Isabelle Simonis, ministre de la Jeunesse, a présenté son plan de développement d’une politique locale de jeunesse participative. Accueil bienveillant du secteur malgré des doutes sur la portée réelle d’un tel projet qui se veut avant tout… incitatif.
Fin février, la ministre de la Jeunesse Isabelle Simonis a lancé dans la discrétion l’un de ses projets phares pour les jeunes de la Fédération Wallonie-Bruxelles: le plan «de développement d’une politique locale de jeunesse participative».
L’objectif est d’encourager le développement de politiques communales de jeunesse, avec la participation des jeunes eux-mêmes, des associations de jeunesse et même, plus largement, d’associations culturelles, sportives ou environnementales. «Nous comptons d’abord élaborer un diagnostic de la situation existante dans les communes, détaille Sandrine Debunne, chef de cabinet adjointe d’Isabelle Simonis. Puis nous souhaitons rassembler les outils qui existent dans une centrale d’informations et les proposer à l’échelon local.»
«L’outil» le plus célèbre: les conseils participatifs de jeunes. Ce plan viserait à les généraliser. Ce projet, qui emprunte en partie à l’un des axes du «Plan jeunesse» – mort-né – d’Evelyne Huytebroeck, tenterait d’aller un cran plus loin par la rédaction d’une «charte», rappelant les grands principes régissant cette action locale. En attendant, des projets pilotes vont être menés dans des communes volontaires. Le budget de 50.000 euros, loin d’être mirobolant, ne laisse pas présager de grandes actions pour la jeunesse. Mais c’est un début.
Pour certains experts des politiques jeunesse, l’échelon local est certainement l’un des plus pertinents pour agir. Selon Dominique Rossion, de l’Observatoire de la jeunesse, de l’enfance et de l’aide à la jeunesse (OEJAJ), coauteure d’une étude sur le sujet, «la commune est un lieu clé. Elles sont des lieux d’innovation et de créativité. Il y a un intérêt à repenser la commune à hauteur du jeune, et pas seulement pour tout ce qui concerne l’accueil extrascolaire, mais aussi pour des enjeux liés à l’urbanisme, au territoire, à l’environnement». Afin de susciter un développement harmonieux des politiques de jeunesse, Dominique Rossion pense qu’un «cadre légal est nécessaire. Un cadre légal qui détermine les objectifs et qui devrait être basé sur la convention internationale des droits de l’enfant».
Comment infléchir des choix politiques locaux?
Côté secteur jeunesse, on observe avec attention cette impulsion politique. À la Fédération des maisons de jeunes, c’est la bienveillance qui règne. Il faut dire que cette fédération avait lancé, il y a quelques années, la campagne «Commune, jeunes admis» qui visait justement à labelliser les communes engagées dans une politique de jeunesse ambitieuse. «Nous attendions cette initiative avec impatience, car le développement de politiques locales est le bon niveau d’action à condition qu’elles soient accompagnées adéquatement, tout en y consacrant des moyens et de la méthodologie pour que ça aboutisse.»
Pourtant, une question reste en suspens: comment impulser des politiques locales de jeunesse lorsque l’on n’a aucune prise sur les communes, leur autonomie et leurs dynamiques politiques?
C’est en ce sens que nuance Pierre Evrard, directeur de la Fédération des centres et maisons de jeunes en milieu populaire: «Certes, le niveau communal est un bon niveau pour agir. Mais il n’y a pas de prise sur les communes, il faudra les séduire… avec quel incitant?» Pierre Evrard rappelle plutôt le contexte actuel de régime budgétaire qui frappe les pouvoirs locaux: «Concrètement, les communes ont de moins en moins de moyens. Certaines communes finançaient les locaux ou assumaient les charges que devaient payer les associations. Souvent, elles ne le font plus.»
Au cabinet d’Isabelle Simonis, on affirme que cette politique implique de très près les ministres en charge des pouvoirs locaux… et que l’objectif est avant tout d’inciter et d’accompagner.
Fil infos, «Web Radio Mobile: des jeunes sur la même longueur d’onde», Margo D’Heygere (st.), 3 avril, 2015.