Pour rappel, à l’issue du processus d’évaluation qu’ont constitué les carrefours de l’aide à la jeunesse, la nécessité declarifier la spécificité des missions des services d’aide en milieu ouvert (AMO), leur place dans le champ de l’aide à la jeunesse et leurs modalitésd’intervention est apparue essentielle pour le cabinet de la ministre Fonck. Plusieurs documents de travail ont été rédigés en vue de modifierl’arrêté AMO. Les négociations de la dernière réunion avec des représentants du secteur (20/04) semblent pouvoir être de bon augure et apaiser lescraintes nées des premières versions qui allaient bien au-delà de simples clarifications et engendraient certains changements importants des missions des AMO. Changements dontces services n’étaient au départ pas demandeurs. Seule une augmentation de moyens était en fait réclamée.
En effet, « les réactions aux premières propositions de modifications ont été vives et critiques », souligne Pascal Rigot, président de la Fipe etdirecteur de l’AJMO à Charleroi1. Le secteur n’a pas compris pourquoi la ministre Fonck dépossédait les AMO de leurs concepts spécifiques et de leurphilosophie. L’ouverture d’esprit des différents partenaires et la qualité des négociations, insiste Pascal Rigot, ont conduit à une redéfinition desprincipes du travail AMO. Principes qui introduiront le nouvel arrêté sous forme de considérations. Yves Polomé, conseiller au cabinet Fonck2 se dit aussisatisfait de cette collaboration et cautionne « l’importance de ces principes hors d’un axe sécuritaire, points sur lesquels il a fallu entendre et rassurer le secteur».
Des principes …
Les axes prioritaires ainsi redéfinis rencontrent les spécificités et les demandes des AMO, mais quels sont-ils ?
La place des AMO dans le champ de l’aide spécialisée. Il est important de spécifier cette place par rapport à d’autres services aux pratiquessimilaires (ex. maison de jeunes). N’importe qui doit pouvoir demander l’aide de l’AMO, y compris un contrat de sécurité. Et ce, dans un cadre éducatif etpréventif, non sécuritaire et hors-mandat. Une aide individuelle peut être « sollicitée »,« demandée » (terme proposé parl’Interfédérations de l’aide à la jeunesse) par des autorités. Pascal Rigot suggère le vocable « orienté » mais « qu’importe laformulation, dit-il, tant il y a accord sur ce que cette notion sous-entend, si des balises et garde-fous définissent ce type d’interventions. Un travail avec le service d’aide àla jeunesse (SAJ) est possible s’il respecte l’arrêté de 1991 et l’arrêté AMO et s’il se fait dans un souci de prévention ». Daniel Martin, directeur de l’AMOLe passage à Namur3 souligne l’importance de ne pas mettre cependant tous les partenaires sur le même pied (SAJ, SPJ, autre organisme,…).
La priorité du travail en AMO devient l’aide individuelle, sociale et éducative et le travail communautaire. « L’AMO doit être dans une dynamiqueproactive, sortir de ses murs », insiste Yves Polomé. Les actions collectives sont désormais envisagées comme moyens et non plus comme objectifs et « se sont vuôter la pédagogie de leur projet », ce que semble regretter quelque peu Daniel Martin. Celles-ci ne seront ainsi plus définies en tant que telles dans le projetpédagogique des AMO.
Autre axe, la prévention. « Véritable bouteille à encre », comme le souligne Daniel Martin. Certes, les AMO restent des acteurs de prévention par ladynamique d’aide sociale et éducative privilégiant l’accompagnement du jeune en lien avec son environnement social et familial. La concertation intersectorielle avec lesautres acteurs concernés par l’intérêt du jeune leur garantit également toujours un rôle à jouer dans la prévention. « On parlerait deprévention spécialisée et non plus générale, mais ce concept doit être encore reprécisé, tout comme le travail de réseau. »
Yves Polomé partage « la nécessité de penser la prévention dans une concertation des moyens, des ressources des différents secteurs car celle-cin’est pas la préoccupation d’un seul secteur. Il faut la penser selon un axe intersectoriel et de concertation qui doit se conjuguer avec les réalités des AMO, quisont différentes selon qu’ils soient urbains (les services urbains foisonnent) ou ruraux (ou semi-ruraux) car leur relation avec le pouvoir communal se joue différemment».
Des questions autour de la transversalité, des collaborations locales, de la cohérence sociale, de la place des pouvoirs locaux – pour que prévention et réseau neriment pas avec sécuritaire -, de la demande et de l’accord du jeune, du soutien à la parentalité, demeurent encore au sein de l’Interfédérations, commele soulignent ses deux représentants, Daniel Martin et Pascal Rigot. Et Daniel Martin d’ajouter qu’il craint que « la liberté d’action des AMO – qui est selonlui l’essence même des AMO-, soit restreinte par ces modifications. Les acteurs sociaux doivent être libres (pas incontrôlables) et avoir une marge de manœuvre possibleen fonction de l’environnement par exemple » (voir dans ce numéro, L’aide à lajeunesse au cœur des débats de société).
Des engagements au niveau des moyens
Des moyens seront accordés. Concrètement, le passage de 3 à 4 temps pleins par équipe (catégorie 1 à 2) dès le 1er juillet est acquis.Un engagement pour un forfait de 5000 à 6000 euros par service en 2007 et une pérennisation des frais de personnel sont pris par le cabinet.
Un agenda des négociations jusqu’à la mi-juin a été établi, rythme et délai qui paraissent raisonnables àl’Interfédérations.
Des questions demeurent toutefois, ainsi que le souhait de garanties complémentaires sur les divers engagements. Entre autres, des précisions sur les frais de fonctionnement en2007-2008, la concomitance des modifications des arrêtés au passage de changement de catégorie, le fait d’un arrêté plus qu’une circulaire.
Prochaine réunion, le 8 mai, date fatidique pour une victoire ? Celle d’une concertation efficace…
1. Président de la FIPE (Fédération des institutions de prévention éducative) – tél.: 071 32 78 32 , directeur de l’AMO AJMO de Charleroi.
Représentant à l’Interfédérations – courriel: ajmorigot@tiscali.be –
site : www.amofipe.be
2. Cabinet Fonck, bd du Régent, 37-40 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 788 83 11.
3. Directeur AMO Passage à Namur, représentant ANCE (Association nationale des communautés éducatives) à l’Interfédérations.