En 2008, le Rapport bruxellois comprendra cinq parties, dont une consacrée aux contributions externes1, c’est une première. Ces contributions au nombre de sixconcernent l’emploi, le surendettement, le logement, la libéralisation du marché de l’électricité, l’inclusion sociale et les sans-abri. Elles reflètentles thèmes clés de la pauvreté à Bruxelles et indiquent les domaines dans lesquels il faut agir.
Les contributions externes qui sont présentées pour le moment uniquement sur le site de l’Observatoire bruxellois de la santé et du social2 constituent unedes parties du Rapport bruxellois sur l’état de la pauvreté tel qu’il a été conçu par les Parlementaires bruxellois lors du vote de l’ordonnancedu 20 juillet 2006 relative à l’élaboration de ce rapport. Les autres parties sont formées par le Baromètre social (annuel) et les trois autres parties quiparaissent tous les deux ans : l’approche thématique, le plan bruxellois de lutte contre la pauvreté et le compte rendu de la table ronde.
En 2007, seuls sont parus le Baromètre social et les Contributions externes.
C’est également en 2007 que paraîtra le rapport bisannuel du Service (fédéral) de lutte contre la pauvreté, la précarité et les exclusionssociales. En 2008, le rapport bruxellois complet paraîtra pour la première fois en cinq parties, comme prévu par l’ordonnance de 2006.
Ces contributions externes doivent avoir trait aux caractéristiques de la pauvreté et à la lutte contre la pauvreté, pour lesquelles, précisent les commentairesdes articles de l’ordonnance, « on ne fait pas appel aux centres de recherche universitaires mais aux observatoires et aux centres de références bruxellois et éventuellementaux fédérations de centres et de services. Ces aspects concernent, outre les revenus et l’affectation de ceux-ci, l’inclusion sociale et les sans-abri, la santé,ainsi que l’emploi et la formation, le logement, l’enseignement et la culture ».
C’est ainsi que différents organismes ont été invités à transmettre une contribution à l’Observatoire. Six d’entre eux ontrépondu à l’appel, nous vous résumons ci-dessous leurs contributions.
Évolution de l’emploi
La contribution sur l’emploi a été rédigée par l’Observatoire bruxellois du marché du travail et des qualifications (Actiris)3. On yapprend que la Région bruxelloise comptait en 2006 en moyenne 97 099 demandeurs d’emploi inoccupés (DEI), dont 69 845 étaient demandeurs d’allocations auprèsde l’Onem. Par rapport à l’année précédente, on constate une augmentation de 3 024 DEI, soit 3,2 %.
Tandis que le nombre moyen de jeunes DEI a diminué de 2,7 % par rapport à 2005, le groupe des DEI de plus de 50 ans connaît la plus forte progression en 2006 (23,9 %). Plus desix DEI sur dix le sont depuis plus d’un an.
La répartition des DEI par niveau d’études se caractérise par un nombre important de personnes peu qualifiées. En 2006, 34,3 % des DEI ont tout au plus lediplôme du secondaire inférieur et 31,4 % sont inscrits sous la catégorie « Autres études » Les personnes détenant un diplôme de l’enseignementsupérieur représentent quant à elles 12,4 % du nombre total de DEI.
Parmi les demandeurs d’emploi, les femmes sont relativement plus qualifiées que les hommes. Cela s’observe d’autant plus qu’elles sont jeunes.
En 2006, comme les années précédentes, un demandeur sur trois n’a pas la nationalité belge, soit au total 30 912 personnes. Les personnes de nationaliténon-européenne constituent 21,0 % de l’ensemble des DEI tandis que les ressortissants de l’Union des 25 comptent pour 10,8 % du total. Les groupes de nationalité non belgeles plus représentés sont les Français, les Marocains, les Italiens et les Turcs.
En ce qui concerne le chômage par commune, on peut noter des variations d’ampleurs très différentes, du nombre de DEI entre 2005 et 2006. Ainsi Saint-Josse-ten-Noode estla seule commune qui voit baisser leur nombre en 2006, avec une diminution de 1,9 % par rapport à l’année précédente, tandis que les autres communes subissent uneaugmentation allant de 1,2 % pour Woluwe-Saint-Pierre à 8,1 % pour Evere.
Si le taux de chômage global reste stable entre 2005 et 2006, on constate également toujours de grandes disparités entre les 19 communes. Le chômage reste le plus faibleà Woluwe-Saint-Pierre (9,9 %), alors qu’il est encore le plus élevé à Saint-Josse-ten-Noode (33,0 %).
