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Un manifeste pour l'accueil des enfants handicapés dans l'enseignement ordinaire

Pour la Ligue des droits de l’enfant, l’accueil des enfants handicapés ou malades au sein des écoles dites « ordinaires » est inéluctable etsouhaitable. Pour l’amélioration globale de l’enseignement au bénéfice de tous les enfants.

19-10-2007 Alter Échos n° 238

Pour la Ligue des droits de l’enfant, l’accueil des enfants handicapés ou malades au sein des écoles dites « ordinaires » est inéluctable etsouhaitable. Pour l’amélioration globale de l’enseignement au bénéfice de tous les enfants.

À quelques jours de la prochaine rencontre entre la ministre-présidente en charge de l’Enseignement obligatoire, Marie Arena, et les représentants des 35 associations dela plateforme « Accueil des enfants malades et handicapés à l’école », il est sans doute utile de se demander, plus généralement, quelle placenotre société accorde-t-elle aux personnes handicapées ? Dans l’espace public, dans les entreprises, dans les écoles… « Plaider pourl’intégration des enfants malades et handicapés dans les écoles est un projet politique. C’est en rendant l’école équitable que nous construironsune société équitable », insiste Jean-Pierre Coenen, président de la Ligue des droits de l’enfant1.

Pour l’instant, les derniers chiffres collectés par les associations sont loin de tendre à cette équité : en Communauté française, on compte 32 000enfants inscrits dans l’enseignement spécialisé et 1 200 enfants souffrant d’un handicap ou d’une maladie chronique intégrés « de manièresauvage » dans l’enseignement ordinaire. Car selon la loi, ces enfants devraient préalablement être inscrits dans l’enseignement spécialisé pendant troismois avant qu’un encadrement spécifique soit financé dans l’ordinaire pour leur accueil. Dans les faits, cela signifie le plus souvent que l’enfant doit quitterl’enseignement ordinaire, aller passer un trimestre dans une école spécialisée, avant de retourner dans sa première école.

« Mais les trois mois se transforment généralement en une année complète, si bien que la majorité des parents préfèrent contourner cettemesure et seuls 200 enfants suivent effectivement ce parcours », explique Jean-Pierre Coenen. Pour les associations, l’une des solutions serait la double inscription de l’enfantafin qu’il puisse être comptabilisé dans les deux types d’enseignement, et « la mise à disposition des ressources de l’enseignementspécialisé directement au service du projet au sein de l’école ordinaire ».
En réponse à cette revendication, la ministre Arena s’est montrée « a priori favorable à la double inscription », mais a souligné le dangerqu’il y avait à faire de l’enseignement spécialisé « un organisme agissant en ressource lors de toutes les situations d’apprentissage difficile, lesmoyens a priori mis à disposition du suivi des élèves avec handicap ou maladie risquant de se voir dilués dans un ensemble indéfini de situationsproblématiques ».

Une convention bienvenue

Quoi qu’il en soit, dans un avenir proche, la Communauté française risque bien de se voir dicter la marche à suivre en termes de scolarité des enfantshandicapés. La Belgique a en effet signé la Convention internationale de la personne handicapée et même si elle doit encore être ratifiée par lesdifférents parlements pour entrer en vigueur, elle s’imposera inéluctablement à moyen terme. Dès que le texte sera applicable en Belgique, plus aucune écolene pourra légalement refuser l’inscription d’un enfant sous prétexte de handicap. Est-ce à dire que le plaidoyer de la plateforme devient obsolète ? Ce seraitévidemment simpliste de le penser. « Notre objectif n’est pas l’inclusion à tout prix. Scolariser des enfants dans des écoles qui ne sont pas adaptéesirait à l’encontre de notre ambition », précise encore Jean-Pierre Coenen. « Nous devons construire un projet où l’enfant tient une place centrale. Queltype d’enseignement veut-on lui offrir, avec quels moyens ? L’aspect financier est important, mais il ne faut pas en faire la préoccupation principale ».

