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Regard critique · Justice sociale

Quelle coopération entre le Forem et les opérateurs partenaires ?

Le décret relatif à l’accompagnement individualisé des chômeurs et au dispositif de coopération pour l’insertion fait son chemin. Et l’on reparle du «contrat de coopération ».

06-07-2012 Alter Échos n° 342

Le décret relatif à l’accompagnement individualisé des chômeurs et au dispositif de coopération pour l’insertion fait son petit bout de chemin. Adopté le12 janvier dernier, ses arrêtés d’exécution sont passés en deuxième lecture il y a peu. Dans ce contexte, le débat sur le « contrat decoopération » qui devra être signé entre le Forem et les opérateurs partenaires et qui prévoira les engagements des deux parties refait surface.

Rappelons que les opérateurs partenaires se posent des questions à ce sujet depuis quelque temps, notamment au sujet de l’adressage « inconditionnel » dudemandeur d’emploi qui pourrait avoir lieu dans ce cadre. Un débat qui peut se résumer en une seule phrase : les opérateurs seront-ils obligés d’accueillir tous lesdemandeurs d’emploi que le Forem leur adressera ? Plusieurs réunions/concertations entre ces mêmes opérateurs et le Forem ont eu lieu (et auront encore lieu), afin de tenter declarifier cette question, et d’autres. « Nous ne sommes pas d’accord sur plusieurs points », affirme à ce propos Paulette Gerbehaye, coordinatrice del’Intermire1, la structure d’appui aux onze misions régionales.

L’adressage, toujours l’adressage

Quel est donc l’état d’avancement des discussions ? Concernant l’adressage, les avis divergent selon les opérateurs. Il est ainsi prévu et convenu que les opérateursrecevront en premier accueil tous les demandeurs envoyés par le Forem. « Et après, il nous appartiendra de juger si la personne convient ou ne convient pas »,déclare Paulette Gerbehaye. Dans ce schéma, les opérateurs gardent donc leur liberté de jugement.

Et les CPAS dans tout ça ?

Si les CPAS sont peu concernés par le contrat de coopération, cela ne les empêche pas de se poser également quelques questions sur leurs relations avec le Forem.« Nous avons un malaise plus général créé par une situation de supériorité du Forem, qui a tendance à imposer les choses. Nous nevoulons pas nous trouver dans une situation de sous-traitance », explique Ricardo Cherenti, chef du Service insertion socioprofessionnelle à la Fédération desCPAS2.

Et les CPAS de plaider pour que la « commission des opérateurs » qui devrait être bientôt instaurée au sein du Forem puisse permettre une miseà plat des relations et des discussions de perspective. « Vers où va le Forem, quelle politique va-t-elle être appliquée ? », illustre ainsiRicardo Cherenti.

Les CPAS ont d’ailleurs, en compagnie des autres opérateurs, rédigé un mémorandum dans lequel ils exposent « leur point de vue pour améliorerl’efficacité et l’efficience de la politique d’insertion et de l’emploi en Wallonie » dans le cadre du décret relatif à l’accompagnementindividualisé des demandeurs d’emploi et au dispositif de coopération pour l’insertion.

Mais du côté de l’interfédération des EFT/OISP3, on est moins affirmatif. « Nos craintes ne sont pas complètement apaisées àce sujet, explique Erik Mikolajczak, secrétaire général de l’interfédération. C’est dans la pratique que l’on verra comment cela se passera. » Cela dit,les deux structures s’accordent sur une question d’importance également : les conseillers référents censés accompagner les demandeurs d’emploi seront-ils suffisammentnombreux et suffisamment outillés pour orienter efficacement ces demandeurs vers les opérateurs ? « Il y a là une question d’éligibilité du public. Lesconseillers connaîtront-ils suffisamment le secteur pour savoir quel type de public est accueilli par quel type de structure ? », s’interroge Paulette Gerbehaye. Une questiond’importance pour les opérateurs… et les demandeurs d’emploi qui se voit doublée d’une interrogation quant à la charge administrative pour les opérateurs que tout celaimpliquerait ainsi que certaines questions sur les échanges d’information entre ces derniers et le Forem.

Dans ce contexte, des discussions ont également lieu concernant une charte déontologique censée baliser, entre autres, ces échanges. « Le but est quel’échange, le retour d’information, soit le plus administratif possible », explique Erik Mikolajczak qui précise que la charte devrait être finalisée lors de laprochaine réunion. Pour ce qui est du contrat de coopération, on parle plutôt d’un atterrissage à la rentrée. « Cela dit, nous ne lâcherons pas tantqu’il y a des points sur lesquels nous ne sommes pas d’accord », conclut Paulette Gerbehaye.

1. Intermire, « Maison de l’Industrie » :
– adresse : rue Auguste Picard, 20 à 6041 Gosselies
– tél. : 071 34 74 77
– site : www.intermire.be
2. Fédération des CPAS :
– adresse : rue de l’Etoile, 14 à 5000 Namur
– tél. : 081 24 06 11
– site : www.uvcw.be
3. Interfédération des EFT/OISP :
– adresse : rue Marie-Henriette 19/21 à 5000 Namur
– tél. : 081 74 32 00
– site : www.interfede.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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