Le marché locatif bruxellois du logement
Selon l’Observatoire de l’habitat de la SLRB4, les locataires qui sont titulaires du revenu d’intégration, paient des loyers inférieurs à lamoyenne des locataires. Ils habitent (68%) uniquement dans des appartements, plus petits que la moyenne (moins de 34 m2 à 34-54m2, nettement moins confortables et dans unétat moins intéressant, nécessitant plus de réparations.
Même constat pour les bénéficiaires d’allocations de chômage (le niveau de revenu étant sensiblement le même).
20 % des locataires de la Région bruxelloise sont des familles à bas revenus. Par bas revenus, on entend des ménages dont le revenu mensuel disponible est inférieurà 1 500 euros. Les familles à bas revenus paient un loyer inférieur à la moyenne régionale pour des logements de taille moyenne (54 à 84 m2)quidisposent de moins d’éléments de confort et dont l’état nécessite un plus grand nombre de réparations.
Les locataires bruxellois comprennent 13 % de familles à revenus moyens. Par revenus moyens, on entend tous les ménages disposant de revenus mensuels disponibles compris entre 1 500euros et 2 500 euros. Les familles à revenus moyens occupent des logements de plus grande taille, une proportion supérieure de maisons, de niveau de confort supérieur et enmeilleur état. Les loyers qu’elles acceptent de payer pour ce type de logement sont supérieurs à la moyenne régionale. 85 % d’entre elles sont des famillesbiparentales, leurs revenus sont supérieurs, issus pour la moitié d’entre elles, de deux revenus du travail.
Pour les ménages inscrits au 31/12/2006 comme candidats-locataires pour le logement social : 24,1 % seulement de ceux-ci bénéficiaient de revenus provenant du travail.
Par ailleurs, l’Observatoire de l’habitat constate que les locataires féminines, avec ou sans enfants, restent des groupes précaires face au marché du logement locatifbruxellois. Elles habitent des logements qui, pour compenser leur taille plus importante nécessaire pour les enfants, sont en moins bon état. Cette situat
ion s’explique par lesloyers moins élevés qu’elles peuvent payer en raison de leur niveau de revenu inférieur à la moyenne régionale des locataires bruxellois.
Surendettement
Les chiffres présentés par le Grepa (Groupe de réflexion et d’échange des praticiens de l’aide juridique et Service d’appui aux services demédiation de dettes)5 se basent sur un échantillon de 403 dossiers encodés par 10 services de médiation de dettes agréés par la Commissioncommunautaire commune durant 4 mois.
De cet encodage, il ressort que les revenus principaux se répartissent ainsi :
• 74,3 % de revenus de remplacement ;
• 25,7 % de revenus professionnels.
Les dépenses liées au logement (loyer/prêt hypothécaire, eau, gaz/électricité, autres moyens de chauffage, charges, autres) représentent 38 % durevenu moyen des ménages et les dépenses liées au ménage (alimentation, tabac, entretien du ménage, autres) représentent, quant à elles, 21,2 %. Enmoyenne, on comptabilise 6,1 dettes par dossier.
Le montant total médian de l’endettement est de 4 620 euros par ménage et de 3 844 euros par personne, mais il existe de grandes disparités dans les montants de dettesrencontrés. Un peu plus de la moitié (52,7 %) des ménages suivis par un Service de médiation de dettes bruxellois ont un montant total de dettes de moins de 5 000 euros,contre 35,9 % en Wallonie.
Les proportions par type de dettes parmi l’ensemble des dettes se présentent ainsi :
• Dettes de crédit : 29,1 %
• Dettes de logement : 20,3 %
• Dettes de soins de santé : 19,6 %
• Dettes d’alimentation : 14,5 %
• Dettes de mobilité – communication : 10,0 %
• Dettes publiques : 5,1 %
• Dettes de crèche / d’école : 1,4 %
Aide aux sans-abri
L’asbl Bico6 présente quant à elle l’action des services bicommunautaires d’aide aux personnes sans abri. On y apprend que la Région bruxelloisepeut accueillir un maximum d’environ 500 hommes, 300 femmes et 200 enfants sans-abri et qu’il existe encore environ 200 lits pour un public mixte. Il existe dans la Capitale plus de 150lieux différents de premier lieu de contact.
Un constat interpellant aussi : le nombre de femmes vivant à la rue a doublé depuis 1995 (passant de 11 % en 1995 à 23 % en 2005). Quelques chiffres aussi relvés par laFédération bicommunautaire des services d’aide aux sans-abri :
• Problèmes d’alcool (66,37 %) ;
• Graves problèmes psychiques (environ 30 %) ;
• Problèmes de logement (26 % dispose d’un logement propre, 22 % est hébergé dans une institution, 14 % vit avec quelqu’un, 18 % vit à la rue, 10 % vitdans un squat.) ;
• Revenus (32 % n’en a pas, 29 % est aidé par le CPAS, 17 % a des allocations de handicapés, …) ;
• 23 personnes sont décédées au cours de l’année 2005 (âge moyen = 46,5 ans).
