L’organisme de financement bruxellois, Brusoc1, prête à ceux dont les banques ne veulent pas. Il vient en aide aux nouveaux entrepreneurs ou à ceux qui ontbesoin d’une deuxième chance. Mais Brusoc, subventionné par le Feder, a-t-il réellement les moyens de ses ambitions ?
Il y a quatre ans, Dominique Weber met sur pied sa sprl Lookhatme2 à Molenbeek-Saint-Jean. Elle se lance dans la création et la production de chapeaux-turbans dans unematière spécifique qui permet à la peau de respirer. Un malencontreux conflit avec son distributeur l’amène à se défendre en justice. «J’étais seule devant les tribunaux, les charges étaient élevées et je ne vendais plus rien. Je n’avais plus le choix, je devais emprunter, mais les banquesétaient réticentes et leurs taux d’intérêt élevés. » Elle découvre Brusoc et tout va alors très vite. Après quelquesrencontres et la présentation d’un plan d’affaires, Dominique bénéficie d’un fonds d’amorçage de 40 000 euros à un tauxd’intérêt de 4 %. Avec cet argent, elle achète ses matières premières, fait fabriquer ses produits, se diversifie et reprend des parts de marché.« Alors que j’étais en procédure juridique, c’était un pari fou et très culotté de la part de Brusoc. »
Cet organisme de financement régional s’occupe du soutien et de la promotion de l’économie sociale et locale en tant que filiale de la Sociétérégionale d’investissement de Bruxelles. La SRIB a pour mission de contribuer à la croissance et au développement des PME bruxelloises. Dans le cadre de cette mission, Brusoc apour tâche de prêter de l’argent à des personnes désirant entreprendre. Elles doivent obligatoirement se situer dans l’une des sept communes de la zoned’intervention prioritaire (ZIP) : Anderlecht, Bruxelles-ville, Forest, Molenbeek-Saint-Jean, Saint-Gilles, Saint-Josse et Schaerbeek, disposer d’un minimum de fonds propres etrencontrer des difficultés à obtenir un crédit bancaire. Il existe différents types de prêts à un taux d’intérêt de 4 ou 5 % : lemicro-crédit destiné aux indépendants (1 250 à 25 000 euros), le fonds d’amorçage destiné aux petites sociétés commerciales (5 000à 95 000 euros), le prêt de trésorerie (jusqu’à 7 500 euros) et le prêt subordonné destiné aux projets d’économie sociale oul’insertion (5 000 à 75 000 euros).
Un accompagnement adapté ?
Mais Brusoc ne se contente pas uniquement de prêter de l’argent. Chaque partenaire bénéficie d’un accompagnement individuel par un analyste financier pour lademande de prêt ainsi que durant la période du remboursement (de un à cinq ans). Mais pour le partenaire Oni23, les conseils prodigués n’ont pas toujoursété judicieux.
Fin 2006, Alexandre Sultan et Jackson Kabeya lancent leur site d’e-commerce Oni2. Ils s’adressent à Brusoc et obtiennent un premier prêt de 10 000 euros. « Notrepremier analyste s’est beaucoup investi dans notre dossier. Par la suite et durant la procédure d’accompagnement, nous n’avons reçu de sa part aucun conseil enmatière de gestion. » Fin 2008, le premier emprunt est quasi remboursé. Afin de financer le développement de l’entreprise, ils en sollicitent un deuxièmeet rencontrent leur nouvel analyste. « Il arrivait à presque chaque réunion sans aucune préparation et posait des questions absurdes. Alors qu’il fallait agirvite, il nous faisait attendre sans explication. » Un deuxième prêt de 16 000 euros leur est finalement accordé. Avec la crise, leur chiffre d’affaires diminue et toutinvestissement est arrêté. En 2010, la trésorerie a besoin d’être renflouée. Ils font alors une troisième demande de prêt auprès dumême analyste accompagné cette fois d’un jeune analyste fraîchement débarqué. Cette troisième demande ne sera pas acceptée. « Nousn’avons reçu aucun motif valable qui aurait motivé leur décision. Aujourd’hui, nos perspectives sont incertaines. »
La majorité des partenaires de Brusoc estiment, cependant, entretenir une relation privilégiée avec leur analyste financier et échanger des informations demanière régulière. L’organisme ne compte, toutefois, que trois analystes financiers pour des centaines de partenaires auxquels Brusoc garantit, pourtant, un accompagnement« rapproché et adapté ».
Depuis sa création en 2001, 8 300 000 euros ont été investis dans près de 450 entreprises et 927 emplois ont été créés. Les fondsdu Feder (Fonds européen de développement régional) dégagés pour la période de 2007 à 2013 se sont, eux, élevés à5 637 000 euros.
1. Brusoc :
– adresse : rue de Stassart, 32 à 1050 Bruxelles
– tél. : 02 548 22 11
– courriel : brusoc@srib.be
– site : www.brusoc.be
2. Lookhatme :
– adresse : quai des Charbonnages, 38 à 1080 Bruxelles
– tél. : 02 410 61 98
– site : www.lookhatme.com
3. Oni 2 :
– adresse : place de la Minoterie, 10 à 1080 Bruxelles
– tél. : 02 412 56 89
– site : www.oni2.com