Le 10 mai 1991, ce qu’on appelle communément les « émeutes de Forest » débutaient dans le quartier Saint-Antoine, à Bruxelles. Il a suffi qu’un contrôle de police sur un jeune du coin dégénère pour que la marmite, sous pression depuis longtemps, explose.
Émeutes, événements, turbulences, révolte, quelle que soit la qualification de cette histoire récente, elle a marqué les esprits et les corps.
Trente ans après, quelle est l’ambiance dans le bas de Forest ?
Notre magazine Alter Échos est récemment retourné du côté de Saint-Antoine. Notre équipe de rédaction viendra donc à la Librairie Par Chemins présenter l’avant-dernière édition du magazine et son dossier : Forest 1991 – Les raisons de la colère.
Les émeutes ont eu des effets. Des dispositifs de prévention ont été implémentés. Des représentants politiques issus des communautés immigrés occupent des postes clefs. Plusieurs contrats de quartier ont entraîné une rénovation des espaces et bâtiments publics. Le bas de Forest et ses habitants sont désormais observés, ethnographiés.
Cependant, la situation demeure compliquée. La gentrification est encouragée par les pouvoirs publics. Les projets immobiliers se multiplient et remplacent industries, friches et espaces verts. Le chômage est endémique, les loyers explosent, les trafics perdurent, les interventions de la police restent problématiques, notamment par les patrouilles de la brigade UNEUS (basée à Saint Gilles).
Le collectif des Madrés (Latifa Elmcabeni) qui lutte contre les violences policières apportera son expérience à partir de Saint-Gilles.
Le collectif des anciens du quartier Saint-Antoine (Abdelilah Boulahmoum, Kamal Bakkach, Abdel Farras, Anouar Ben Salama,…) sera présent pour témoigner d’un point de vue situé, des soubresauts du passé et de leurs impacts jusqu’à aujourd’hui.
“C’est difficile de dire que c’est pire qu’en 1991. C’est toute la malice du processus de destruction du lien social qui s’est mis en place depuis lors.
Le discours est aseptisé mais les processus de discrimination sont toujours présents aujourd’hui, bien que silencieux.”
Jean (prénom d’emprunt)
in C.Vallet, Saint-Antoine, quartier sous tension, Alter Echos n°493 (mai 2021), p.28