« Logements vides, vide de sens ». C’est par ce slogan que la Coordination de l’action sociale de Schaerbeek (CASS)1 a décidé de sensibiliser lespropriétaires. Objectif : leur faire confier la gestion de leurs biens locatifs à une AIS (agence immobilière sociale).
Pendant six semaines, du 20 février au 31 mars pour être précis, la CASS, regroupant le CPAS et le milieu associatif de Schaerbeek (soit plus d’une trentaine d’acteurs),mène une campagne de sensibilisation sur la problématique des logements vides. «Il n’y a pas assez de logements à prix modéré et de qualité, souligneDominique Decoux, présidente du CPAS. D’où cette campagne ‘logements vides, vide de sens’ pour inciter les propriétaires à remettre sur leur marché des logementsimproductifs. Des propriétaires ont effet eu de mauvaises expériences, certains ont le fantasme du mauvais locataire, d’autres encore pratiquent des loyers trop élevés.»
Aussi, l’élément phare de la campagne consiste à mettre en avant le travail de l’ASIS (agence schaerbeekoise immobilière sociale)2, qui gère plus de90 logements et offre un loyer sûr et ininterrompu (y compris le vide locatif), assure l’entretien et les petites rénovations du logement, ainsi que la remise en état en cas dedégâts locatifs. « Il y a donc un intérêt même si les loyers sont moins élevés », explique Dominique Decoux.
Agir sur le marché
« En multipliant le nombre de propriétaires passant par l’AIS, on table sur l’effet d’entraînement auprès d’autres propriétaires qui alors loueraient aussi moinschers et de façon durable, déclare la présidente du CPAS. Le pari est de tirer les loyers vers le bas. Actuellement, un isolé au CPAS perçoit 625 euros. Pourtrouver un logement une chambre de qualité, il est difficile de trouver en dessous de 400 euros. À ce public, il faut ajouter les petits revenus qui gagnent entre 850 et 1 000 euros.»
La proximité des bâtiments de l’Union européenne devrait également moins influer sur le marché, estime notre interlocutrice. « Beaucoup se sont prisà rêver. Les fonctionnaires de nouveaux pays adhérents sont moins fortunés que ceux de la première vague. Même s’il y a plus de fonctionnaireseuropéens, cela ne va pas noyer le marché. De plus, tous les logements ne correspondent pas au standing de ces fonctionnaires. Aujourd’hui, il y a beaucoup trop d’appartements àlouer, surtout au-dessus de 500 euros, et ils ne partent pas. Ce n’est pas un problème de manque de logements, mais un problème d’accès. Pourquoi ? Parce qu’il y a de plus enplus d’isolés célibataires, ce qui implique de bien gagner sa vie… À un moment, le marché va devoir devenir raisonnable. »
Autres enjeux
D’autres enjeux sous-tendent aussi cette campagne. Ainsi, cette action devrait-elle aussi participer à la lutte contre la dégradation des quartiers. Il a en effet unintérêt pour les personnes vivant dans le voisinage des bâtiments inoccupés, puisqu’ils en subissent les nuisances et les désagréments (état d’abandonet d’insalubrité, sentiment d’insécurité).
Un numéro de GSM unique (0498 411 644) servira à informer les propriétaires sur les primes, les AIS et d’autres dispositifs d’aide au logement. Étant donné queles différents opérateurs vont se passer le téléphone, ce dernier fera office de guichet unique. De plus, la campagne servira aussi de formation continuée sur lelogement pour les différents acteurs, puisque cela sera l’occasion de recueillir quantité d’informations sur cette problématique. Un peu comme le ferait une sorte d’observatoirelocal du logement.
Bien évidemment, le bon succès de cette opération dépend en grande partie de la volonté des propriétaires.
1. CASS, rue Vifquin 2 à 1030 Bruxelles – tél. : 02 240 30 96 – fax : 02 240 35 72 – virginie.couvreur@publilink.be
2. ASIS, av. Albert Giraud à 1030 Schaerbeek – tél. : 02 223 72 47 – fax : 02 223 73 92