Lundi 27 juin, des Roms ont été expulsés de la gare du Nord, dans laquelle ils avaient installé des matelas. Parmi eux, on comptait beaucoup de demandeurs d’asile.Certains ont échoué au Samu social. Quarante-six exactement, dont vingt-six mineurs. Il s’agissait en fait d’un énième épisode de la crise de l’accueil desdemandeurs d’asile qui frappe notre pays.
Evelyne Huytebroeck (Ecolo), ministre de l’Aide à la jeunesse1, a dénoncé dans un communiqué de presse la décision de la bourgmestre faisant fonctionde Schaerbeek, Cécile Jodogne, la qualifiant de « hâtive et non concertée avec les acteurs de première ligne de l’accueil ».
Au CPAS de Schaerbeek2 on affirmait regretter de n’avoir pas été mis au courant de cette expulsion par la commune. « Si le CPAS avait étéprévenu, peut-on lire dans un communiqué de presse, il aurait pu analyser la situation des personnes et voir comment y répondre de façon coordonnée avec les acteursassociatifs et institutionnels, tant communaux que régionaux et fédéraux. Au minimum, le premier réflexe doit être d’alerter le CPAS dès que la situation estconnue. »
Du côté de la commune de Schaerbeek, Marc Weber, le chef de cabinet de la bourgmestre3, déplorait « cette façon de faire passer la Commune pour desgens sans cœur. » Avant d’ajouter, un peu las, « ça me gonfle ». Pour lui, « la gare du Nord n’est pas un endroit adéquat pouraccueillir qui que ce soit. De plus, la police ne les a pas expulsés manu militari, mais leur a simplement dit de ne pas s’installer dans la gare pendant la nuit. » Enfin, s’iladmettait n’avoir pas téléphoné au CPAS, il estimait qu’un tel appel n’aurait servi à rien : « le CPAS n’a plus un local à mettre àdisposition. » Marc Weber préfère insister sur la situation globale des Roms qu’il juge « terrible » et pour laquelle « la Belgique n’a rienfait ».
Il estimait être pris dans la vague d’un « combat politique » et il pointait Yvan Mayeur, responsable du Samu Social et du CPAS de Bruxelles, qui a, le premier,dénoncé l’attitude des autorités schaerbeekoises. « C’est un coup en dessous de la ceinture », nous disait-il. Ce en quoi il rejoint le CPAS de Schaerbeekqui, par la voix de sa présidente, Dominique Decoux, estime qu’il est « dérisoire que des responsables de Communes et CPAS bruxellois se renvoient la responsabilité deces questions, alors que les plus gros CPAS font face à des difficultés croissantes dont l’une des causes est le refus du fédéral de réactiver le plan derépartition des demandeurs d’asile. »
Et ça continue, encore et encore
Cet épisode révèle une fois de plus le problème abyssal de la crise de l’accueil des demandeurs d’asile. Le réseau d’accueil de Fédasil est toujourssaturé. Quant aux CPAS (hormis les Bruxellois), la plupart refusent la mise en place d’un plan de répartition des demandeurs d’asile qui permettrait un partage du coût del’accueil de ces demandeurs.
Et puis, il faut bien le signaler, parmi les demandeurs d’asile, déjà bien mal accueillis, les demandeurs d’asile européens, les Roms plus spécifiquement, font figurede quasi-parias. A l’heure actuelle, dans la pratique, ils ne sont plus accueillis par Fédasil. On apprenait par ailleurs dans Le Soir du mercredi 29 juin qu’une majoritéalternative à la Chambre des députés préparait un texte excluant ce public de toute possibilité d’accueil.
1. Cabinet d’Evelyne Huytebroeck :
– adresse : place Surlet de Choquier, 15-17 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 227 32 11
– site : http://evelyne.huytebroeck.be/
2. CPAS de Schaerbeek :
– adresse : chaussée de Haecht, 176 à 1030 Schaerbeek
– tél. : 02 247 33 32
3. Cabinet de la bourgmestre ff, Cécile Jodogne, Administration communale de Schaerbeek :
– adresse : place Collignon à 1030 Schaerbeek
– tél. : 02 244 71 23
– site : www.schaerbeek.irisnet.be
