Les ministres européens de l’Intérieur et de l’immigration se réunissent pour s’accorder sur une répartition de 120 000 demandeurs d’asile. La Belgique est favorable à ce plan… même si le gouvernement estime qu’on lui en demande trop.
L’Europe est divisée. Il y a ceux qui sont favorables au plan de répartition européen de 120 000 demandeurs d’asile proposé par la Commission et ceux qui y sont opposés. Ces derniers étant minoritaires et constitués de pays de l’est, comme la Slovaquie, la république Tchèque et la Pologne. C’est ce soir, mardi 22 septembre, que les ministres de l’Intérieur vont essayer de se mettre d’accord.
Dans ce bras de fer, la Belgique s’est prononcée en faveur de ce mécanisme.
Rappelons que la Commission européenne a proposé, au mois de mai de « relocaliser » 40 000 réfugiés syriens et érythréens à partir de la Grèce et de l’Italie. Vu l’afflux d’exilés, cette proposition s’est vue complétée par un plan de répartition de 120 000 personnes supplémentaires. La Grèce et l’Italie seraient toujours concernées par cette mesure de solidarité, mais aussi la Hongrie qui, curieusement s’oppose à ces « quotas » qui pourtant la soulageraient.
La répartition entre les États se ferait sur base de différents critères : la taille de la population, le PIB du pays, le nombre moyen de demandeurs d’asile accueillis ces dernières années et le taux de chômage national.
Suivant cette clé de répartition, la Belgique accueillerait 4564 réfugiés supplémentaires.
Depuis que l’idée d’une répartition a été lancée par la Commission européenne, la Belgique souffle le chaud et le froid.
Certes, le gouvernement s’est toujours prononcé en faveur du principe. Mais sa transcription concrète semble poser problème. La clé de répartition n’étant pas du goût de Théo Francken qui estimait au mois de mai que la Commission n’avait « pas assez pris en compte les efforts fournis par les pays ». En gros : la Belgique fait déjà beaucoup, il faudrait peut-être… revoir à la baisse le nombre de réfugiés à accueillir.
Une position assez stable. Le 7 septembre dernier, le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration estimait que le plan européen était « déséquilibré. Certains pays ne prennent pas leur part ». Théo Francken montrait du doigt les pays de l’est et avait même proposé de ne plus verser les subventions à l’agriculture aux pays européens qui rechigneraient à appliquer ce mécanisme de répartition, rejoignant en ce sens une position allemande.
Aujourd’hui, à l’entrée du Conseil des ministres européens, le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration a réitéré sa demande d’une solidarité qui doit « fonctionner dans les deux sens », espérant qu’un accord soit trouvé. Que la répartition soit volontaire ou obligatoire.
Dans le même temps, Bart De Wever (NV-A) choisissait son jour pour poursuivre son travail de sape, estimant que la convention de Genève sur le statut de réfugié, qui garantit un égalité de droit entre ressortissants nationaux et réfugiés, devrait être modifiée en un sens plus strict. Le bourgmestre d’Anvers a aussi dénoncé l’attitude de l’Allemagne qu’il juge trop accueillante. Il a même égratigné le gouvernement fédéral, donc indirectement son « poulain » Théo Francken, estimant que « La Belgique n’est pas si loin de la politique d’ouverture de sainte Angela Merkel ». Il a ensuite partagé son analyse plutôt étrange de la situation : « Réfugié de guerre, vous l’êtes si vous fuyez un territoire en conflit. Si vous déambulez pendant des milliers de kilomètres, vous n’êtes plus à la recherche de la sécurité, mais d’une meilleure vie. Si vous leur demandez ce qui les amène ici, c’est la qualité de l’accueil, les procédures claires et la forte chance d’obtenir une reconnaissance. » Solidarité quand tu nous tiens…
Dans un peu plus de deux semaines, Alter Échos reviendra en profondeur sur la « crise de l’asile » et ses impacts en Belgique.