Certains d’entre nous ne verront pas la sortie. Et si l’on a abondamment parlé des personnes âgées, une étude britannique a montré que les plus forts taux de surmortalité concernent aussi les travailleurs de première ligne, celles et ceux qui n’ont pas eu le choix de «rester chez eux», qu’on a aussi appelés «travailleurs essentiels»: métiers du soin à la personne, chauffeurs de taxi, de bus, livreurs. Professions qui présentent les conditions de travail les plus difficiles et les statuts les plus précaires. Et qui comptent un grand nombre de femmes et de personnes de couleur.
Il y a celles et ceux dont on ne sait pas comment ils vont s’en sortir. D’autant que, pour nombre d’entre eux, la porte de sortie semble depuis longtemps fermée à double tour.
Comment vont s’en sortir les travailleurs au noir de la construction, les prostituées, les étudiants jobistes, les intérimaires, les artistes et travailleurs au projet, les travailleurs saisonniers, les parents qui ont dû arrêter de travailler pour s’occuper de leurs enfants? La liste est longue.
Il y a aussi celles et ceux qui craignent la sortie. Qui ne veulent pas sortir trop abruptement de cette «parenthèse», de cette période d’introspection.
Ou en sortir. Mais pas n’importe comment. De la petite enfance au grand âge, on veut sortir de modèles qui ont fait leur temps.
Comment (s’)en sortir enfin quand on est «sans»? Quel avenir, une fois les solutions d’urgence passées, réservera-t-on aux sans-papiers, aux sans-abri ?
S’en sortir? En sortir? (Par où) sortir ? À défaut de vous indiquer quelle direction ou issue emprunter, ce numéro s’emploiera, nous le souhaitons, à donner un peu de sens à ce déconfinement.