En ce début de nouvelle législature régionale, le Syndicat national des propriétaires (SNP)1 reste naturellement vigilant. Rencontre avec BéatriceLaloux, directrice au SNP, sur quelques dossiers chauds : l’allocation-loyer, le contrôle des loyers et les immeubles inoccupés.
Allocation-loyer
« Sur l’allocation-loyer, le SNP reste très favorable au système, souligne notre interlocutrice. C’est un système plus souple et moins coûteux. Ilpermet de répondre à la question de la crise de la pauvreté. Car il s’agit davantage d’un problème d’adéquation de ressources que de crise dulogement. »
Selon elle, l’allocation-loyer est bien plus utile que la construction de logements sociaux : « Le parc public a fait les preuves de son incurie, de son coût. L’approche dulogement social est trop administrative et politicienne. Est-ce vraiment la bonne solution de construire des logements sociaux ? Est-ce une bonne idée de mettre des personnes précairesdans des logements publics ? En fait, ça peut être intéressant pour réguler le marché locatif, mais au niveau individuel, au niveau de l’intérêtdu locataire, je ne suis pas convaincue. »
Contrôle des loyers
Par rapport au contrôle des loyers, le jugement de Béatrice Laloux est sans appel : « Même si on peut comprendre ou admettre intellectuellement l’idée decontrôler les loyers, cela soulève quelques craintes. ça peut être une bonne solution. Mais si un tel système est mis entre des mains partisanes et dogmatiques, celase fera au désavantage des locataires et des propriétaires. Dans les pays où cela s’applique, cela brime les propriétaires. Par exemple : figer l’indexationdes loyers est avantageux pour les locataires, mais les frais du propriétaire, eux, ne seront pas indexés. Ce dernier payera les pots cassés. Bien entendu, il est plus facile deplaire aux locataires. L’objectivation des loyers est en fait subjective. »
Et de renvoyer à un récent discours de Baudouin Bouckaert, professeur à l’Université de Gand2 : « Il y a deux manières de détruireune ville, les bombardements des forces aériennes ou le contrôle des loyers. »
Logements inoccupés
Enfin, elle compare la problématique des logements inoccupés à « une baudruche qu’on a gonflée. » Et de préciser : « Avant, on parlait de40.000 logements vides en Région de Bruxelles-Capitale. Aujourd’hui, on situe la fourchette entre 15.000 et 30.000. Même si 15.000, c’est encore trop, cela reste assez loinde 40.000. »
Sur les causes d’inoccupation d’immeubles, Béatrice Laloux renvoie à une étude réalisée par le LEPUR (Laboratoire d’études enplanification urbaine et rurale) de l’Université de Liège. Les résultats ont été publiés dans la revue « Le Cri – organe du Syndicatnational des propriétaires » de novembre 2004. Trois enquêtes ont été menées dans ce cadre dans la région de Liège : une auprès desaffiliés du SNP ; une autre a été menée dans 15 communes auprès de propriétaires d’immeubles concernés par la taxe sur les logements vides ; etla troisième a été adressée aux propriétaires d’immeubles commerciaux aux étages vides dans l’hypercentre de Liège.
Il ressort de cette étude diverses explications sur l’inoccupation de ces immeubles. Les principales sont :
• l’âge avancé du propriétaire dans 30 % des cas. Il n’est donc plus en mesure d’assurer l’entretien de son immeuble, d’obtenir uncrédit hypothécaire pour réaliser des travaux, ou encore d’assumer les difficultés de la gestion locative. La dégradation est souvent une cause et uneconséquence de l’inoccupation de l’immeuble ;
• entre 5 et 10 % des propriétaires d’immeubles vides sont décédés. Les problèmes de succession entraînent la vacance des lieux ;
• les désaccords entre copropriétaires font que près de 5 % des biens ne sont pas disponibles sur le marché ;
• a surévaluation de la valeur d’un bien et le refus de l’aliéner au-dessous d’un certain montant classe aussi une série d’immeubles dans lesinoccupés (18 % des cas) ;
• concernant les étages vides au-dessus des commerces, la non-réhabilitation de ceux-ci n’est pas un problème de finance pour les propriétaires. Les loyerscommerciaux sont assez rentables. En fait, les propriétaires ne réhabilitent pas les étages, parce que, d’une part, l’investissement n’est pas rentable et,d’autre part, ils souhaitent s’épargner les soucis liés à la gestion locative de logements.
1. SNP-AES, rue du Lombard 76 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 512 62 87 – fax : 02 512 44 61 –
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2. Discours prononcé au cours du 94e Congrès de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (équivalent français du SNP). Baudouin Bouckaert citaità ce sujet l’économiste américain, Milton Friedman.