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Regard critique · Justice sociale

Agriculture

Refaire de l’agriculteur un acteur social

Les CPAS de Soignies et de Tubize lancent un vaste projet d’insertion sur les métiers de la terre, en mettant en lien des bénéficiaires avec des agriculteurs.

Pierre Jassogne 13-02-2017 Alter Échos n° 440

Les CPAS de Soignies et de Tubize lancent un vaste projet d’insertion sur les métiers de la terre, en mettant en lien des bénéficiaires avec des agriculteurs.

À Soignies et Tubize, des agriculteurs accueilleront des bénéficiaires du CPAS dès mars, et tout le long de l’année 2017. «Nous rencontrons parmi les bénéficiaires des profils qui voulaient avoir un accès au travail de la terre, accès que nous ne proposions pas jusque-là», explique Magali Hirsoux, chargée du projet à Soignies. Pourtant, le service d’insertion de la commune hennuyère développe déjà différentes activités environnementales. Ainsi, il organise, depuis plus de cinq ans, un potager communautaire. Les participants y cultivent, de manière biologique, des légumes et fruits rouges qui servent soit à leur propre consommation, soit à l’atelier cuisine également proposé en leurs locaux. Ce potager leur a permis d’entrer en contact avec différents maraîchers de la région. Dans le cadre de ce nouveau projet, l’insertion débutera d’ailleurs par un stage pour découvrir les bases du métier de la terre au sein de ce potager collectif avant d’être accueilli par un agriculteur. «L’objectif serait d’aller vers une mise à l’emploi des bénéficiaires dans des secteurs liés à l’agriculture ou du maraîchage», continue Magali Hirsoux.

«L’idée est de développer aussi un réseau d’insertion autour des métiers de la terre dans sa région respective», précise-t-elle encore. Outre Soignies et Tubize, huit autres communes pourraient se lancer dans ce projet. «Nous envisageons donc de couvrir une population de 168.000 habitants et 1.580 bénéficiaires du revenu d’intégration sociale», explique, pour sa part, Catherine Franssen du CPAS de Tubize. «De tels projets se sont déjà développés en Flandre au début des années 2000. Ils ont pris une ampleur importante, en mettant en connexion deux mondes, celui de la ruralité et celui de l’insertion sociale», continue-t-elle.

600 jours d’accueil

Ce projet s’inscrit d’ailleurs dans le cadre du programme wallon de développement rural et fait partie des sept initiatives retenues qui visent l’intégration sociale en milieu rural dans le sud du pays.

«L’aide apportée par des bénéficiaires en insertion sociale est à petite échelle, mais elle pourra faire la différence pour de petits agriculteurs qui travaillent avec peu de machines […]» Catherine Franssen, du CPAS de Tubize

Les activités proposées dans ce cadre seront multiples: entretien des espaces verts, des bêtes, récolte du foin, des fruits ou des légumes, aide à la vente… «Ils répondent autant aux besoins d’aide réellement constatés sur le terrain par les fermiers qu’aux spécificités des bénéficiaires. Nous partons du principe ‘gagnant-gagnant’ où chacun des protagonistes a des besoins mais aussi des ressources et quelque chose à apporter à l’autre, ajoute Catherine Franssen. L’aide apportée par des bénéficiaires en insertion sociale est à petite échelle mais elle pourra faire la différence pour de petits agriculteurs qui travaillent avec peu de machines, sur de petites superficies pour la création d’une production agricole qui se focalise plus sur la qualité que la quantité

Pour cette première année, neuf agriculteurs accueilleront entre 10 et 15% des bénéficiaires de l’insertion sociale des CPAS de Tubize et de Soignies. «L’accueil proposé sera de 20 à 30 journées d’insertion par semaine. Avec une moyenne de 600 jours d’accueil par an, explique Magali Hirsoux. Quant aux exploitants, ceux que nous avons convaincus ont une fibre sociale, loin de l’agriculture industrielle, en développant de nombreuses actions autour du circuit court. Notre volonté est aussi de refaire de l’agriculteur un acteur social à part entière.»

En savoir plus

Alter Échos n°434, «Si on ne fait rien, l’agriculture familiale sera démembrée», Pierre Jassogne, 30 novembre 2016

Pierre Jassogne

Pierre Jassogne

Journaliste

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