Le secrétaire d’Etat bruxellois au Logement, Christos Doulkeridis (Ecolo), entend assainir le secteur. Il veut notamment que l’attribution d’une habitation sociale se fasse désormaisà durée déterminée et a obtenu l’accord de ses pairs en ce sens. Mais son homologue flamande Freya van den Bossche (SP.A) voit les choses d’un autre œil.
« La Région bruxelloise est parfaitement capable de se réformer elle-même pour aller dans le sens d’une gestion plus rationnelle », telle est en substance la teneurdu discours que le secrétaire d’Etat bruxellois au Logement, Christos Doulkeridis (Ecolo) a tenu dans une interview au quotidien flamand De Morgen. Il a évoqué plusieurspistes de réformes du logement social, dont certaines sont déjà sur les rails. C’est ainsi qu’il s’est déclaré étonné d’entendre plaider BenoîtLutgen, dans son discours d’investiture à la présidence du CDH, pour que les attributions de logements sociaux se fassent désormais pour une duréedéterminée. « Car c’est une proposition qui a déjà été acceptée par le gouvernement bruxellois, dont le CDH fait partie. En juillet, nousavons décidé que les nouveaux locataires ne se verraient plus proposer que des contrats à durée déterminée. C’est une mesure qui n’existe ni en Flandre ni enWallonie. »
Renseignements pris, si la Flandre n’a pas encore suivi c’est parce que, pour la ministre compétente, la socialiste Freya van den Bossche, il s’agit d’une fausse bonne idée. Ellen’envisage pas de supprimer la sécurité de logement dont jouissent actuellement les locataires de logements sociaux. « Confisquer le logement de certaines personnes parce queleurs revenus se sont améliorés, ce serait créer un énorme piège à l’emploi. Ce serait la meilleure manière de décourager les gens de chercherdu travail. Par contre, ce que nous faisons dans ces cas-là, c’est augmenter le loyer. Cela permet aux sociétés de logement social d’augmenter leurs revenus afin de pouvoir enfaire plus pour les revenus les plus bas. C’est l’un des moyens dont nous disposons pour garder des prix acceptables pour ces logements », déclare-t-elle. Elle voit aussi uneseconde raison de laisser les choses en l’état : celle de la viabilité des quartiers sociaux. « Ce sont les gens qui restent longtemps dans un même logement social quirendent ces quartiers vivables et qui renforcent le tissu social. Ils finissent par bien connaître le quartier et les gens. Nous préférons créer un mélange socialque des ghettos qui concentreraient des problèmes de pauvreté. »
Fusionner les sociétés de logement
Christos Doulkeridis fait également d’autres propositions, dont celle de diminuer le nombre de sociétés de logement social. Elles sont actuellement trente-trois enRégion bruxelloise pour gérer quelque 38 000 maisons et appartements. Parmi ces sociétés, certaines ne gèrent que quelques dizaines de logements alors que laplus grande en compte plus de 3 500. « Nous sommes bien conscients qu’il faut rationaliser tout cela », explique le secrétaire d’Etat. « Non pas pourfaire plaisir à une communauté ou à tel ou tel parti politique mais pour des questions de bonne gestion. » Exemple : selon lui, toutes les sociétés n’ontpas besoin de disposer d’un architecte ou d’un ingénieur à plein temps : « On pourrait très bien faire appel aux mêmes gens lorsque plusieurssociétés de logement social arrivent avec des projets de construction ou de rénovation en même temps », explique-t-il.
Les choses se mettent déjà en route en ce sens. Les nouveaux contrats de gestion que la Région conclura avec les sociétés de logement social prévoirontpar exemple que les sociétés auront droit à du personnel supplémentaire lorsque leur portefeuille dépassera les 2 500 logements. 2 500, c’est la moyennequ’il espère atteindre à Bruxelles par société alors que, en Flandre et en Wallonie, les moyennes sont respectivement de 1 567 et 1 477. Cela reviendraità réduire, par fusion, le nombre d’acteurs du secteur de moitié. On parle toutefois ici d’objectifs, et le secrétaire d’Etat compte soumettre ceux-ci à sescollègues du gouvernement bruxellois dans les prochains mois. Il est optimiste et ne s’attend pas à beaucoup d’opposition de la part des communes. « La politisation dulogement social à Bruxelles, c’est du passé. Il y a désormais des règles très strictes, avec une liste d’attente établie selon des critères stricts etvérifiables, de telle sorte que toute intervention du politique est devenue impossible. »
d’après De Morgen et De Standaard