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Quels emplois pour le plan Marshall wallon ?

L’annonce par le président du PS, Elio Di Ruppo en juin dernier de la mise en oeuvre d’un « Plan Marshall pour la Wallonie » semble se préciser. C’est ce 30 aoûtque le gouvernement wallon doit, au cours d’une réunion extraordinaire, arrêter son plan qui prendra désormais l’appellation d’« Action prioritaire pour l’avenir wallon». Un milliard d’euros seront investis entre 2006 et 2009. C’est un cinquième du budget annuel de la Région qui devrait être injecté pour redynamiserl’économie wallonne et l’emploi en quatre ans. Pour les politiques sociales, rien n’est a priori prévu. L’objectif est d’agir sur l’économie wallonne en mobilisant les esprits etles moyens financiers. Si personne ne semble nier la nécessité d’un plan de redressement pour la Wallonie, les CPAS wallons et le Mouvement ouvrier chrétien (MOC)1souhaitent néanmoins que l’on crée bien de « vrais emplois ».

30-08-2005 Alter Échos n° 192

L’annonce par le président du PS, Elio Di Ruppo en juin dernier de la mise en oeuvre d’un « Plan Marshall pour la Wallonie » semble se préciser. C’est ce 30 aoûtque le gouvernement wallon doit, au cours d’une réunion extraordinaire, arrêter son plan qui prendra désormais l’appellation d’« Action prioritaire pour l’avenir wallon». Un milliard d’euros seront investis entre 2006 et 2009. C’est un cinquième du budget annuel de la Région qui devrait être injecté pour redynamiserl’économie wallonne et l’emploi en quatre ans. Pour les politiques sociales, rien n’est a priori prévu. L’objectif est d’agir sur l’économie wallonne en mobilisant les esprits etles moyens financiers. Si personne ne semble nier la nécessité d’un plan de redressement pour la Wallonie, les CPAS wallons et le Mouvement ouvrier chrétien (MOC)1souhaitent néanmoins que l’on crée bien de « vrais emplois ».

A l’heure de boucler ce numéro d’Alter Échos, le gouvernement wallon n’a pas encore officiellement communiqué sur le contenu et les modes de financement de son plan.Nous reviendrons dans le prochain numéro sur les détails du plan, notamment pour ce qui concerne la formation et les politiques d’emploi. Précisons déjà quel’insertion par l’emploi ne se verra pas allouer de moyens spécifiques. Cette politique ne serait pourtant pas oubliée explique une source anonyme. Elle sera menée àl’interface des moyens dédiés à la « création d’activités » et de la « formation ». Quant aux politiques d’inclusion sociale, elles restentjusqu’ici à l’écart de ces nouveaux moyens. Or le Plan stratégique transversal 3, chargé de redéfinir les politiques d’inclusion sociale, doit sortir avant la finde cette année. Et au vu de la situation financière de la Région, la mobilisation autour de ces « Actions prioritaires » risque de ne plus laisser beaucoup de moyenspour d’autres nouvelles politiques.

Les priorités du Plan

Cinq domaine essentiels seront privilégiés entre 2006 et 2009 :
1. Les pôles de compétitivité : 280 millions au cours de la période, dont une centaine dédié à la recherche. Ces pôles decompétitivités regroupent des réseaux d’entreprises dans des secteurs dont l’importance est reconnue au niveau international. Ce sont par exemple l’agroalimentaire ou encore lesecteur pharmaceutique. Une étude universitaire définit 4 ou 5 pôles, mais le politique doit encore trancher : le pôle électromécanique par exemple estétroitement lié à une multinationale, d’où les réserves pour l’intégrer dans le plan.
2. La création d’activité : 300 millions sont réservés pour l’aide à l’expansion économique, l’assainissement des friches industrielles, l’équipementdes nouveaux zoning économiques programmés par le précédent gouvernement.
3. La recherche constitue l’autre grande priorité : en dehors des pôles, la création et le développement des spin off, spin out et autres centres d’excellenceuniversitaires seront financé à hauteur de 150 millions.
4. Le secteur de la formation se verra doté de 150 millions supplémentaires. Ils seront tout particulièrement dédiés aux jeunes et aux fonctions critiques, cespostes qui restent innocupés. Les employeurs se verront par exemple proposer des aides à l’embauche de jeunes sortant des études.
5. Allégement de la fiscalité régionale, provinciale et communale. 100 millions. L’objectif est ici de compenser auprès des pouvoirs locaux les réductionsd’imposition consenties aux entreprises dans le but de favoriser les investissements et l’esprit d’entreprendre. Mais certaines provinces par exemples, tels Liège et le Hainaut, se verrontdemander des efforts de rationalisation a expliqué André Antoine (CDH), en charge du développement territorial au gouvernement wallon dans une interview à La Libre du 30août dernier.

