Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Secondaire qualifiant : la certification par unité s'approche

Une expérience pilote de certification par unité devrait être mise en place dans l’enseignement secondaire qualifiant, en Communauté française, dès lepremier septembre 2011

03-09-2010 Alter Échos n° 300

Une expérience pilote de certification par unité devrait être mise en place dans l’enseignement secondaire qualifiant, en Communauté française, dès lepremier septembre 2011. But de l’opération : créer une culture de la valorisation des acquis et lutter contre le redoublement.

Fin juillet, le gouvernement de la Communauté française a approuvé une note organisant un projet pilote de certification par unité (CPU) dans l’enseignement secondairequalifiant. Impliquant 150 écoles et 4 000 élèves en Communauté française, ce projet concernera le troisième degré de trois secteursprofessionnels : les métiers de l’automobile, les métiers de la (grande) restauration et le métier de l’esthétique. « Ce projet est destiné àlutter contre l’abandon scolaire prématuré, en supprimant le recours au redoublement, par un système qui corresponde mieux à la culture du secteur », expliqueBaudouin Duelz, chef de cabinet adjoint au cabinet de Marie-Dominique Simonet1 (CDH), ministre de l’Enseignement obligatoire de la Communauté française.

Concrètement, les deux dernières années d’études seraient divisées en unités (de quatre à six, soit deux à trois par an, selon BaudouinDuelz) qui seront « significatives par rapport au métier ». Il ne s’agira pas ainsi de centrer toute une unité sur un seul thème mais bien de varier lescontenus de sorte à obtenir une « approche spiralée ». L’élève commencera ainsi sa première unité et devra la réussir pourpasser à la deuxième. « Néanmoins, dès la réussite de la première unité, il y aura une trace puisque l’élève recevra soncertificat de qualification où la première unité sera valorisée, continue Baudouin Duelz. C’est à notre sens plus positif et valorisant que les examens à lafin de l’année. L’élève voit mieux quel est le programme et s’il quitte avant la fin du cursus, il ne part pas sans rien, il dispose d’unités valorisables et sait ce qu’illui manque. »

Rappelons que cette initiative se situe plus globalement dans le cadre du système européen de transfert de crédits pour l’enseignement et la formation professionnelle(ECVT), visant une meilleure compatibilité entre les différents systèmes d’enseignement et de formation professionnelle dans toute l’Europe, ainsi qu’au niveaude leurs qualifications. Dans cette optique, les États membres se sont engagés à revoir, d’ici 2012, les structures et l’organisation de leurs systèmesrespectifs afin qu’à tous les niveaux du cadre européen des certifications (CEC), les citoyens européens puissent transférer, faire reconnaître et accumulerleurs acquis d’apprentissage obtenus dans les parcours d’apprentissage formels, non formels et informels.

Des systèmes de remédiation

Néanmoins, là où l’on comprend moins la nature du projet, c’est lorsque l’on parle d’éviter le redoublement. Sera-t-il tout à fait impossible de rater uneunité ? Et si un élève rate une unité, comment fera-t-il pour continuer son année et son parcours ? Devra-t-il consacrer le reste de son année à laréussite de la première unité, quitte à étaler les trois autres sur l’année suivante ? Les questions sont nombreuses, on le voit. Si Baudouin Duelz n’exclutpas qu’un élève puisse rater une unité dans certains cas, il insiste aussi sur la remédiation tout en restant un peu vague : « En cas de problème, ilfaudra que dès la première unité un système de remédiation intégré soit mis en place. Il faudra vérifier si le choix de l’élèveest bon, et vite. Il faudra faire un plan de récupération pour l’élève, dégager des plages d’individualisation. » Ce système ne risque-t-il pasd’encourager le conseil de classe à faire passer l’élève « d’office » ? « Il y a peut-être un danger, rétorque notre interlocuteur,mais il existe également dans le système actuel. »

« C’est court mais il faut avancer… »

Autre chose, cette division en unité nécessitera un petit travail, notamment en ce qui concerne la délimitation des compétences. « Nous travailleronsà ce propos en collaboration avec le service francophone des métiers et des qualifications (SFMQ) [NDLR ex-commission communautaire des professions et des qualifications (CCPQ), quisera opérationnel à la rentrée et dont le but est d’établir des référentiels communs à l’ensemble des opérateurs del’enseignement et de la formation] qui planchera en premier lieu sur le secteur de l’automobile. Mais le secteur de la restauration, par exemple, n’est pas encore programmé. Ce qui nenous empêchera pas d’avancer car si nous devons attendre, cela risque de prendre du temps… » Et du temps, la Communauté française n’en a pas puisque l’objectif estbien d’avoir un décret pour le moment où la mesure entrera en vigueur. « C’est court, mais il faut avancer… », conclut Baudouin Duelz.

1. Cabinet de Marie-Dominique Simonet :
– adresse : place Surlet de Chokier, 15-17 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 801 78 11
– courriel : marie-dominique.simonet@cfwb.be
– site : http://simonet.cfwb.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)