Alter Echos a demandé cette fois-ci à Jean-Baptiste De Crée1, président sortant du conseil d’administration du Foyer bruxellois (SISP propriétaire des logementssociaux du Rempart des moines), de s’exprimer à propos de la problématique des cinq tours de logements sociaux du Rempart des moines. Pour rappel, le débat porte sur lethème suivant : « Faut-il démolir les tours puis reconstruire, ou réaliser une rénovation lourde ? »
Jean-Baptiste De Crée : Les tours du Rempart des moines sont un des plus gros dossiers en matière de logement social. En fait, c’est la première fois qu’on décide des’attaquer aux tours pour les réduire. Cette décision a fait l’objet de longues réflexions : brainstorming, colloques, réunions, etc. La volonté de réduireles tours s’inscrit dans l’air du temps. Il y a cinq ans, le scénario de base était axé sur la rénovation, car ces tours – qui datent des années 60 –étaient déjà en mauvais état. À l’époque, on n’imaginait pas un tel engouement des gens pour acheter dans le centre-ville. En conséquence, iln’était pas question d’envisager un scénario de démolition-reconstruction. Puis, il y a eu ce boom immobilier et des gens ont proposé de racheter le terrain.Démolir puis reconstruire est alors devenu un scénario réaliste.
Alter Echos : Quels seraient les avantages d’un tel scénario ?
J-B DC : En fait, l’école De Mot, les cinq tours et le canal constituent trois murs qui empêchent le développement du centre-ville. Si on supprime au moins un de ces murs –les cinq tours –, cela devrait favoriser le développement. De plus, aucun architecte n’a proposé de solution satisfaisante pour un scénario de rénovation. On s’estdonc dit qu’on pouvait faire mieux, d’où la solution de tout démolir pour reconstruire ensuite du logement mixte. Bien entendu, on maintiendrait les quelque 350 logements sociaux…Concrètement, la zone se composerait alors de logement social, de logement moyen, de logement de luxe, ainsi que de commerces (de proximité, de luxe) et d’infrastructures sportives.Pour l’instant, un certificat d’urbanisme est en cours d’élaboration pour créer des rues là où il n’y en a pas (dans un axe Bourse-canal). Cela permettrait de revenirà des pâtés de maisons plus classiques… On y gagnerait au niveau de l’harmonie et de la sécurité du quartier, tout en favorisant son intégration dans laville.
AE : Comment procéderait-on pour la mise en œuvre du projet ?
J-B DC : Tout d’abord, il faudrait construire quelque 70 logements dans les environs avant de démolir quoi que ce soit. Une fois cela fait, on y relogerait les gens d’une tour avant deprocéder à la démolition de celle-ci. Une fois cette tour reconstruite, on s’attaquerait à la deuxième et ainsi de suite. Il s’agirait en fait d’uneopération-tiroirs. Dans un second temps, on mettrait en vente une partie des parcelles. On verra alors qui achètera. S’il y a beaucoup de petits acheteurs, cela devrait favoriser lamixité du logement.
AE : Quel serait le coût de cette opération ?
J-B DC : Le coût de la rénovation lourde se situerait entre 800 et 900 millions de francs. Celui d’une démolition-reconstruction devrait s’élever à environ 1,2milliard. La différence n’est pas énorme. Étalée sur deux plans triennaux – voire trois si la Région est confrontée à des problèmesbudgétaires –, l’opération devrait donc coûter 200 millions par an. Elle pourrait d’ailleurs commencer d’ici à la fin de l’année. Étant donné quela Ville doit délivrer le permis d’urbanisme, je resterai donc attentif à ce dossier en tant qu’échevin.
1 Actuellement Échevin de l’État civil à la Ville de Bruxelles, hôtel de ville, Grand-Place, 1000 Bruxelles, tél. : 02 279 23 10, fax : 02 279 23 15.
Archives
"Rempart des moines : la position de Jean-Baptiste De Crée (IV)"
Baudouin Massart
12-02-2001
Alter Échos n° 91
Baudouin Massart
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