Chaque année en Belgique l’équivalent de 33 millions d’assiettes finit à la poubelle, de quoi nourrir 30.000 personnes pendant un an. Face à ce gaspillage, un groupe de bénévoles bruxellois décide d’agir en établissant une cuisine dans une caravane. Celle-ci servira des plats végétariens, cuisinés à partir de surplus alimentaires et de produits locaux et/ou bio. Par Ondine Amrouche, stagiaire.
Le principe du projet est simple: récupérer les invendus des marchés bruxellois afin de leur donner une seconde vie et réduire le gaspillage. Les bénévoles serviront ensuite ces plats à petits prix en se déplaçant grâce à un foodtruck dans les espaces publics de Bruxelles. Ce projet a été lancé par certains participants du potager Latinis, situé sur le site de l’ancienne gare Josaphat, à Schaerbeek. «Notre initiative n’est pas marchande. Nous sommes tous bénévoles», explique Quentin Fabri, membre du projet.
Des objectifs bien précis
Ces bénévoles ont trois objectifs. Il s’agit premièrement de faire en sorte qu’une petite partie des aliments destinés à la poubelle finisse dans nos assiettes. Ensuite, ils souhaitent permettre à la population de s’approprier les espaces publics dans leurs quartiers. «Il y a dans la ville beaucoup d’espaces inoccupés et oubliés que nous pouvons revaloriser», ajoute Quentin Fabri. Leur «Recup’kitchen» sera aussi un point de rencontre et de discussion. Ils souhaitent en faire un outil pour créer des liens et réfléchir sur plusieurs sujets. «Malgré le fait que notre initiative soit petite, nous voulons montrer qu’il est possible de vivre ensemble de manière écologique et sociale dans notre ville», souligne Hanne Van Reusel, l’une des porteuses du projet.
Afin d’acheter le matériel nécessaire à leur projet, Recup’kitchen a récolté 7.530 euros grâce à une campagne de financement participatif. Ces dons leur permettront d’acheter la caravane, les meubles et d’aménager un espace agréable. «L’idée est d’aménager la cuisine comme à la maison afin d’amener le côté convivial du lieu», nous explique Quentin Fabri.
Mais en attendant…
En attendant, bien qu’ils ne soient pas encore établis dans leur «cuisine mobile», ce groupe de bénévoles se rend déjà dans les marchés bruxellois en quête de produits alimentaires invendus. Ils cuisinent ensuite ces aliments et se déplacent à l’aide de vélos. Ils sensibilisent ainsi une plus grande partie des citoyens en partageant leur cuisine, vendue à prix libre. «Le principe du prix libre est que le client donne ce qu’il veut. Vous payez donc en fonction de votre satisfaction», détaille Quentin Fabri.
La nourriture servie varie selon les fruits et légumes récupérés sur les marchés: soupes, quiches et desserts en tous genres. Vous ne trouverez par contre pas de viande dans cette cuisine entièrement végétarienne. «Nous récoltons nos produits sur les marchés, ce sont donc des fruits et légumes locaux, ce qui explique que la nourriture que l’on présente dépend aussi des saisons», conclut Quentin Fabri.
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1/3 de la nourriture produite pour la consommation humaine est jetée;
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1,3 milliard de tonnes d’alimentation sont jetées chaque année tout au long de la chaîne de production;
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¼ de cette alimentation permettrait de nourrir les 870 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde.
À Bruxelles
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Pour les ménages: 15.000 tonnes de produits alimentaires sont jetées chaque année (l’équivalent de 15 kg par personne);
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Pour les entreprises: 10.000 tonnes de produits alimentaires;
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Les produits alimentaires représentent 12% du volume de nos poubelles blanches.
Source: Bruxelles-Environnement
«Déchétarien, ah bon?», Alter Échos n°344-345, septembre 2012, Julien Winkel.
«Social et alimentation durable: régime équilibré?», Alter Échos n°344-345, septembre 2012 (numéro spécial).