Rendre service au public? Une pratique du privé.
Fin mai 2016, le conseil communal d’Anvers approuve l’idée de l’échevin Fons Duchateau (N-VA): permettre aux sociétés privées de dispenser les services sociaux, dont l’aide aux sans-abri. Les mondes associatif et politique s’étranglent d’indignation. Pourtant, confier des missions publiques essentielles aux acteurs privés est une pratique répandue. Et ancienne. Depuis près de 35 ans, des bus privés arborent les couleurs de la TEC pour parcourir nos routes. Ils représentent près de 48% de l’offre publique en bus wallon (lire «TEC: à mi-chemin de la privatisation?»).
Plus récemment, des sociétés, dont certaines plus affûtées dans le gardiennage et la sécurité que l’accompagnement social, ont remporté un marché pour gérer l’accueil des demandeurs d’asile. (Lire «Marchandisation de l’accueil des demandeurs d’asile: stop ou encore?»). Avec des réussites diverses (lire «Pluie de plaintes sur Couvin»).
À Bruxelles, le gouvernement sans terres met 200 millions pour tenter à nouveau un partenariat public-privé (PPP) qui déboucherait sur 500 logements moyens (lire : «Bruxelles recherche terrains désespérément»).
La logique du privé, et ses pratiques managériales, serait-elle compatible avec tous les services publics, jusqu’au partage des savoirs dans les universités? Ou, avec un nouveau président-directeur émérite du cabinet McKinsey & Company, l’ULB abandonnerait-elle la pensée critique pour virer machine à ranking, «Université du Libre Business» (Lire «L’enseignement supérieur menacé par les lois du marché») ?
Le moindre service social serait-il une marchandise comme une autre? À débattre avec ce dossier, et une certitude: le privé qui nous rend service, c’est une affaire d’intérêt public.