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Un million et demi de pauvres

L’Université d’Anvers (UA) vient de sortir son  » Livre annuel sur la pauvreté et l’exclusion sociale  » et, comme chaque année, celui-ci fait apparaîtreau grand jour quelques inquiétantes évolutions sociales. Ainsi, 4 à 6 % des Belges qui ont un emploi se retrouvent malgré tout sous le seuil de pauvreté,fixé à 772 euros par mois pour un isolé. Le nombre croissant de chômeurs de longue durée est lui aussi une préoccupation : quatre demandeurs d’emploiflamands sur dix chôment depuis plus d’un an, dont la moitié depuis plus de deux ans. Enfin, le coût croissant de l’énergie a également desrépercussions sociales.

14-12-2005 Alter Échos n° 199

L’Université d’Anvers (UA) vient de sortir son  » Livre annuel sur la pauvreté et l’exclusion sociale  » et, comme chaque année, celui-ci fait apparaîtreau grand jour quelques inquiétantes évolutions sociales. Ainsi, 4 à 6 % des Belges qui ont un emploi se retrouvent malgré tout sous le seuil de pauvreté,fixé à 772 euros par mois pour un isolé. Le nombre croissant de chômeurs de longue durée est lui aussi une préoccupation : quatre demandeurs d’emploiflamands sur dix chôment depuis plus d’un an, dont la moitié depuis plus de deux ans. Enfin, le coût croissant de l’énergie a également desrépercussions sociales.

Le rapport de l’UA émane plus précisément de l’Oases (Onderzoeksgroep Armoede, Sociale Uitsluiting en de Stad) et a été coordonné par leprofesseur Jan Vranken. Selon ce rapport, 15 % des Belges, soit un peu plus d’un million et demi de personnes, vivent désormais sous le seuil de pauvreté dans notre pays. Unegrande partie d’entre elles émarge au CPAS, le revenu d’intégration étant fixé à 625 euros par personne, soit environ 150 euros sous le seuil depauvreté. Mais les clients du CPAS jouissent souvent de certains avantages auxquels les salariés pauvres ne peuvent pas prétendre, comme une aide pour les frais de chauffage. Etdésormais, avoir un travail et un revenu n’est plus toujours suffisant pour échapper à la précarité. Les enquêteurs de l’UA relèventdifférentes raisons possibles : professions mal payées, mais aussi situations familiales difficiles (familles nombreuses avec un seul revenu), travail à temps partiel non choisi,etc.

Les auteurs attirent également l’attention sur le rôle de plus en plus difficile des CPAS, qui constituent le dernier filet de sécurité, pour tous les cas que lespolitiques publiques en matière d’emploi, de logement, d’enseignement ou de formation n’arrivent plus à régler, ainsi que pour des défaillances de lasociété en général : surendettement dans un contexte où l’on incite constamment à la surconsommation, par exemple. Les travailleurs des CPAS sont deplus en plus souvent amenés à devoir à la fois aider et contrôler, un mélange de genres qualifié de  » combinaison paradoxale  » par les auteurs.

D’autres chiffres : un quart des gens dont le diplôme le plus élevé a été acquis dans le secondaire inférieur se trouve sous le seuil depauvreté ; neuf familles pauvres sur dix ne peuvent pas se permettre d’achats d’électroménager ; 104.000 personnes ont fait appel aux banques alimentaires en 2004, unchiffre qui augmente chaque année.

Le rapport insiste aussi sur les problèmes en matière de fournitures en énergie (en partie liés en Flandre à la libéralisation du marché del‘électricité, qui y est déjà effective). 2.251 familles se sont vu couper l’électricité en 2004 en Flandre. Là aussi, les CPAS sontamenés à faire le grand écart entre aide et contrôle : dans les commissions locales d’avis (« lokale adviescommissies ») au sein desquelles ils siègent àcôté des fournisseurs d’électricité, les représentants de l’aide sociale doivent décider s’il est opportun de supprimer la fourniture pourtel ou tel mauvais payeur. L’organisation Welzijnszorg plaide pour une livraison minimale de 6 ampères à ceux qui sont dans l’impossibilité de payer leurs factures.Pour les assistants sociaux, 12 ampères serait un minimum absolu plus acceptable dans le cas de familles.

Quelles solutions apporter à tous ces problèmes ? Sur le plan du logement, le professeur Vranken plaide pour l’introduction d’allocations loyer, un système quifonctionne bien depuis des années aux Pays-Bas selon lui. Pour le reste, il estime que l’enseignement devrait accorder davantage d’attention aux plus défavorisés etque, sur le marché du travail, une réduction de charges sur les plus bas salaires, accompagnée d’un effort équivalent des employeurs, aurait certainement un effetpositif.

D’après De Morgen, De Standaard et Gazet Van Antwerpen

Pierre Gilissen

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