Santé environnementale et vulnérabilités sociales sont trop souvent traitées séparément. Elles sont pourtant indissociables en termes de santépublique.
L’environnement génère des facteurs de risques. Or ce sont souvent les populations défavorisées qui sont le plus exposées à ces risques, qu’ils soientliés à l’environnement extérieur, professionnel ou encore au logement. Eliane Tillieux (PS), ministre wallonne de la Santé et l’Action sociale1, encollaboration avec l’Observatoire wallon de la santé, a organisé à Namur les 21 et 22 octobre un colloque européen sur les liens entre santé environnementale etvulnérabilités sociales.
Face aux risques environnementaux, y a-t-il des populations à risques ? Les impacts de l’environnement sur la santé sont le reflet des inégalités de santé. C’estvrai dans notre pays comme partout ailleurs. En Europe, les communautés roms y sont particulièrement vulnérables. En Macédoine, elles cumulent un taux de chômageélevé, des problèmes d’infrastructure et d’accès à l’eau potable. Or on constate chez ces populations des risques plus élevés d’accouchementprématuré, un taux supérieur de mortalité infantile, un taux plus faible d’immunisation, un taux plus élevé d’accidents et de maladies transmissibles.
En Hongrie, un projet de recherche de la Faculté de santé publique de l’Université de Debrecen a abouti à la création de l’association Opre Roma2,composée pour moitié de chercheurs et pour moitié de Roms, et qui tend à améliorer les conditions de vie et de santé de ces derniers. L’objectif premierétait d’éviter l’évacuation des familles, occupant des maisons délabrées depuis parfois plus de vingt ans. L’association s’attelle aujourd’hui à mener desnégociations foncières, à élaborer un plan de logement sain et durable, à collecter des fonds et au développement social et culturel de la communauté.« Tout cela s’est fait étape par étape, en impliquant la population à chacune d’entre elles », a expliqué Karolina Kosa, une des responsables du projet. Cetteexpérience révèle la nécessité de faire participer les publics cibles dès la conception des projets. Encore faut-il savoir pourquoi et comment. Laparticipation « véritable, interculturelle et intersectorielle » est une étape qui est souvent bien maltraitée… Et ce sont également toutes les partiesprenantes qu’il s’agit d’impliquer. Un atelier s’est attaché à questionner la prise en compte de l’associatif dans les politiques de santé environnementale.
L’exemple de Marchienne-au-Pont
Patrick Jadoulle, médecin généraliste à la maison médicale de Marchienne-au-Pont, a présenté l’exemple de la gestion de la pollutionatmosphérique et de ses conséquences sur la santé avec l’ensemble des acteurs de terrain. Petit retour en arrière. 2006, près de Charleroi, un jour sur deux, laconcentration de microparticules dans l’air dépasse le seuil autorisé et ce de manière considérable. Depuis plus de vingt ans, les riverains des industries se plaignent etfont des appels du pied. Petit à petit, les acteurs de terrain se sentent concernés. Après une forte aggravation de la fréquence et de l’intensité de la pollutionatmosphérique, les autorités politiques wallonnes proposent la création d’un groupe de travail et interpellent les acteurs locaux. « Les pouvoirs publics ont mis un cadreet les associations s’y sont engouffrées, elles ont ensuite été le moteur de l’action. » Parmi elles : l’asbl Espace-Environnement, la maison médicale, les espacescitoyens (CPAS), les comités de riverains… « Toute une dynamique s’est mise en place avec pour but d’améliorer la qualité de l’air dans la région. » Avec lamise sur pied d’un groupe de travail environnement-santé, d’un comité technique et scientifique et d’un comité de suivi qui fait la part belle aux riverainsintéressés, les énergies mobilisées permettent d’obtenir des industries concernées des investissements industriels qui aboutissent à une améliorationsignificative de la qualité de l’air à partir de 2008.
« Il est nécessaire de travailler ensemble, de manière pluridisciplinaire, a conclu Françoise Jadoulle, de l’asbl Espace-Environnement. On ne peut plus réaliserde projets sans allier les acteurs de l’environnement, de la santé et du social, et la population elle-même. Ce sont les projets qui ont le plus de chances de réussir. Il y a lanécessité de concertation entre les acteurs, la nécessité, aussi, de travailler sur des problématiques concrètes rencontrées par les habitants.»
1. Cabinet d’Eliane Tillieux :
– adresse : rue des Brigades d’Irlande, 4 à 5100 Jambes
– tél. : 081 32 34 11
– courriel : eliane.tillieux@gov.wallonie.be
– site web : http://tillieux.wallonie.be
2. www.opreromadmk.hu
3. Maison médicale La Glaise :
– adresse : rue Léon Dubois, 241 à 6030 Marchienne-au-Pont
– tél. : 071 31 87 47
– courriel : mm.laglaise@belgacom.be