On peut également trouver dans cette contribution, une série de données chiffrées et d’analyse du type de public rencontrés dans les différentscentres d’accueil de jour et de nuit, de même que dans le centre pour victimes de trafic d’êtres humains (PAG-ASA) de la capitale.
Inclusion sociale : dépasser les limites des constats
Dans leur contribution « Être sur le terrain et dépasser les limites des constats », la Fédération bicommunautaire des centres de service social et laFédération des centres de service social7 établit plusieurs constats alarmants :
“La fragilisation des personnes bénéficiant d’un petit revenu est avant tout liée au coût du logement qui dépasse souvent la barre de 50 %, voire des 60% des revenus. Vivre avec un revenu minimum d’insertion et être contraint à payer un loyer de 450 euros revient à vivre avec moins de 10 euros par jour. Les fraisliés à l’énergie finissent d’étrangler un budget déjà très serré, sans compter qu’il faut encore s’alimenter et payerdes soins de santé. La libéralisation du marché de l’énergie, effective au 1er janvier dernier, pose de façon nouvelle la question del’accessibilité à l’énergie pour les plus défavorisés. Il s’agit de garantir à chacun, dans ce contexte de libéralisation desmarchés, un accès de qualité à un bien vital et élémentaire. »
Les deux fédérations constatent par ailleurs que, dans ce contexte de paupérisation, trop de personnes n’utilisent plus leur droits. “Face à cetteévolution, il ne s’agit pas seulement, pour les travailleurs sociaux, d’accompagner les gens dans une recherche de réinsertion. Ils doivent aussi, à partir desconstats opérés sur le terrain, exercer leur faculté de dénonciation, leur capacité d’interpellation et surtout de proposition”.
Libéralisation du marché de l’énergie
La dernière des contributions présentées est celle de la CGEE (Coordination gaz-électricité-eau de Bruxelles)8. Ce groupe pluraliste est un groupe depression dont l’action a pour but de rendre effectifs les droits à l’éclairage, au chauffage et à l’utilisation de l’eau quelle que soitl’importance du revenu des utilisateurs. Dans le cadre de la libéralisation, la solution de fond pour la CGEE consiste dans le maintien des consommateurs domestiques dans le girond’un opérateur public exclusif, intermédiaire entre les consommateurs et le marché, chargé de la fourniture de ceux-ci en énergie et instaurant pour eux unetarification solidaire et progressive. Elle préconise par ailleurs que le taux minimal de TVA (6 %) déjà appliqué à l’eau doit l’êtreégalement pour l’usage domestique du gaz et de l’électricité.
On notera également un rappel intéressant des évolutions en matière de mesures sociales de l’ordonnance bruxelloise relative à la libéralisation dusecteur du gaz et de l’électricité pour les ménages entrée en vigueur le 1er janvier de cette année.
1. Observatoire de la santé et du social de Bruxelles-Capitale, Contributions externes 2007, Commission communautaire commune, 2007. Le document est téléchargeable surle site de l’observatoire : www.observatbru.be
2. Observatoire de la santé et du social de
Bruxelles-Capitale, Commission communautaire commune :
– adresse : av. Louise, 183 à 1050 Bruxelles
– tél. : 02 552 01 89
– courriel : observat@ccc.irisnet.be
– site : www.observatbru.be
3. Actiris, Observatoire bruxellois du marché de l’emploi et des qualifications :
– adresse : bd Anspach, 65 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 505 14 14
– site : www.actiris.be
4. Société de logement de la Région de Bruxelles-Capitale, Observatoire de l’habitat :
– adresse : rue Jourdan, 55-65 à 1050 Bruxelles
– site : http://www.slrb.irisnet.be
5. Asbl Grepa, Centre d’Appui aux services de médiation de dettes de la Région Bruxelles-Capitale :
– adresse : rue du Magasin 2, bte 2 à 1000 Bruxelles
– courriel : info@grepa.be
– site : www.grepa.be
6. Bico asbl :
– adresse : rue du Boulet 34 à 1000 Bruxelles.
7. FCSS :
– adresse : rue Gheude,49 à 1060 Saint-Gilles
– site : www.fcss.be
8. CGEE :
– adresse : rue Uyttenhove 7, bt 2 à 1090 Jette
– sites : www.rbdh-bbrow.be et www.cass-cssa.be
– contact :
Claude Adriaenssens, claude.adriaenssens@brucity.be