Si le futur décret sur les Plans sociaux intégrés préparé actuellement au cabinet Michel (Affaires intérieures) pour le gouvernement de la Régionwallonne suscite, avant même d’être sorti, les réactions de plusieurs secteurs, c’est parce qu’il déterminera une bonne part de la politique et del’intervention sociales en Wallonie. Parce que le spectre d’application des PSI est large, il concerne et inquiète des secteurs dépendant de la Communautéfrançaise (l’Aide à la jeunesse, les AMO ou les Centres de jeunesse et les Maisons de jeunes), mais aussi les organismes d’action sociale et d’insertion relevant de laRégion.
Aussi, à la suite d’une première Journée d’étude sur les PSI le 19 avril dernier, deux réactions ont été diffusées. Un texte du Conseild’arrondissement de l’aide à la jeunesse (CAAJ) de Dinant1, un autre de la Fédération des maisons de jeunes (FMJ). Au-delà des particularités de cescritiques en termes de spécificités des secteurs, certaines thématiques rapprochent les deux positions : l’opposition au sécuritaire conduisant à uneconfusion des rôles respectifs des intervenants et, corrélativement, l’opposition au déplacement inadéquat des missions telles que prônées par les futursPSI.
Le premier argumentaire, un « Projet d’avis du CAAJ de Dinant », s’en prend à deux projets touchant directement la politique de prévention et d’insertion sociale, sousdeux organes publics différents : les PSI pour la RW et le projet « Réseau d’information de quartier » (RIQ) récemment déposé par le ministère del’Intérieur (niveau Fédéral). En voici la substance concernant les PSI.
La critique du CAAJ à l’encontre des PSI s’attèle au fait qu’ils risquent de fusionner avec les Contrats de sécurité et de société (CS). »Le CAAJ s’oppose à ce regroupement… car les CS font primer la finalité sécuritaire au détriment des objectifs sociaux… Le CAAJ estime au contraire queles PSI doivent plus clairement encore affirmer leurs finalités sociales ». Ce « décret commun » PSI-CS renforcerait « la stigmatisation des jeunes ». Au contraire, le CAAJ plaide pour « unélargissement des missions des PSI au bénéfice de toutes les populations en difficulté socialement ». Dernière crainte : que cette fusion conduise à « unesubordination hiérarchique des travailleurs sociaux à l’égard des autorités policières qui assurent le leadership des CS. Cela aurait des conséquencestrès dommageables sur les relations de confiance qui se nouent entre les jeunes et les travailleurs sociaux ». Le CAAJ suggère alors plusieurs axes. Les PSI devront selon eux :
> « concerner tous les citoyens en difficulté et en souffrance (et non certaines catégories ciblées)…;
> s’articuler à d’autres politiques directement concernées (insertion socioprofessionnelle, logement, santé,…);
> promouvoir le bien-être et l’épanouissement de chacun;
> reconnaître le travail collectif et communautaire des intervenants sociaux;
> préciser les cadres des mandats et de l’intervention sociale;
> enfin, le décret PSI prévoira l’adoption d’un code de déontologie pour les intervenants sociaux ».
L’argumentaire de la FMJ développe une réponse à la question : « les organismes de jeunesse, les associations culturelles de jeunesse reconnues par le ministère de laCulture de la CF poursuivent-ils des objectifs de prévention? » Pour la FMJ, c’est négatif! Même si elle reconnaît que « leurs actions produisent des effets deprévention ». Rappelant les objectifs propres aux structures de jeunesse et principalement des MJ, Marylène Toussaint met en évidence les divergences de finalités.Dispositifs de prévention, « les PSI luttent contre la précarisation, la pauvreté et l’exclusion…. Les MJ doivent favoriser le développement d’unecitoyenneté critique, active et responsable ». Idem pour l’âge des publics-cibles. S’il y a recoupement partiel une MJ travaille davantage avec des jeunes de 12 à 26ans. Enfin, « la mission des MJ, insiste la représentante, n’est pas de prévenir des risques ou d’y remédier mais bien de construire avec les jeunes une analyse deleur vision du monde, d’ouvrir d’autres possibilités, de mobiliser leurs ressources, de construire avec eux des actions qui correspondent à leurs désirs et leursbesoins ».
1 CAAJ de Dinant, c/o AMO CIAC, rue de la Marelle, 72 à 5660 Couvin – tél. : 060/34 48 84 – Contact : Xavier Dupuis.
2 Fédération des maisons de jeunes, place Saint Christophe, 8 à 4000 Liège – tél. : 04/223.64.16 – Contact : Marylène Toussaint.
Archives
"Réactions du CAAJ de Dinant et de la FMJ sur le futur décret Plans sociaux intégrés"
Olivier Bailly
27-05-2002
Alter Échos n° 121
Olivier Bailly
Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !
Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web.
Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus,
notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité,
et pour répondre à notre mission d'éducation permanente.
Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous !
Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)
Sur le même sujet
-
Enquête
Communautés d’énergie,
menacées par les entreprises? -
Environnement/territoire
À Liège, des citoyens en action contre le béton
-
Petite enfance / Jeunesse
Rester ouverts à tout prix
-
Social
CPAS : «Pour nous, la crise sociale, c’est maintenant»
Les plus consultés
- «Derrière les adultes à la rue, il y a des enfants qui trinquent.»
- WhatsApp à l’école: qui a eu cette idée folle?
- Bouillon de lectures
- Communautés d’énergie,
menacées par les entreprises? - Occuper et gentrifier
- La culture au centre
- «Des étudiants s’acharnent alors que l’on sait qu’ils n’y arriveront pas»