Rarement on a vu sur les réseaux sociaux, Facebook en premier, pareille déferlante de bonne volonté en faveur des « habitants de la rue », comme il convient de les appeler aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui, touchés par la détresse des SDF, se sont relayés pour sensibiliser leurs amis, communiquer les numéros de téléphone d’urgence, rassembler des tentes, etc. Et notre RTBF nationale (enfin, « fédérationnelle ») s’est inscrite dans la foulée, à grand renfort d’annonces tous azimuts avec son opération « Hiver 2012 ». Magnifique!
On aura vu aussi des CPAS, dont celui de Liège, se positionner rapidement sur la balle et mettre en place un centre d’appels. Centre d’appels dont une des premières activités a été de recontacter toutes les personnes qui ont téléphoné à la RTBF.
Voilà un phénomène révélateur d’un fait qui ne devrait surprendre personne, mais qui a d’une certaine façon étonné les hommes et femmes de bonne volonté : les infrastructures d’aides sociales existent, sont très organisées, savent comment gérer l’urgence sociale et sont bien les vrais interlocuteurs. On ne fait pas n’importe quoi en matière de solidarité, il faut bien vite passer la main aux professionnels.
La RTBF aura joué un rôle de caisse de résonance et de catalyseur. Après tout, pourquoi pas? Dès lors qu’elle s’en tient à ces rôles et que le secteur de l’aide social reste maître des opérations.
Cette vague de solidarité, et en particulier la démarche de la RTBF, n’a cependant pas manqué de suscité étonnements et réactions circonspectes. Et c’est tant mieux, un peu d’esprit critique ne peut faire de mal!
De notre côté, si Alter ne surfe sur la déferlante, c’est sans doute parce que nous observons chaque année cette poussée de fièvre venue avec le froid. Et nous continuons de suivre au printemps, en été et en automne, les hauts et les bas de la lutte contre la pauvreté.
Il semble pourtant que l’engouement solidaire soit particulièrement fort cette année. Voilà qui apparait nouveau. Et qui nous interpelle! Est-ce que les « mesures d’austérité », qui se traduisent par un rétrécissement de la couverture sociale, génèrent de la solidarité et du lien? Comme si le tissu social venait remplacer une couverture sociale qui perd de son épaisseur et un Etat-providence qui se détricote…
Voilà qui serait somme toute assez beau. Si ce n’est que, comme dirait ma grand’ tante : « C’est toujours sur les mouillés qui pleut ». Et que ce ne sont bien sûr pas les multinationales du secteur de l’énergie qui vont spontanément récréer de la solidarité…