Lors d’un « workshop » organisé par la Commission (DG Emploi et Affaires sociales)1 à l’initiative de CSR Europe2, réseau d’entreprises européennes pour lacohésion sociale, la question du service bancaire de base pour tous a été débattue avec, à la clef, une question à l’attention des organismes bancaireseuropéens présents : Pour ou contre « une charte européenne volontaire pour un service bancaire minimum pour tous (Voluntary BBS charter) » ? Cette proposition tire son origined’une charte identique, celle de l’Association belge des banques (ABB-BVB)3, signée par les 20 plus grosses banques belges, voici bientôt 4 ans. Objectif : s’attaquer et résoudreles problèmes d’exclusion bancaire (de type refus d’ouverture de compte ou annulation unilatérale d’un compte bancaire).
Déclaration d’intention ou réalité ? Presque simultanément, Laurence van Ruymbeke, journaliste au Vif/l’Express (28 janvier 2001) relaie les propos de Antoon Van Rossum,nouveau patron du groupe de bancassurance Fortis : « Nous devons devenir meilleurs, plus rapides et moins chers (…).Qui ne nous apporte pas assez d’argent devra aller chercher son paradisailleurs. » Cette déclaration a à son tour fait réagir le ministre belge de l’Économie, Charles Picqué4, lui-même interpellé à la chambre desreprésentants sur cette question.
Il en ressort que face aux deux tendances actuellement défendues, à savoir créer une banque sociale (sorte de banque des « pauvres » gérée par les pouvoirs publics)ou contraindre les banques traditionnelles à continuer à offrir des services bancaires de base, le ministre propose pour sa part un service universel, au niveau européen, eninstaurant entre les établissements de crédit des mécanismes financiers de compensation, des banques non prestataires vers celles qui offriraient ce type de service…Serait-ce plus contraignant qu’une charte ?
En guise de conclusion, on peut se référer aux propos tenus par Marcel Gerard, professeur d’économie aux facultés universitaires de Mons, lors du colloque « Banqueéthique et Ethique des banques » organisé par le Réseau financement alternatif5 un mois plus tôt. « Les banques doivent-elles remplir des missions d’intérêtgénéral ? » se demande le scientifique avant de répondre par la négative. « Il faut par contre amener le système financier dans son ensemble à rencontrerl’intérêt général, tout en poursuivant son intérêt propre ! C’est là l’enjeu de nos sociétés d’aujourd’hui, sociétés degouvernance décentralisée ».
Sur la même problématique, il faut aussi noter l’étude commandée fin 2000 à l’Observatoire du crédit par le ministre wallon des Affaires sociales sur le »Crédit accessible aux personnes à revenu modeste »6. Il s’agit d’ici fin juin d’approfondir la connaissance sur les expériences en matière de crédit social àla consommation dans les pays limitrophes, et d’évaluer leur faisabilité en Belgique. Il faut s’attendre à ce que les conclusions mettent en évidence une grandevariété de modalités d’intervention des pouvoirs publics et de mécanismes d’implication des banques.
1 DG Emploi et Affaire sociale, Dominique Be, rue de la Loi, 200 à 1049 Bruxelles, tél. 02 295 80 57, e-mail : dominique.be@cec.eu.int
2 CSR Europe, Jan Noterdaeme, rue du Prince Royale, 25 à 1050 Bruxelles, tél. 02 502 83 54, e-mail : jn@csreurope.org
3 http://www.abb-bvb.be
4 Cabinet de Charles Picqué, Square de Meeus, 23 à 1000 Bruxelles, tél. 02 506 51 11, e-mail : charles.picqué@cab.picque.fed.be
5 Le rapport du colloque et la contribution du Professeur Gerard sont disponibles auprès du réseau Financement Alternatif, avenue Cardinal Mercier, 53 à 5000 Namur, tél.081 71 15 71, e-mail : ahlulling.rfa@skynet.be Voir également AE n°88 du 18 décembre 2000, p. 32.
6 Dans le cadre de sa politique de lutte contre le surendettement. Cab. Florence Prick, tél. : 081 32 34 11.
Archives
"Service bancaire de base : l'Europe encourage la signature d'une charte à la Belge"
serge
26-02-2001
Alter Échos n° 92
serge
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