En 2006, la commune de Sambreville entame un gros chantier : découper le territoire communal en vingt quartiers. But de l’opération : affiner la connaissance de la vie desquartiers, mieux identifier leurs limites, soutenir la structuration de comités de quartier comme interlocuteurs des autorités.
Une triple préoccupation que partageraient les intervenants sociaux ainsi que certains des comités de quartier existants, rappelle François Plume, conseiller communal (PS) etprésident de la plate-forme communale des quartiers (PFCQ1). Celle-ci assure la coordination et l’animation du processus de découpage, soutenue par le programme Urbandu Fonds européen de développement régional (Feder) et la Région wallonne, à hauteur de 60 000 euros sur trois ans.
Depuis la fusion des communes en 1974, les politiques de proximité se cherchent une organisation et des canaux de communication. Les vingt futurs quartiers de Sambreville se profilent commeune réponse à cet enjeu, commun à toutes les grandes villes d’Europe, comme l’a rappelé le professeur Poulain, géographe à l’UCL et chargéde l’étude technique du découpage. Pour élaborer un premier projet, il a passé les données socio-économiques et démographiques de Sambreville,27 000 habitants, au crible de treize critères : des éléments paysagers au type de bâti, en passant par la densité de peuplement, les limites anciennes, la forme laplus circulaire possible (afin de limiter les distances à l’intérieur d’un même quartier), etc.
À l’écoute des identités locales
Pour le professeur Poulain, c’est la troisième opération du genre, après Namur et Charleroi. Mais c’est la première à être participativeà ce point. À Sambreville, le processus ne se contente pas de consulter des « forces vives », des « relais d’opinion », des responsablesd’association. Une série de réunions ont été programmées dans les quartiers afin de soumettre la proposition de redécoupage aux habitants. Àl’instar de celle qui se déroulait le jeudi 6 mars dernier, dans la maison de quartier de Seuris-Grippelotte.
Une petite trentaine de personnes étaient présentes, y compris les deux agents de quartier de la police locale. « On invite aussi les politiques, explique FrançoisPlume, président de la PFCQ, mais dans le public. La tribune est réservée à la plate-forme et au professeur Poulain, afin de présenter le projet de découpageen quartiers et d’enregistrer les modifications et contre-propositions amenées par les habitants. »
Si certaines limites « naturelles » du quartier vont de soi (la Sambre à l’ouest, le chemin de fer au nord-ouest), certains espaces charnières donnent lieu àdiscussion. La rue de la Radache, sur la frontière est du quartier, jusqu’où doit-on l’intégrer ou la laisser sur le quartier voisin ? « Uniquement lespremières maisons, argumente un habitant, les plus proches de l’ancien café qui se trouvait sur le carrefour et orientait ses habitués sur le quartier Seuris. »Ailleurs, c’est la tournée de distribution d’un toutes-boîtes du comité de quartier qui donne une indication du sentiment d’appartenance au quartier : « Ondistribuait le journal tout au long de la rue, on s’arrêtait là où les habitants ne râlaient plus de ne pas le recevoir… »
L’auteur de l’étude écoute, questionne, enregistre. Dans certains cas, il annonce directement qu’il modifiera le tracé imaginé. Dans d’autrescas, moins consensuels, il ira rencontrer les habitants concernés pour leur demander leur sentiment. Un travail de précision, dans le détail, qui se confronte au terrain.
Reste que rien n’est figé : les habitants du quartier voisin pourraient revendiquer d’autres limites encore. En dernier recours, c’est le conseil communal qui tranchera.Une certitude, systématiquement rappelée par le professeur Poulain : « Aucun habitant ne se retrouvera dans deux quartiers à la fois ! »
Mieux (se) connaître et se reconnaître
Pour les intervenants sociaux, le découpage devrait être synonyme de transversalité. Chaque quartier aura une identité formelle plus claire, avec des interlocuteursconnus de tous, ce qui devrait contribuer à favoriser les synergies, le travail en réseau. À l’instar de la Maison des jeunes de Tamines, qui profite des réunions deconsultation dans les quartiers pour venir présenter sa nouvelle offre d’ateliers d’initiation à l’informatique ou de cinéma d’animation àdestination des jeunes ados. Pour Olivier Romain, coordinateur de la PFCQ, la nouvelle carte des quartiers, même encore provisoire, constitue une aide appréciable. « Avant,j’avais sous les yeux une carte avec les sept anciennes communes fusionnées, explique-t-il. Ça ne permettait pas de distinguer des logiques plus fines, plus spécifiques.Or, certains quartiers avaient déjà des identités fortes. Aujourd’hui, je peux mieux repérer les gens, les comités de quartier. »
Quels avantages retireront les habitants de ce nouveau découpage ? À travers le projet du collège échevinal de soutenir la création et la pérennisationsystématique des comités de quartier, les habitants auront là un relais formel avec les politiques communales. Et les moyens d’une autonomie pour leurs activités.« Des opérations de convivialité comme « immeubles en fête » ont beaucoup plus de succès si elles sont organisées par les habitants qui le souhaitent que quandça vient d’en haut, que c’est institutionnel », remarque Olivier Romain.
Une démocratie plus citoyenne
À terme, les comités de quartier bénéficieront d’un budget participatif. Un conseil des comités de quartiers, à créer, en arbitrera lesaffectations prioritaires. Une démocratie citoyenne, parallèle au conseil communal ? « La classe politique sambrevilloise est preneuse », assure François Plume.
1. Plate-forme communale des quartiers asbl:
– Contact : Olivier Romain, coordinateur – administration communale de Sambreville à 5060 Sambreville
(tél. : 071 26 02 29 – courriel : romain@commune.sambreville.be)
– site : www.sambreville.be/social-et-sante/pfcq