ýe 29 mars dernier, le conseiller régional Yaron Pesztat (Ecolo) interpellait Willem Draps (MR), secrétaire d’État à la Région deBruxelles-capitale, en charge de l’Aménagement du territoire, des Monuments et Sites et du Transport rémunéré des personnes, sur «leréaménagement des abords de la gare du Midi». Il déplorait le manque d’informations sur l’évolution du projet de la Région bruxelloise à ce sujet,rappelant que les travaux entrepris sont surtout le fait du fédéral ou de la commune de Saint-Gilles. Il interrogeait le secrétaire d’État sur le bilan et lesenseignements à tirer concernant les instruments opérationnels mis en place, en particulier les charges d’urbanisme, les expropriations et la SA Bruxelles-Midi1. À cettequestion, s’en ajoutaient d’autres : «La taxe sur les immeubles à l’abandon a-t-elle été perçue et quel est son rendement ? Quelles sont les garanties que lesaspects non rentables du projet se réalisent ? Est-il normal de démolir des logements pour en reconstruire ? Où en est-on dans l’accompagnement social des habitants qui ontété et qui seront contraints de déménager ? Quel est le bilan ?» Ces questions étaient en tout ou en partie relayées par Mohamed Azzouzi (PS), DenisGrimberghs (PSC) et Sven Gatz (VLD-Spirit). Dans l’ensemble, ils considèrent la situation comme catastrophique et déplorent les retards pris par le chantier.
François-Xavier de Donnea (MR), ministre-président de la Région bruxelloise, chargé des Pouvoirs locaux, de l’Aménagement du territoire, des Monuments etSites, de la Rénovation urbaine et de la Recherche scientifique, a répondu à la place de Willem Draps. S’il partage le constat général que les «choses onttrop traîné», il estime toutefois que la situation s’est améliorée. En ce qui concerne le relogement, le ministre-président signale qu’un plan d’expropriationcouvre la totalité de l’opération : «La SA Bruxelles-Midi procède au relogement des habitants via un système d’aide au relogement novateur dans le cadre desprojets immobiliers. C’est à partir de 1996 qu’elle a réellement pu démarrer les opérations sur le terrain. (…) Le rythme de réalisation seratoujours conditionné par le relogement préalable des habitants du quartier. La taxe sur les immeubles à l’abandon est une compétence du collège communal. Laligne de crédit dont dispose la société Bruxelles-Midi s’élève à 300 millions de FB pour lesquels la Région se porte garante. Quatre-vingtsfamilles ont déjà été relogées. Il reste quelque 70 familles dans les îlots C et D. Quarante nouveaux logements ont déjà étéréalisés sur un plan qui en compte 230. La gestion de la communication vers les habitants est à la charge de la commune. La gestion sociale est assurée par Bruxelles-Midien collaboration avec le CPAS de Saint-Gilles. L’ensemble des charges d’urbanisme représente une enveloppe de 8,6 millions d’euros (350 millions de FB), dont 3,09 millionsd’euros (125 millions de FB) ont déjà été payés par les promoteurs à la commune (…) On procède à la destruction progressive deshabitations pour éliminer des chancres et régler des problèmes d’insécurité, à la demande de la police locale.»
Ces réponses ne rassurent toutefois pas Yaron Pesztat : «Vous nous informez que 160 personnes ont été relogées jusqu’à présent et que vouscomptez créer 230 nouveaux logements au total. Je constate donc que vous allez créer autant de nouveaux logements que ceux qui ont été détruits. Je comprends mal lebilan rationnel et social d’une telle opération d’autant que ce ne sont pas les mêmes personnes qui en bénéficient. Nous avions déjàdénoncé avec force cette volonté de mutation sociale du quartier du Midi. Elle se vérifie malheureusement aujourd’hui. Quand vous évoquez seulement lerelogement des personnes victimes d’expropriation, vous faites l’impasse sur toutes les autres personnes délogées pour d’autres raisons et qui constituent le passifsocial de ces opérations.»
L’action du CPAS
En pratique, c’est le CPAS de Saint-Gilles2 qui assure, via le CAFA3, l’accompagnement social des personnes relogées. Cathy Marcus, présidente du CPAS : «Le postulat dedémarrage du projet exigeait qu’il y ait un accord sur le volet social de la part de la SA Bruxelles-Midi. Le CPAS et la commune ont été intransigeants là-dessus. Ils’agit d’un habitat urbain très spécifique : de grandes maisons qui peuvent loger une famille par étage.» Les missions confiées au CAFA dans ce cadre sont lessuivantes : le recensement des immeubles et la mise à disposition d’un assistant social qui, à chaque fois qu’un immeuble va être racheté par la SA, doit faire un check-upde l’immeuble et trouver des solutions de relogement pour les habitants. Un comité d’indemnisation a été mis en place à cette fin. «Toutes les personnes qui vivaientlà avant 1997 peuvent bénéficier d’une indemnité de 1.239 euros (50.000 FB), en plus des primes Adil et du suivi du dossier (frais scolaires s’il faut changerd’école), explique Cathy Marcus. Cela marche bien, mais il y a un problème avec les locataires qui sont venus s’installer après 1997. Ils ne seront pas indemnisés. Lespropriétaires sont censés les avertir, de même que l’État civil et le CAFA.» Les départs ne se font pas sans douleur signale notre interlocutrice :«Beaucoup de personnes veulent rester à Saint-Gilles, beaucoup se sentent déracinés. Il y a parfois des situations extrêmement dramatiques.» L’objectif reste depréserver la mixité du quartier. «Le Foyer saint-gillois a fait construire un bâtiment de 40 logements dans le bas de Saint-Gilles. Les habitants du quartier sontprioritaires», précise la présidente du CPAS.
1 SA Bruxelles-Midi est une société d’économie mixte, dont l’activité vise l’aménagement du quartier de la gare du Midi. Ses actionnaires principaux sont laRégion bruxelloise, Dexia (ex-Crédit communal), la SNCB et la SRIB.
2 CPAS de St-Gilles, rue Fernand Bernier 40 à 1060 Bruxelles, tél. : 02 348 50 05, fax : 02 348 50 04.
3 CAFA, rue du Fort 25 à 1060 Bruxelles, tél. : 02 348 50 88, fax : 02 348 50 87.
Archives
"Rénovation des abords de la gare du Midi : 80 familles ont été relogées"
Alter Échos
15-04-2002
Alter Échos n° 118
Alter Échos
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