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Regard critique · Justice sociale

Tous à table pour une meilleure santé du public précarisé

Pour lutter contre les inégalités sociales de santé, le Centre liégeois de promotion de la santé (CLPS) a créé Rosalie : un réseauregroupant tous les acteurs concernés.

01-03-2010 Alter Échos n° 290

Les inégalités sociales de santé sont le produit de disparités structurelles en termes de logement, d’alimentation, d’emploi… Pour s’y attaquer, il s’agit d’impliquertous les secteurs touchés par ces questions. Dès lors, quoi de plus indiqué que de mettre à la même table l’ensemble des acteurs concernés ? C’est entout cas le parti pris du Centre liégeois de promotion de la santé (CLPS)1 quand il a créé Rosalie : le Réseau d’observation desréalités sociales et de promotion de la santé sur l’arrondissement de Liège.

Les ambitions affichées par le CLPS sont au nombre de trois : améliorer les liens entre professionnels de secteurs différents, adapter le mieux possible leur travail auxbesoins et attentes des populations précarisées et, enfin, faire remonter ces réalités vers les représentants politiques. « Le but est de construireensemble une vision plus complète et plus partagée des liens entre la santé des populations précarisées et les réalités sociales de la régionliégeoise, explique Chantal Leva, directrice du CLPS. Nos partenaires nous ont demandé de porter le réseau, mais chacun apporte sa pierre à l’édifice. C’est untravail de co-construction. » À l’agenda : un travail de recueil de données qualitatives et quantitatives, à partir de chacun des partenaires, afin de construireun paysage commun.

Si Rosalie constitue aujourd’hui les prémices d’un nouveau réseau, il est aussi l’aboutissement d’une dynamique initiée il y a une dizaine d’années. Petit retour enarrière. En 2002, le CLPS organise une « Première journée liégeoise de promotion de la santé », avec pour objectifs de récolter laparole des acteurs de terrain et d’élaborer les grands axes du développement de la promotion de la santé dans la province. Entre 2004 et 2007, plusieurs moments de rencontres etde réflexions rassemblent les professionnels de la région. En octobre 2008 se tient la seconde journée liégeoise de promotion de la santé. Environ 600 personnes,issues de secteurs aussi variés que le social, l’extra hospitalier, l’enseignement, la médecine préventive, la promotion de la santé ou encore la culture ontparticipé à un moment ou à un autre de ce processus. Les résultats de ces travaux ? Un ensemble de constats et de recommandations à l’attention desresponsables politiques des différents niveaux de pouvoir2.

Un point de jonction entre le terrain et le politique

Parmi ces recommandations, épinglons en deux : le souhait d’améliorer la participation des personnes précarisées pour leur permettre de se réapproprier leursanté ; la nécessité, aussi, de plus de cohérence dans les décisions politiques. Ce qui suppose non seulement une meilleure coordination entre lesdifférents niveaux de pouvoirs, mais aussi de dépasser la dispersion qui peut caractériser la prise de parole des acteurs de terrain face au politique. L’enjeu, aujourd’hui, seradonc de réussir à faire de Rosalie un véritable lieu de convergence entre les professionnels, ainsi qu’entre le terrain et le politique. Ce rôle d’interface, le CLPS estprêt à l’endosser : « Au début, on était mal à l’aise par rapport à cela, maintenant, on a compris que cet entre-deux était important,nous avons une place de médiateur », commentent Chantal Leva et Élise Malevé.

Encore faudra-t-il parvenir à passer outre les difficultés voire les stratégies institutionnelles de chacun des membres et à éviter un certain engourdissement dela dynamique. Christian Legrève, de l’Intergroupe liégeois des maisons médicales : « On avait très envie de travailler là-dessus, c’est trèsimportant pour nous. Mais on est vite rattrapé par des questions institutionnelles et donc les objectifs se diluent. Notamment parce qu’il y a des mastodontes institutionnels, parce qu’il y aun mélange d’acteurs publics et privés, ce qui est d’ailleurs nécessaire… Il y a une difficulté à partager des objectifs politiques communs. Les maisonsmédicales, si elles élaborent leurs analyses en toute autonomie, ne veulent pas non plus être un îlot : pour changer le système dans lequel on est, il fauts’inscrire dans les réalités institutionnelles ». Et d’ajouter : « Autre chose encore : dans un réseau, il faut maintenir les choses envie ! »

Enfin, si les promoteurs du réseau n’envisagent pas à l’heure actuelle la participation des usagers à ses démarches, celle-ci ne semble pas non plus exclue sur le longterme.

1. CLPS :
– adresse bd de la Constitution, 19 à 4020 Liège
– tél. : 04 349 51 44
– site : www.clps.be

2. Les actes de cette journée et les recommandations sont téléchargeables sur le site du CLPS.

Marinette Mormont

Marinette Mormont

Journaliste (social, santé, logement)

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