Depuis plusieurs années, le Resto du cœur de Namur1 et l’AIS Gestion Logement Namur (GLN)2 travaillent en partenariat pour loger les plusdéfavorisés et les préparer à la réalité du marché du logement classique. En sus, l’action du Resto du coeur permet de préserver des poches deloyers abordables dans un quartier en pleine revitalisation.
Comment éviter de mélanger les casquettes tout en assurant une réinsertion par le logement efficace des plus défavorisés ? Pour Roberto Galante, directeur duResto du cœur, le partenariat avec l’AIS de Namur est essentiel pour relever ce défi : « Nous voulons venir en aide à des personnes en difficulté, mais on ne peut pasporter toutes les casquettes : propriétaire et assistant social. » Aussi, ont-ils décidé de confier la casquette du propriétaire à l’AIS, tandis que le Restodu coeur a gardé celle d’assistant social en confiant la gestion de son parc locatif à l’AIS.
Le Resto du cœur dispose en effet de huit logements (maisons, petits kots et appartements) qu’il a soit en propriété, soit en emphytéose. Tous sont gérés parl’AIS, selon les règles régionales des logements de transit et d’insertion, même si seuls quatre d’entre eux ont obtenu les subsides ad hoc. Pour trois autres, le Resto ducœur a obtenu un prêt sans intérêt du Bureau économique de la Province de Namur. Le huitième a été mis à disposition par la Ville. Tous leslogements sont supervisés, certains jouent davantage le rôle de logement de transit, lorsque le locataire a besoin d’un temps court d’accompagnement, d’autres celui d’insertion,lorsqu’il s’agit de projets sur le long terme.
Mise en situation réelle
Joël Schallenberg, directeur de l’AIS GLN, estime intéressant de diluer les pouvoirs : « Il faut éviter, en cas de conflit avec le propriétaire, qu’il y ait aussiconflit avec l’assistant social. Il n’est pas bon non plus que le propriétaire soit au courant des autres problèmes (dettes, décrochage scolaire, rupture de liens familiaux,etc.) du locataire. » Ces aspects sont pris en charge par le Resto du cœur. L’AIS garde seulement ce qui relève de l’accompagnement au logement : qu’est-ce qu’un contrat de bail ;à quoi faut-il s’attendre dans le privé ; quels sont les points d’attention en vue d’un contrat de bail futur ; quelle est la meilleure manière de formuler les choses pour lesobtenir auprès d’un propriétaire ; en cas de non-respect de règles, quelles sont les sanctions encourues dans le privé.
« Le but est de préparer la personne à une situation de logement classique, poursuit Joël Schallenberg, il faut donc que cela soit au plus proche de la réalité.Dans les logements supervisés, on demande à la personne de payer un peu plus que le loyer – qui est « social ». Par exemple, la personne payera 8 000 FB, dont 6 000 servirontà payer le loyer (dont 15 % couvriront la gestion de l’AIS) et 2 000 iront sur un compte d’épargne. Cette épargne permettra au locataire qui quittera son logement de transit etd’insertion pour un autre logement d’avoir une garantie locative, de payer son déménagement et d’acheter des meubles. » Le Resto du coeur accompagnera la personne dans cesdémarches, y compris celle de retrouver ou conserver ses droits.
Qui peut en bénéficier ?
« Chez nous, il doit toujours y avoir un projet, explique Roberto Galante. Cela peut-être finir ses études, récupérer ses enfants, retrouver ses droits… Une foisle but atteint, la personne poursuit son chemin ailleurs. »
Mais quand les places viennent à manquer, il faut bien sélectionner les candidats. Là aussi, l’AIS intervient. « Elle sait discuter avec les gens pour choisir les candidatsou trouver des alternatives », souligne notre interlocuteur. « On va en effet peut-être se rendre compte que quelqu’un est davantage prêt à être autonome,complète Joël Schallenberg. Dès lors, autant laisser le logement à quelqu’un qui a plus besoin d’apprendre à être autonome. »
Une combinaison gagnante
Les avantages de ce partenariat sont nombreux. La gestion des logements par l’AIS permet au Resto du coeur de rentrer dans ses frais et de préparer d’autres logements (trois prochainement).L’AIS, pour sa part, peut offrir un projet de logement à long terme à la fin du contrat de bail dans le logement de transit et d’insertion.
Pour le Resto du cœur, cela permet aussi de tirer les gens vers le haut. « Être locataire via l’AIS ne stigmatise pas, car les logements sont disséminés dans le tissuurbain. En ne l’isolant pas dans un ghetto, on rappelle à la personne qu’elle fait partie du monde », souligne son directeur. Joël Schallenberg renchérit : « Noslogements ne sont pas aussi bon marché que ceux du logement social, mais ils sont davantage inscrits dans la cité. »
Autre avantage du partenariat, avec le Resto du coeur, la personne va trouver une aide contre le surendettement, une aide alimentaire… Elle pourra aussi boucler plus facilement un budget. Pour leresponsable de l’AIS namuroise, cette palette d’outils permet de régler une série de problèmes. Il y a aussi la possibilité d’organiser des activités culturellesgrâce à l’article 27. L’AIS va pouvoir travailler une série d’aspects qu’elle ne peut faire sans le Resto du coeur. Cela permet de favoriser l’insertion sociale et ne passeulement faire que du logement.
Le partenariat permet également de disposer au mieux des ressources mises à disposition des AIS et du Resto du cœur. Les logements de ce dernier ont pu accéder aux budgetsrégionaux des logements de transit et d’insertion par le biais de l’AIS. Par ailleurs, le fait que les deux directeurs soient membres du CA de l’autre association favorise un échangerapide d’informations et l’ajustement de certains projets lors des prises de décisions en CA. Dernier élément, « il s’agit d’un partenariat privé, qui s’est ouvertau public – Ville, Province, Région – sans crainte de se voir instrumentaliser », complètent nos interlocuteurs.
Acteur de développement urbain
Le quartier où est implanté le Resto du cœur est plutôt populaire. Il est actuellement en pleine mutation du fait de l’implantation de bâtiments de l’administrationwallonne et du redéveloppement de la gare. « Dès lors, explique Joël Schallenberg, on s’est dit qu’il était important de garder des noyaux où des loyersn’augmenteront pas. L’implantation du Resto dans le quartier a un rôle social. »
1. Resto du cœur, rue d’Arquet 3-7 à 5000 Namur – tél. : 081 22 53 23 – fax : 081 2247 85 – courriel : info@rdcn.be
2. AIS Gestion Logement Namur, rue Saint-Nicolas 8 à 5000 Namur – tél. : 081 22 59 66 – courriel : gestionlogementnamur@skynet.be