est une première pour ce projet de basse énergie. » Le projet est gigantesque, mais les deux asbl ne reculent pas.

Disposant déjà de la moitié d’une ancienne école dans le quartier du Louvy à Gilly, l’idée germe d’y construire des bâtimentsbasse énergie. « Nos moyens financiers ne nous permettaient pas de nous lancer dans une telle aventure sur fonds propres. Le déclic a été la sélection denotre projet dans le cadre d’un appel lancé pour les 75 ans de la Loterie nationale », raconte la coordinatrice.

Huit logements et une placette

Le projet s’articule finalement autour de trois pôles. Le premier est la rénovation de l’ancienne école en vue de la réalisation de six logements àloyer modéré à deux ou trois chambres, auxquels s’ajoute une salle communautaire au service des locataires. Cette salle sera également à disposition deshabitants du quartier et du monde associatif. Le second est la construction de deux maisons permettant de clore le site en fermant la rue. Ces deux nouveaux logements seront en ossature bois etcomprendront aussi trois chambres chacun. « Nous demandons le label « Maison passive » pour ce projet car leurs besoins thermiques sont tellement bas qu’ils ne nécessitent pasde moyens de chauffage permanent », complète Anne-Catherine Rizzo. Le troisième est l’aménagement à côté de l’école d’unespace semi-public, désormais appelé « la Placette ». Ce terrain de quinze ares acquis récemment a été rénové et estdésormais accessible au public.

Rendre les primes plus accessibles

L’association vient donc d’inaugurer la placette et de poser la première pierre des deux logements en ossature bois. « Pour les six logements, nous sommes endiscussion avec le Fonds du logement. Comme le montant des primes est très inférieur au coût lié à la qualité d’isolation, nous cherchons encore desfonds », explique Anne-Catherine.

La dynamique est lancée. « Pour nos partenaires de QCAF, cela leur permet de proposer une formation tout à fait originale », lance la coordinatrice. Leslogements sont destinés à des personnes sans-abri qui sont en insertion socioprofessionnelle. Les occupants seront donc parfois ceux-là mêmes qui ont fait lechantier ! Celui-ci avance au rythme d’une formation par le travail. Actuellement, une équipe de maçonnerie, composée de trois formateurs et de neuf stagiaires, est enactivité. Au total, ce sont environ 40 personnes qui seront impliquées dans le chantier.

L’installation des locataires fera l’objet d’un plan particulier. « Nous sommes nous-mêmes parfois très étonnés des possibilitésd’économie d’énergie. On devra expliquer aux gens comment cela fonctionne », commente la coordinatrice qui est ravie de l’expérience. «C’est une action-pilote. En tout cas, il nous paraît essentiel que les mécanismes de primes à l’isolation doivent faire l’objet d’adaptations pourêtre plus accessibles aux personnes défavorisées », conclut Anne-Catherine Rizzo.

Rapprocher justice sociale et politique environnementale est un enjeu de première importance. A l’Olivier wallon, dont c’est une promesse, de le mettre en action.

1. Relogeas asbl :
– adresse : rue de Monceau-Fontaine, 42/11 à 6031 Monceau-sur-Sambre
– tél. : 071 31 40 07
– courriel : ancat_rizzo@hotmail.com
2. Quelque chose à faire asbl :
– adresse : rue de Monceau-Fontaine, 42/4 à 6031 Monceau-sur-Sambre
– tél. : 071 31 78 52
– site : www.qcaf.be

Jacques Remacle

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