Une chercheuse de l’université d’Anvers a effectué une enquête de grande envergure sur les filles-mères en Flandre. Certaines idéespréconçues semblent se confirmer dans la réalité mais pour ce qui est d’une approche spécifique et adaptée de cette problématique, tout resteà faire, constate l’auteure.
L’enquête de Marjolijn De Wilde, chercheuse au Centrum voor Sociaal Beleid1, est la première du genre – en tout cas à cette échelle – enCommunauté flamande. Elle porte sur 5 000 jeunes filles qui sont devenues mères avant l’âge de 20 ans entre 2000 et 2006. En moyenne, elles ont 18,7 ans. La plus jeunen’avait même pas 13 ans, 38 d’entre elles avaient moins de 15 ans, mais la plupart étaient tout de même majeures lors de leur accouchement (plus des 4/5e).En fait, les mineures qui tombent enceintes recourent nettement plus souvent à l’avortement que les jeunes filles de 18 ou 19 ans. Au total, ce sont 3 à 4 % de toutes les jeunesfilles de moins de 20 ans qui ont déjà un enfant. Près d’un tiers d’entre elles sont étrangères ou d’origine étrangère. Elles sontgénéralement originaires du Maroc, de Turquie ou d’Europe de l’Est.
Officiellement, les mineures sont en âge d’obligation scolaire et n’ont pas droit à un congé post-natal. Mais la plupart arrivent à se faire prescrirequelques semaines de repos par un médecin complaisant. Pour l’auteure, il vaudrait bien mieux leur accorder le droit à un congé de maternité. « Souvent cetteidée est rejetée en partant du principe que ce serait encourager les jeunes mamans à quitter l’école. Mais selon moi, c’est le contraire. Si on les autoriseà rester par exemple six ou huit semaines à la maison, cela veut aussi dire qu’on définit une date de fin. Et qu’on leur dit clairement qu’au-delà decette date, elles seront attendues dans leur l’école » , estime Marjolijn De Wilde.
Majeures mais peu qualifiées
Pour ce qui est des jeunes mères majeures, elles auraient bien besoin, toujours selon l’auteure, d’un soutien spécifique. Elles ont la plupart du temps accumulé duretard scolaire et viennent pour la plus grande partie de l’enseignement professionnel. Seule une minorité – 10 % – étudie encore, 20 % ont trouvé un travail maisprès des trois-quarts d’entre elles sont non-actives. Elles sont donc en décalage par rapport à la plupart des garçons et des filles de leur âge, lesquels sontencore aux études. Parmi les filles-mères qui n’ont pas encore de diplôme de l’enseignement secondaire, seules un cinquième d’entre elles continue sesétudes. Et comme le souligne l’auteure, « il n’est pas certain que l’accouchement soit toujours la raison de l’arrêt des études mais ce qui estcertain, c’est que ces jeunes entrent dans la vie avec une charge de famille et sans ce diplôme du secondaire tellement prisé ». Elles formule dès lors aussi unerecommandation quant à ce groupe. Pour elle, les écoles et les établissements d’enseignement supérieur devraient rendre leur offre d’enseignement plusaccessible aux étudiants qui ont des enfants. Par exemple en créant des crèches à proximité ou en octroyant plus de souplesse pour effectuer les stages ouprésenter les examens.
Une étude australienne a aussi démontré qu’après quelques années, beaucoup de filles-mères reprendraient volontiers des études ou uneformation complémentaire, mais s’en voyaient empêchées par des barrières financières ou autres. Le groupe des jeunes mères avec des enfants de trois ouquatre ans devrait donc aussi faire l’objet d’une attention particulière, notamment de la part du VDAB (équivalent flamand du Forem et d’Actiris), affirme-t-elle.
Enfin, l’étude de Marjolijn De Wilde s’attarde également sur les pères. Dans un cas sur cinq, ils sont officiellement inconnus, soit que la mère ne sacheréellement pas qui est le père, soit qu’elle préfère ne pas le révéler. Dans les deux cas, il s’agira de pères qui ne s’impliquerontpas dans l’éducation de leur enfant. Parmi ces jeunes mamans seules, on retrouve une forte proportion de jeunes filles originaires d’Europe de l’Est, singulièrementdes Roms. Elles ont aussi tendance à davantage s’accrocher à la poursuite de leurs études que les autres. Lorsque les partenaires masculins sont connus, ils ont la plupartdu temps entre 20 et 24 ans et travaillent. Une majorité d’entre eux a un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur, la plupart du temps du professionnel.
D’après De Morgen et De Standaard.
1. Site : www.centrumvoorsociaalbeleid.be