Pour appuyer son raisonnement, Jean-Pierre Coenen prend en exemple le système scolaire finlandais réputé pour son équité, où les dépenses parenfant sont assez semblables à celles de la Belgique avec des résultats scolaires parmi les meilleurs au monde, comme l’atteste le dernier rapport Pisa del’OCDE2. Car pour les organisations de la plateforme, l’accueil des enfants atteints de handicaps ou de maladies chroniques dans l’enseignement dit « ordinaire» contribuera à l’amélioration globale de l’enseignement grâce au renforcement de l’encadrement dans les écoles. En filigrane, les revendicationsvisent une meilleure formation des enseignants avec la prise en compte des difficultés spécifiques des enfants. Qu’ils souffrent d’un handicap ou non.

« À certains égards, le système scolaire tel qu’on le connaît aujourd’hui s’apparente à un jeu de massacre. L’écoles’octroie une mission de sélection que personne ne lui a donnée. Quand on voit qu’en Communauté française, 34% des jeunes sortent de leur cursus sansdiplôme, que nombre d’enfants issus de milieux socioculturels défavorisés sont dirigés vers des écoles de type 83, que 75% des enfantsd’ouvriers n’accèdent pas à l’université, il nous paraît urgent de penser l’école autrement », souligne-t-on à la Ligue desdroits de l’enfant.
La ministre Arena s’est d’ores et déjà montrée réceptive aux différentes propositions d’actions de la plateforme et attend de prendre connaissancedu rapport du Conseil supérieur de l’Enseignement spécialisé avant d’organiser une nouvelle rencontre avec les représentants des différentesassociations. Elle devrait se tenir début novembre 2007.

Outil pédagogique

Les services d’Evelyne Huytebroeck, ministre bruxelloise de l’Aide aux personnes (Écolo), de Marie-Dominique Simonet (CDH), ministre de l’Enseignement supérieur de laCommunauté française, et de Marie Arena, ministre-présidente de la Communauté française (PS), ont développé un outil pédagogique permettant demieux accueillir des jeunes en situation de handicap dans l’enseignement ordinaire.

Un millier de guides des bonnes pratiques ont ainsi été distribués, sous la forme d’un cédérom, aux écoles de l’enseignement primaire, secondaire etsupérieur de la Région bruxelloise, mais aussi aux associations de personnes handicapées et aux services d’accompagnement.

Forum et expo-animations

Afin de pouvoir échanger expérience
s, conseils et témoignages sur cette thématique, Evelyne Huytebroeck, ministre bruxelloise en charge de l’Aide aux PersonnesHandicapées, invite les écoles francophones de Bruxelles (élèves, direction et enseignants) à un double événement, un forum et des expo-animations. Leforum (le 24 octobre) a pour but de démystifier l’intégration scolaire d’enfants présentant une « différence » et de valoriser la mission des servicesd’accompagnement de la Région bruxelloise qui jouent un rôle primordial dans le processus d’intégration scolaire. Ce sera également l’occasion de revenir sur les outilsdéjà mis en place pour faciliter l’intégration des enfants handicapés dans l’enseignement ordinaire. Il s’adresse aux directions d’établissements de l’enseignementprimaire et secondaire de la Région bruxelloise, aux membres du Pouvoir organisateur, aux enseignants, et aux associations de parents.

Les expo-animations (les 24, 25 et 26 octobre) sont constituées d’une série d’animations ludiques (parcours, mises en situation, ateliers, expositions, témoignages…)proposées par des associations. Elles s’adressent à des groupes d’enfants de l’enseignement primaire accompagnés de leur(s) instituteur/trice(s) afin de les sensibiliser auxdifférents handicaps que peuvent présenter certains enfants.

Le Forum se tiendra le 24 octobre et les expo-animations les 24, 25 et 26 octobre à l’Abbaye de Forest. Ils sont organisés avec l’aide d’AMT Concept et des Servicesd’Accompagnement de Bruxelles.

Renseignements : 02 517 14 31
Plus d’infos sur le cédérom : cabinet Huytebroeck, rue du Marais, 49-53 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 517 12 00.

1. Sur les états généraux de l’intégration scolaire :
consulter le site http://www.ligue-enfants.be

2. Programme international pour le suivi des acquis des élèves organisé par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique).

3. La Communauté française organise huit types d’enseignement spécialisé pour les enfants atteints de handicaps, hospitalisés ou atteints de troublesparticuliers. Le Type 8 est adapté aux enfants présentant des troubles instrumentaux.

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