À Aywaille, un habitat passif et participatif propose une solution alternative aux habitants permanents des campings. Le projet, qui a mis du temps à aboutir, pourrait faire des petits à Durbuy et à Esneux.
Aywaille, son Monde sauvage, ses jolis sites touristiques sur l’Amblève, ses terrains de camping… et les habitants permanents de ces campings. Ils sont un peu plus de dix mille en Wallonie dont près de la moitié se retrouvent sur le territoire d’Aywaille. On comprend que la commune ait été choisie par la Région wallonne et la Province de Liège pour y faire émerger un projet tout à fait novateur en matière d’accès au logement. Il a été appelé Spirale en raison de son «développement progressif», pour reprendre l’expression de la ministre wallonne chargée de l’Action sociale, Éliane Tillieux, qui l’a inauguré en février dernier. De fait, il a été très progressif puisqu’il a mis neuf ans pour aboutir!
Spirale n’est pas seulement un projet d’habitat ciblé sur les occupants des campings et parcs résidentiels. Les quatorze maisons qui ont été construites sont des maisons dites passives. Elles ont une qualité architecturale et environnementale susceptible de générer des économies d’énergie tout en apportant une qualité de vie rarement offerte à un public précarisé comme l’est celui des habitants permanents des campings. Ces maisons ont été conçues aussi pour offrir de grands espaces de rangement, pour y habiter avec des animaux.
Construire avec les habitants
Spirale est aussi un projet participatif. Entendez par là que l’implication des habitants dans chaque étape du projet architectural a été privilégiée pour ne pas donner l’impression d’un projet imposé de l’extérieur par les pouvoirs publics. Les habitants ont été sensibilisés aux techniques nouvelles de cette architecture particulière et cet apprentissage collectif a aussi permis de renforcer la cohésion du groupe. Une démarche importante quand on sait que l’offre habituelle de logements répond rarement aux attentes des résidents permanents très attachés à leur autonomie et au sentiment de liberté que leur procure le fait de vivre dans un camping ou un parc résidentiel. Mais il est vrai aussi que le public des résidents permanents a évolué. Certains ont choisi volontairement ce type d’habitat, mais un nombre croissant d’entre eux y sont plutôt contraints, faute de trouver un logement décent à un coût abordable. Le plan «HP» (Habitat permanent) du gouvernement wallon vise à la fois à reloger ces personnes, mais aussi à empêcher toute nouvelle installation de résident permanent. Avec quelques exceptions tout de même pour certaines zones d’habitat où les résidents installés depuis longtemps pourront rester tout en ayant accès l’eau et à l’électricité. Le plan HP ne se limite toutefois pas à une forme de réaménagement du territoire. Il veut aussi aider les personnes concernées dans leur réinsertion sociale avec des allocations d’installation, un accompagnement administratif et social.
À Aywaille, les habitants sont tous locataires. Ils ont été sélectionnés (il y a sept ans déjà!) par un large comité de suivi regroupant notamment les antennes sociales des communes d’Aywaille, de Sprimont, de l’agence immobilière sociale Ourthe-Amblève et sont suivis par le CPAS de la commune. À terme, deux autres projets sont prévus à Durbuy et à Esneux, mais cette fois l’objectif sera de permettre à ces familles de devenir propriétaires de leur logement. Les pouvoirs publics devront cependant résoudre la question du coût élevé de ce logement novateur : près de deux millions et demi d’euros, à charge essentiellement de la Région wallonne et de la Province de Liège alors que le terrain avait été offert par la commune.
Nous aurons l’occasion de revenir plus en détail sur le projet Spirale et de nous immerger dans la vie de cet habitat participatif dans un prochain supplément Focales. À suivre…
Aller plus loin
Alter Échos n°365 du 13.09.2013 : Le parc du lac de Bambois, zone de non-droit