Le suivi éducatif intensif est une mesure alternative à l’enfermement des mineurs délinquants qui sera mise en place dès la rentrée. Si cette volonté dedévelopper des mesures en milieu ouvert est saluée par le secteur, certains soulignent « la précipitation » de la ministre et demandent qu’on clarifie la place de cesnouvelles équipes.
Marquer à la culotte certains jeunes qui ont commis des faits délictueux, c’est l’idée du « suivi éducatif intensif », l’alternative aux placements eninstitutions publiques de protection judiciaire (IPPJ), voulue par la ministre de l’Aide à la jeunesse, Évelyne Huytebroeck (Écolo). Un budget de 1,45 million d’euros aété dégagé pour embaucher une trentaine d’éducateurs auprès des Services de protection judiciaire (SPJ). On sait déjà que chaque ressort deCour d’appel côté francophone – Bruxelles, Mons et Liège – accueillera des équipes. Ce suivi permettra de prendre en charge près de cent cinquante jeunespar an. Le jeune se verra imposer plusieurs conditions, comme l’obligation de fréquentation scolaire ou la participation à des activités extra-scolaires. Le respect de cescontraintes permettra au jeune d’évoluer dans son milieu de vie.
« Encadrer », « surveiller » et « aider » sont les trois grands axes de ce projet qui sera jalonné par de nombreusesentrevues entre l’éducateur et le jeune, la famille ou d’autres intervenants. Des visites imprévues ainsi que des interventions aux « moments chauds », comme le soir ou leweek-end, sont envisagées. Si le secteur de l’Aide à la jeunesse salue la volonté de développer des alternatives concrètes à l’enfermement, l’impression d’uncertain empressement de la ministre fait grincer quelques dents. Le Conseil communautaire de l’Aide à la jeunesse1 (CCAJ), par la voix de son président Guy De Clercq, évoque une« précipitation » de la ministre et des inquiétudes quant à l’absence de réelle concertation du secteur.
Un nouveau service intégré aux SPJ
Alain Lising, directeur adjoint du cabinet d’Évelyne Huytebroeck2, ne partage pas cet avis. « Nous avons rencontré l’ensemble des directeurs de l’Aide à lajeunesse et de nombreux magistrats. Un groupe de travail va être mis en place en juin pour avancer sur la pédagogie et l’organisationnel. Nous espérons commencer le projetdès le mois de septembre même si le processus de recrutement prend un peu de retard, le suivi éducatif intensif débutera bien en 2010. » Malgré cetenthousiasme palpable, Alain Lising a conscience des embûches potentielles : « La question essentielle est que cette mesure soit une vraie alternative aux placements en IPPJ, le but n’estpas d’étendre le filet, mais bien de placer moins automatiquement un jeune en milieu fermé. » Autre préoccupation, l’intégration de ces nouvelles équipes,composées d’éducateurs, au sein des SPJ. « Il va s’agir d’un nouveau service. Le taux d’encadrement sera de quatre jeunes pour un éducateur. Les éducateurstravailleront certains soirs et le week-end, les habitudes de travail sont donc différentes, il faudra que la greffe prenne. »
Cette nécessaire intégration des éducateurs au sein des SPJ est aussi soulevée par les acteurs de terrain qui posent quelques questions. C’est notamment le cas deMarc-Antoine Rion, directeur de l’Aide à la jeunesse à Nivelles3. Lui aussi estime que la ministre semble bien pressée de mettre en place ce projet. « Noussommes placés devant le fait accompli. La démarche est intéressante mais il faut prendre le temps de la réflexion. Les équipes d’éducateurs doiventêtre intégrées. On dirait que le cabinet d’Évelyne Huytebroeck hésite entre deux modèles. Soit ces équipes sont très autonomes, en ce cas, onles rend indépendantes des SPJ, soit elles sont réellement intégrées, alors ce sont bien les structures du SPJ qui coordonneront les éducateurs. Le projetprévoit pourtant l’embauche de « trois coordinateurs ». Mais dans chaque SPJ, il y a un délégué en chef. Alors quelle place aura ce coordinateur ? »
Afin de participer activement à la réalisation de ce projet, l’Union des conseillers et directeurs de l’Aide à la jeunesse compte faire une proposition concrète, cesprochaines semaines, pour que le modèle de suivi éducatif intensif s’intègre bien dans les SPJ.
1. Secrétariat du Conseil communautaire de l’Aide à la jeunesse :
– adresse : bd Léopold II, 44 à 1080 Bruxelles
– tél. : 02 413 41 88
– site : www.ccaj.cfwb.be
2. Cabinet de la ministre de la Jeunesse et de l’Aide à la jeunesse :
– adresse : place Surlet de Chokier, 15-17 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 801 75 11
– site : http://evelyne.huytebroeck.be/
3. SPJ Nivelles :
– adresse : rue Émile Vandervelde, 3 à 1400 Nivelles
– tél. : 067 64 46 42
– courriel : spj.nivelles@cfwb.be