La réforme de la Commission communautaire des professions et des qualifications (CCPQ) est un des gros chantiers de cette législature. Les travaux de cette instance ne seront plusseulement destinés à l’enseignement qualifiant mais désormais également applicables à l’ensemble des opérateurs de formation.
Cela demande bien sûr un dialogue approfondi entre l’école (communautarisée) et la formation professionnelle (régionalisée). D’oùl’intérêt des propositions « formulées d’initiative » par les interlocuteurs sociaux wallons (employeurs et syndicats), réunis au sein du Conseiléconomique et social de la Région wallonne (CESRW)1.
Depuis le début de ses travaux en 1996, la CCPQ a produit 170 profils de formation sur la base desquels les nouveaux programmes de l’enseignement qualifiant ont étéredéfinis. Syndicats et patrons y sont associés. Mais d’autres lieux de définition des métiers existent en parallèle comme le consortium de validation descompétences ou le répertoire « référentiels emploi métier » en cours de constitution au Forem.
Le CESRW souligne les dérives de cet éclatement et notamment les incohérences dans les définitions d’un même métier. Les interlocuteurs sociauxappellent donc à créer un « lieu unique », un « Observatoire des métiers et des qualifications ». Pour mieux signifier la nécessité derupture avec la CCPQ ? Après avoir rappelé les « impacts positifs » de cette dernière (dialogue entre l’école et le monde du travail, mise à platdes profils de qualification…), le CESRW souligne l’absence d’unification méthodologique des travaux de la CCPQ, de suivi de l’application des profils dansl’enseignement (notamment en matière d’évaluation), de retour du terrain vers la CCPQ…
Les organisations de travailleurs et d’employeurs déplorent aussi avoir été, parfois, « confrontés à des métiers peu présents dans lesentreprises, à des profils qu’il ne revient pas à l’enseignement de former ou encore à des niveaux d’exigence sous ou surestimés ». Le CESRW pointeenfin les difficultés liées au « statut de détachés de l’enseignement » de l’équipe de la CCPQ.
La nouvelle instance unique que le CESRW appelle de ses vœux devrait dès lors « définir et gérer un répertoire des métiers et emplois » : lesprofils de qualification « dont la production est impérativement validée par les seuls interlocuteurs sociaux, notamment sectoriels ». Autre garantie que ces derniersveulent obtenir : « garder la maîtrise sur les volets classification des fonctions et rémunération » (au travers des conventions collectives de travail).
Le mode de fonctionnement que le CESRW propose découle en partie des critiques formulées sur la situation actuelle : transparence et lisibilité des travaux,méthodologie unique et rigoureuse, suivi régulier, actualisation de la production, évaluation du fonctionnement, indépendance de ce nouveau lieu et de son équipevis-à-vis des opérateurs de formation (et donc son détachement de l’enseignement)…
Les profils de qualification (ou métiers) devraient être obligatoirement utilisés par tous les opérateurs (enseignement, formation, orientation, insertion…).Qu’en est-il des profils de formation, actuellement différents selon les opérateurs ? Le CESRW avance l’idée de les faire avaliser par tous les acteurs au traversd’une « plate-forme de concertation », « les interlocuteurs sociaux se prononçant uniquement sur la correspondance du profil de formation avec le(s) profil(s)métier(s) ». Tout cela doit déboucher « à terme » sur l’utilisation d’ « un seul profil de formation commun pour un intitulé demétier équivalent « .
Des propositions encore à négocier… Le Conseil de l’éducation et de la formation (CEF) planche de son côté sur son propre avis. Et il faudra encorepar la suite un accord de coopération entre Communauté française, Région wallonne et Cocof. Autant dire que le timing prévu dans le Contrat pour l’Ecole (uneCCPQ « redéployée » opérationnelle en 2006) ne sera pas respecté !
Le CESRW demande aussi d’assurer « l’articulation et la cohérence par rapport aux travaux européens, fédéraux et des autres régions ». Auniveau européen, va être instauré un « cadre des qualifications » qui consiste en une sorte « d’outil de traduction » entre les différentssystèmes d’éducation et de formation nationaux. Mais l’enjeu n’est pas seulement une compatibilité entre États mais également entreopérateurs, secteurs et niveaux : de l’école obligatoire à la formation professionnelle pour adultes en passant par l’université. D’où lanécessité de mettre en œuvre de « cadres de qualification » par État.
L’accord de coopération du 27 mars dernier instaure à cet égard un groupe de haut niveau réclamé par le CEF dans ses avis 93 et 94 et dont il assure lesecrétariat. La CCPQ « redéployée » devrait constituer l’essentiel de la mise en œuvre de ce cadre national francophone (encore à négocieravec la Flandre pour le faire monter ensuite au niveau européen) .
Voir : www.cfwb.be/cef/