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Regard critique · Justice sociale

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"Titres-services : voici la réponse, mais quelle était la question ?"

17-12-2001 Alter Échos n° 111

Le premier rendez-vous de ce deuxième cycle des matinées de l’économie sociale, organisées conjointement le 11 décembre par SAW, Febecoop et Syneco, aété consacré aux titres-services.
Représentants politiques et expériences de terrain ont ainsi croisé le fer sur cette mesure qui consiste à solvabiliser la demande de trois types d’activités: l’aide à domicile de nature ménagère, la garde d’enfants (hors structure collective) et l’aide aux personnes dépendantes.
Pour Denis Stokkink, du cabinet de la ministre Onkelinx, il s’agit bel et bien d’une mesure profitable à l’économie sociale, car elle couvre des secteurs où lesecteur associatif est très présent, et qui poursuit surtout un objectif « de création d’emplois de qualité. Grâce aux efforts conjoints de l’Étatfédéral, des trois Régions et de la Communauté germanophone, soit 2,5 milliards de francs belges, 3.000 emplois seront ainsi créés en 2002. »
Eric Buyssens, du cabinet du ministre Tomas (Région de Bruxelles-Capitale), et Michel Simon, du cabinet de la ministre Arena (Région wallonne), ne cachent pas, quant à eux, lesdifficultés qui retardent la mise en place des titres-services et qui tiennent aux critères d’agrément pour les entreprises. Pour la Région de Bruxelles-Capitale, ils’agit surtout de privilégier les initiatives locales, c’est-à-dire les entreprises qui embauchent via l’Orbem.
Michel Simon, quant à lui, rappelle que les accords entre les entités fédérées doivent aussi être approuvés par les autres partis de la majoritéqui composent le gouvernement wallon. Personne n’a voulu se hasarder sur une date pour la mise en œuvre des titres-services, mais l’optimisme reste de mise dans les rangspolitiques…
Les acteurs de l’économie sociale qui se sont succédé dans les panels de discussion suivants ont fait part d’avis fort partagés sur l’arrivée destitres-services.
Pour Benoît Smet, de R-Net, projet pilote entre 2000 et mars 2001 pour les chèques emploi-service1, le projet de loi sur les titres-services poursuit l’objectif de lutte contre letravail au noir. « Il serait, donc, illusoire de lui demander aussi de mettre ces services à la portée du plus grand nombre ». Le constat principal que M. Smet tire de ses 15Ùmoisd’expérience est que « l’écart entre le coût salarial et la subvention apportée par l’État, via la solvabilisation de la demande, ne permet pas decouvrir ni les frais d’investissement ni les frais structurels ».
Selon Eric Guyot, d’Age d’or Services, qui, en tant que projet pilote reconnu par la Région wallonne, fait déjà recours aux titres-services, « travailler enréseau, comme son entreprise le fait2, permet de mutualiser certains coûts et, donc, de mieux faire face aux dépenses liées aux investissements ».
_utre son de cloche chez Marie-Paule Nijskens, de l’EFT Format à Namur, pour qui les salaires propres à ces créneaux d’activités se révèlent troppeu attrayants pour des femmes qui cumulent différentes sources de revenus (allocation de chômage, heures prestées dans les ALE et travail au noir).
Pour Reine Marcelis, du Centre coordonné de l’enfance, la difficulté se situe ailleurs : le titre-service n’est pas modulable en fonction des revenus des usagers; pourcertaines personnes, le coût du service, par exemple la garde d’enfants malades, serait trop élevé. Notre public, grâce à la tarification sociale, paie enmoyenne 400-500 FB pour une journée de garde à domicile. Avec les titres-services, ce montant serait plus que doublé. »
Agnès Schiffino, de la Fédération de l’aide et soins à domicile, estime, quant à elle, que les titres-services « vont permettre à nos structures detoucher un public différent, notamment ceux pour qui l’intervention des aides-familiales se revèle être trop cher4, mais aussi de différencier leurs offres deservices. Nous répondrons présents aux titres-services par le biais de nouvelles structures dont les activités se concentreront sur l’aide de nature ménagèreet la garde d’enfants. » Reste à savoir si cet enthousiasme est aussi partagé par les autres organisations.
1 Il s’agit d’une expérience menée par l’asbl Sens à la suite de l’adhésion de Cockerill Sambre au Manifeste européen contrel’exclusion.
2 Age d’Or Services a à son actif trois antennes : à Mons-Borinage, à Nivelles et dans le Brabant wallon.
3 Le Centre coordonné de l’enfance propose surtout des services de garde collective d’enfants, ce qui explique, en partie, son faible enthousiasme pour les titres-services.
4 Les interventions des aides-familiales étant déjà subventionnées par la Région wallonne, l’usager paie en fonction de ses revenus, avec un plafondfixé à 315 BEF de l’heure.

Agence Alter

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