De tracasseries en discriminations, la vie des gens du voyage devient chaque jour un peu plus difficile. En butte aux préjugés et à la méconnaissance de leur mode devie, de leur culture ils sont exposés à une précarité grandissante. Lors de la conférence de presse qu’ils ont organisée ce 20 février, avec leconcours notamment, du MRAX, de la Ligue des droits de l’homme, ils ont tenté de faire entendre leur voix. Mais que revendiquent-ils ? Simplement le droit de voyager, de restereux-mêmes, d’être des nomades. Or, pour ce faire, il faut leur offrir un minimum de terrains de passage d’hivernage et trouver une solution au problème de la domiciliation.
En l’état actuel de la situation, c’est au jour le jour et sous tension, que se négocient quelques jours de tolérance sur des terrains désaffectés ou totalementinadéquats. À titre d’exemple, en moins d’un mois, ils ont dû quitter dans la précipitation le terrain qu’ils occupaient à Anderlues, Uccle, Mechelen, pour aboutirsur un tronçon d’autoroute désaffecté, horizon peu agréable s’il en est, dont ils ont d’ailleurs été expulsés après trois jours.
Le motif évoqué afin de les chasser est toujours le même : ils contreviennent au règlement de police concernant les terrains de camping. Il est évident que leurréalité n’est pas celle-là, en aucun cas l’on ne peut les confondre avec de simples touristes. Il est temps d’adopter une législation qui tienne compte de leurspécificité. En France, L. Souvet a déposé une proposition de loi visant à rendre obligatoire la mise à disposition d’un terrain pour toute commune de plusde cinq mille habitants.
En Belgique, si la Flandre propose 28 terrains communaux aménagés, ce qui reste en deçà des besoins, en Wallonie, seule Bastogne s’est dotée d’un terrain de passageofficiel. Il convient toutefois de remarquer que le cabinet du ministre Detienne a pris l’initiative d’ouvrir une enveloppe budgétaire de 5.000.0000 FB pour l’aménagement de terrains depassage. L’on peut dès lors raisonnablement espérer une amélioration de la situation. À Bruxelles, par contre, il n’y a pas de terrain prévu pour accueillir lesgens du voyage. Il serait également important que l’on offre à ceux-ci la possibilité de se domicilier auprès d’organisations représentatives. À terme, siaucune solution réelle ne devait être trouvée, c’est un mode de vie, une culture qui est amenée à disparaître.
Les Tsiganes ont également évoqué les risques encourus par leur communauté : « Dans une société qui se veut multiculturelle, l’on risque d’imposer lasédentarité à une communauté qui n’en veut pas » et ont rappelé les discriminations dont leur communauté a toujours été l’objet : Durementéprouvés durant la Seconde Guerre mondiale, les Roms, les Manouches, les Tsiganes gardent au cœur des plaies, ravivées par le sort que la Belgique continue à leurimposer.
Quelques références :
> José Gotovitch, Quelques données relatives à l’extermination des Tsiganes de Belgique.
> Le Matin (20 décembre 2000), « Le dossier refilé aux communes ».
> Vers l’Avenir (mars 2000), « Accueillir les gens du voyage ».
> La Dernière Heure (23 mars 2000), « Les gens du voyage chez J. Simonet ».
> Le Soir (26 et 27 août 2000) : « Anderlues invite ses Tsiganes à fuir ».
Agence Alter
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