L’AMO Passages, en partenariat avec la commune de Floreffe, s’est lancée dans un vaste chantier auprès de la jeunesse : comprendre ses besoins afin de mettre en place une politiquelocale de jeunesse. Pour ce faire, l’AMO a recours au travail de rue.
A m’asseoir sur un banc, cinq minutes à Floreffe. En compagnie de deux intervenantes sociales. Etre bien attentif aux mouvements, à la sortie de l’école, place de Soviret, etse fondre dans le décor. C’est la toute première étape du travail de rue : l’observation. Depuis un mois, Lise Lacroix et Sophie Berlière viennent chaque semaine observerla jeunesse de Floreffe. « A ce stade, notre travail, c’est s’imprégner d’une ambiance, c’est l’étude du milieu, on ne travaille pas que sur le jeune », affirmeSophie Berlière, alors que sa collègue se fait adepte de la pédagogie par l’exemple : « Il y a ce terrain de basket, en face de l’école, avec, juste àcôté, un panneau « Défense de jouer au ballon ». Du coup, on peut se demander si ce terrain a bien été bâti pour répondre à unbesoin. »
Encore quelques semaines et nos deux intervenantes sociales du Service d’aide en milieu ouvert (AMO) namurois Passages1 passeront à la phase active du travail de rue. Le contactavec les jeunes, la discussion et la compréhension de leurs besoins. Pour dire vrai, les jeunes de Floreffe, elles les ont déjà rencontrés, avant l’été, enleur proposant de visiter une caravane de l’AMO qui exposait des œuvres d’autres jeunes.
Ces contacts à répétition, cette étude de l’environnement et ce travail de rue, s’inscrivent dans le cadre d’un partenariat entre Passages et la commune de Floreffe. Unprojet assez vaste qui répond à une ambition : mettre sur pied à Floreffe une vraie politique de jeunesse, coordonnée et à destination d’un public plusdiversifié.
Connaître la réalité de terrain
Thierry Tournoy, le directeur de Passages explique l’option qu’il a choisie, celle du travail de rue : « C’est une méthodologie pour faire un diagnostic. C’est un outil quipermet de connaître la réalité sur un terrain donné. Grâce à ce travail, on connait mieux Floreffe, on identifie les gens et les besoinséventuels. C’est un travail de rue à visée communautaire, qui doit se transformer en projets. » Les projets, ils commencent déjà àémerger. On note que pour répondre à la demande des jeunes de développer l’accès aux « cultures urbaines », l’AMO propose une fois par mois unatelier de « graf ». C’est surtout une façon de nouer le contact avec les jeunes du coin. Autre projet qui n’a pas attendu la fin du travail de rue pour êtrelancé : la mise sur pied d’animations dans les écoles primaires sur le thème de la citoyenneté, avec comme toile de fond, la perspective de créer un conseilconsultatif des jeunes auprès de la commune.
« Avant de se lancer dans ces projets, nous avions une hypothèse de départ, nous détaille Thierry Tournoy. Il y a pas mal de choses qui se font pour les jeunesà Floreffe, mais qui touchent surtout les jeunes de familles aisées. » Pour ne pas se contenter de ce diagnostic instinctif, l’AMO s’est lancée à corps perdudans une vaste consultation de tous les acteurs concernés de près ou de loin par la jeunesse : les écoles, les commerçants, les curés, les médecins, leschauffeurs des transports en communs, etc. A partir de ce coup de sonde de l’opinion locale, des premiers constats ont été dressés : problèmes de mobilité,sur-représentation des activités pour les 6-12 ans par rapport aux 12-18 qu’on estime souvent « peu mobilisables », manque de places dans les crèches,activités qui brassent du monde, mais toujours les mêmes, et pas les plus fragilisés. Les personnes interrogées ont aussi constaté qu’il existe de nombreuxcomités de quartier ou d’associations de villages mais qui ne se coordonnent nullement.
Les premiers résultats de cette enquête vont désormais être confrontés aux impressions des jeunes, dans le cadre du « zonage », donc desrencontres en rue, qui permettront de confirmer ou d’infirmer ces résultats, voire de les compléter.
Cet état des lieux des besoins des jeunes devrait aboutir, dans quelques mois, à l’élaboration d’un cahier des charges à destination de la commune. Parmi lespropositions concrètes qui pourraient être proposées, Thierry Tournoy a déjà quelques idées : « Ce travail pourrait aboutir à lacréation d’une antenne de l’AMO Passages à Floreffe, ou à la mise sur pied d’une coordination des associations, ou encore à l’ouverture d’une maison de jeunes. Mais toutça est un peu prématuré, il faut avant tout que le travail de rue se fasse. »
1 AMO Passages :
– adresse : rue Denis-George Bayar, 32 à 5000 Namur
– tél. : 081 22 47 80
– courriel : direction@amopassages.be
– site : www.amopassages.be