Les intervenants auprès des familles en crise sont nombreux : médiateurs, psychologues, médecins, notaires, avocats, juges etc. Ces acteurs ne se connaissent pas bien.L’association pour la médiation familiale a organisé un colloque pour briser la glace.
Cela relève du cliché, certes, mais il est vrai que la famille a bien changé. Cohabitation légale, mariage homosexuel, hausse du nombre de divorces, chute de lafécondité, concubinage, avortement, montée de l’individualisme et autres combinaisons modifient en permanence le paysage familial. Conséquence logique de ce quiprécède, les conflits familiaux ont aussi opéré une mutation, obligeant la norme juridique à s’adapter. Face aux multiples facettes de la famille, le juge (oul’avocat) se tourne désormais vers différents partenaires : un psychologue, un expert, un notaire, une association ou un médiateur familial.
Ces acteurs qui gravitent autour de la famille en crise ne se connaissent pas, ou très peu, ils évoluent dans des mondes cloisonnés et se sentent parfois seuls. Dans lemême temps, les familles pâtissent de ces cloisonnements, car elles sont confrontées à de nombreux avis d’experts, parfois contradictoires, elles sont ballottées d’unservice à un autre et doivent répéter à chaque fois leur histoire, ce qui peut enfanter de nouvelles tensions. Ces constats sont à l’origine du colloqueorganisé le 19 mars à Louvain-La-Neuve, par l’Association pour la médiation familiale (AMF)1, intitulé « les divers intervenants dans les familles encrise : quelles synergies ? ».
Découvrir la réalité professionnelle de l’autre
Apprendre à se connaître, créer du lien et découvrir la réalité professionnelle de l’autre étaient les objectifs affichés de ce colloque.Monique Stroobants est une sommité du monde de la médiation. Elle est présidente d’honneur de l’AMF et enseigne en Belgique, en France et au Québec, elle estime que c’esten observant d’autres pratiques professionnelles qu’elle a pu affiner sa propre pratique : « J’ai travaillé avec des psychologues, des avocats, des magistrats, nous avons chacundû accepter le point de vue de l’autre, c’est par cette construction commune que s’est créée la médiation. » En tissant des liens entre les acteurs, chacunespère que les familles en crise seront les premières bénéficiaires. « Si les acteurs se connaissent, ils peuvent orienter plus facilement les familles vers tel outel service, l’information et sa diffusion sont deux aspects essentiels dans le domaine de la médiation familiale, et le public est trop peu informé », affirme Annette Bridoux,présidente de l’AMF. Dès lors, l’AMF a invité un panel hétéroclite d’intervenants, du policier au magistrat en passant par le psychiatre et l’assistant social.
L’AMF attendait une centaine de personnes, ce sont plus de 120 participants qui ont écouté avec attention les différentes interventions et les transitions, de petitessaynètes illustrant joyeusement les incompréhensions du secteur. Il est donc clair que ce colloque répond à un besoin des acteurs dont certains se sont rencontrésces deux dernières années lors de tables rondes déjà organisées par l’association. L’espoir caressé par les membres de l’AMF est de lancer une dynamiqueà partir de ce colloque et d’envisager à plus ou moins court terme de mettre en place des collaborations structurelles.
Il faut dire que les projets actuels de reconstruction du paysage judiciaire vont dans ce sens, selon Antoinette Bridoux, « c’est une évolution positive qui se profile, chaquearrondissement judiciaire aura un tribunal de la famille qui traitera de nombreuses procédures : divorces, gardes parentales, contributions alimentaires, fugues ou protection des mineursdélinquants. Il y aura un « guichet unique », un bureau d’accueil qui dirigera vers le meilleur interlocuteur, dont le médiateur familial, il y aura donc des permanences pour accueillirles familles en situation de conflit, cette modification du paysage nous obligera à communiquer, elle va dans le bon sens. »
Finalement, l’AMF a appliqué les techniques de base de la médiation familiale aux professionnels de tout un secteur : faciliter la discussion et guider la réflexion dansune atmosphère positive de discussion.
1. Association pour la médiation familiale :
– adresse : drève de Rieveren, 62 à 1083 Bruxelles
– courriel : info@amf.be
– site : www.amf.be