Les moyens

Le millard d’euros sera dégagé via plusieurs sources. Si la vente des actions que possède la Région dans Arcelor ainsi que des dividendes des participations publiques dansdifférentes sociétés (200 millions) demeure une opération one shot, la recherche du solde ne sera pas sans impact sur les politiques actuelles. Le complémentproviendrait d’économies, sur les 4 ans à venir, dans les différents départements pour 200 millions. Sur quelles politiques et à concurence de combien ? C’estl’objet des négociations en cours. 150 millions seront économisés en postposant certains investissements. Enfin, 450 millions devraient être affectés grâce auxmarges budgétaires à venir.

Des emplois stables et sociaux

Dans un communiqué, le MOC et l’UVCW précisent : « Il est bien entendu que, nous aussi, nous partageons l’objectif de création d’emplois et qu’il est, à nos yeux,prioritaire. Encore faut-il évidemment s’entendre sur la nature exacte de l’emploi visé! » Ils veulent de « vrais » emplois, c’est-à-dire, avec « un cadrecontractuel clair, offrant toutes les couvertures de sécurité sociale et de réelles possibilités de formation tout au long de la vie ». En d’autres termes, pasd’emplois précaires !

Pour eux, il y a un lien évident entre la politique de l’emploi et les politiques de cohésion sociale. Ils citent la création et la rénovation de logements commeactivités à haute intensité de main-d’oeuvre, ou encore l’existence de « gisements » d’emplois importants dans le domaine des services aux personnes (personnesâgées et petite enfance), qui répondent à des enjeux de société.

Pistes soutenues

Dès lors, la Fédération des CPAS wallons et le MOC font part de leurs exigences :

• « L’économie sociale, l’initiative publique et les partenariats entre le secteur public et les associations sont des acteurs clés d’un développement qui allie lesenjeux économiques à ceux de la cohésion sociale. » Et de mettre en garde le gouvernement afin qu’il évite de créer des dispositifs nouveaux quiconcurrenceraient des services déjà existants…
• « Les CPAS, les organisations sociales et le secteur associatif sont très attentifs à toute initiative d’accompagnement de demandeurs d’emploi. » Pas question, donc,de laisser tomber certains publics. En d’autres termes, il est indispensable d’agir sur les deux fronts : « les programmes de formation aux qualifications pointues demandées par lemarché et le renforcement des initiatives d’insertion socioprofessionnelle, privées comme publiques ».
• Pas question non plus de participer à la « chasse aux chômeurs » dans une société wallonne où « ce qui manque surtout c’est moins lavolonté de la grande majorité des chômeurs qu’un volume suffisant d’emplois disponibles ».
• Enfin, les deux organisations veulent que le plan envoie des signaux clairs quant à la lutte contre les discriminations à l’embauche sur la base du genre, du handicap ou del’origine ethnique.

Secteurs sociaux d’investissement

Tant la Fédération des CPAS que le MOC sont convaincus qu’il y a une place dans le plan Marshall pour les services à la population (maisons de repos et de soins, services demaintien à domicile, aides familiales, organismes d’aide aux personnes handicapées, services d’insertion socioprofessionnelle…). Pour eux, ces services « concernent ledéveloppement économique et constituent de l’emploi de qualité », en même temps qu’ils « contribuent à renforcer le service aux citoyens ».

Pour ne citer que le seul secteur des maisons de repos et de soins, ils renvoient :
• au Contrat d’avenir, qui prévoit de « poursuivre les efforts en matière de modernisation et de mise en conformité des maisons de repos » ;
• au vieillissement attesté de la population wallonne. Les plus de 80 ans représenteront 6,5 % de cette population d’ici 2030. Dès lors, il conviendrait d’ouvrir de nouveauxlits ;
• au fait que « l’emploi développé dans ce secteur s’avère économiquement rentable et socialement indispensable, et donc particulièrement porteur dans lecadre d’un plan de redressement. » A ce jour, le secteur emploie 11.000 personnes, soit un équivalent temps plein pour deux résidants. La création de 6.500 lits d’ici 2020permettrait de créer 3.200 emplois nouveaux. Le coût serait surtout supporté par le fédéral et la contribution des résidants ;
• à la grande qualité de ce service rendu aux citoyens (faible nombre de plaintes).

En conclusion, et compte tenu des délais de réalisation des travaux en ce domaine, la Fédération des CPAS et le MOC estiment que « c’est dès 2006 que legouvernement doit (…) investir massivement dans ce volet social du plan Marshall. »

1. Fédération des CPAS de l’Union des Villes et communes de Wallonie, rue de l’Etoile, 14 à 5000 Namur – tél. : 081 24 06 11 – fax : 081 24 06 10 ; MOC, chausséede Haecht, 579 à 1030 Bruxelles – tél. : 02 246 38 51 – fax : 02 246 38 55

Baudouin Massart

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